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« Front social »: une riposte en marche

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Lien publiée le 27 juin 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=6195

Suite aux manifestations organisées le 19 juin dernier à l’initiative du Front social, qui ont compté 20.000 personnes dans 34 villes, nous avons demandé à Laurent Degousée, de SUD Commerce et membre du collectif d’animation, son point de vue.

Comment s’est constitué le collectif Front social ? Qui en est membre ? Est-ce qu’il s’est élargi ?

Le Front social est le précipitée de la lutte contre la loi Travail : après la relative réussite, eu égard à la coupure estivale, de la manifestation du 15 septembre 2016 qui venait après plus de quatre mois de mobilisation et en dépit de l’adoption à la schlag de la dite loi, plusieurs équipes CGT et Sud se sont demandés au nom de qui l’intersyndicale avait sonné la fin de la contestation.

Les initiateurs sont, côté CGT, Goodyear et Info’Com, qui s’est fait connaître avec ses affiches incisives, et SUD Poste 92 ainsi que le site d’information alternatif Bellaciao et la compagnie Jolie Môme.

Les deux meetings, organisés dans leur théâtre à Saint Denis les 15 décembre 2016 et 16 février 2017, ont regroupés plusieurs centaines de personnes et de secteurs en lutte dont la CGT Energie Paris, celle de l’hôpital de Wattrelos et notre organisation. Lors du dernier, une manifestation parisienne a été annoncée pour le 22 avril, un Premier tour social inédit qui a attiré plus de 2.000 personnes. L’idée était mûre pour la pérenniser sous la forme d’un Front social, qui a fait sa première apparition au défilé parisien du Premier mai, avec un profil combatif, sans consigne de vote pour le second tour, perçu comme une source de division entre militants, mais sans tracer pour autant un trait d’égalité entre Macron et le FN. Puis ce fut la première manifestation du quinquennat Macron dès le 8 mai avec près de 10.000 personnes entre République et Bastille ainsi que dans quelques autres villes, dont le succès a été amplifié par un écho médiatique considérable.

Quels sont ses objectifs et ses principaux mots d’ordre ?

Notre ambition est de favoriser l’unité d’action entre tous les secteurs en lutte, à commencer par ceux qui se sont retrouvés dans la chaleur de la bagarre pour le retrait de la loi Travail puis contre l’emprisonnement des Goodyear : outre les équipes syndicales combatives, on retrouve la jeunesse, de Nuit Debout au cortège de tête, mais aussi l’ambition de l’élargir à celle des quartiers populaires, qui subit quotidiennement la répression policière à laquelle les syndicalistes ont été confrontés pendant la mobilisation, et les habitants des ZAD.

S’unir pour ne plus subir, telle est notre devise. Face au rouleau compresseur Macron, il nous faut construire un rapport de force conséquent en retrouvant le meilleur de nos luttes sociales, quand la rue imposait son programme au pouvoir, quelque il soit, comme en 1936 ou en 1968. Comme il est écrit à l’arrière de nos t-shirts, « C’est dans la rue que ça se gagne ! »

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Comment vois-tu la construction de la mobilisation contre la seconde loi Travail, celle du gouvernement Macron ?

La page Facebook Luttes invisibles, alimenté par un membre de notre collectif, recense de manière exhaustive, en particulier à travers la lecture de la presse quotidienne régionale, les conflits du travail en cours. Elle montre que les grèves, souvent longues et gagnantes, sont en constante augmentation, à rebours des discours de certains dirigeants syndicaux sur l’atonie des salariés que l’élection de Macron aurait accentué. On connaît aussi une envolée des plans de licenciements collectifs, que ce soit dans l’industrie (Whrirlpool, GM&S) ou l’habillement (Vivarte, Tati) qui poussent ces derniers à se battre.

Le problème est non seulement que cette combativité ouvrière est éclatée mais que les confédérations s’enferrent dans une concertation avec le gouvernement sur la loi Travail XXL plutôt que d’organiser la lutte : Macron à son calendrier, où est le nôtre ? La CGT, bousculée par sa base et notre dynamique, organise une semaine de mobilisation fin juin contre les futures ordonnances Macron : des diffusions de tracts devenus des événements revendicatifs à part entière, des actions prévues de longue date par les chômeurs et les retraités agglomérées entre elles pour faire mouvement, quelques rassemblements régionaux à des dates différentes… Mais ça n’est pas encore à la hauteur de la situation alors qu’on a besoin d’une journée de grève nationale interprofessionnelle au plus vite.

Quels sont les principaux dangers de cette nouvelle loi ? Que faut-il mettre en avant pour convaincre les salariés de se mobiliser ?

Macron se contente, pour commencer, de pousser les feux des lois antisociales que nous a légués le quinquennat de Hollande : loi de sécurisation de l’emploi (LSE) avec la facilitation des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), fusion des instances représentatives du personnel quelque soit la taille de l’entreprise après avoir fragilisé le CHSCT avec la délégation unique du personnel (DUP) élargie de Rebsamen, lois Macron puis El Khomri qui ont malmené les prud’hommes et la hiérarchie des normes.

Il veut avant tout obtenir rapidement une victoire symbolique pour dérouler le reste de sa politique qui vise ni plus n moins à remettre en cause notre modèle de protection sociale en fragilisant la sécurité sociale par la fin des cotisations chômage et maladie, l’étatisation et l’élargissement de l’assurance chômage accompagnés d’un flicage accrue des intéressés et la mise en place de la retraite par points.

Denis Kessler, ex n° 2 du MEDEF, avait, via la « refondation sociale » impulsée par le patronat en 2000, dévoilé cette feuille de route qui vise à « défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance  » : 15 ans après, ils sont en passe d’y parvenir, pousser en cela par les politiques structurelles de l’Union Européenne.

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Comment se passent les relations avec les organisations syndicales au sein du collectif ?

Les membres du collectif d’animation, constitué pour le moment des initiateurs et des premiers soutiens de la démarche, se connaissent bien pour avoir déjà travaillé ensemble par le passé en dépit de leur différence de culture syndicale. Il doit être davantage féminisée et reflété un éventail syndical plus large.

Une réunion trimestrielle d’une coordination nationale entre membres et collectifs locaux est prévue. Un Front social parisien va aussi être lancé le 27 juin pour décentraliser la dynamique et ne pas être confondu avec le collectif national.

Quels sont les débats qui traversent le Front social ? Quelles étaient les positions défendues lors de la dernière assemblée générale ?

Le 10 juin dernier, près de 500 participants ont participé à la rencontre organisée à la Bourse du travail de Paris dont 30 organisations représentées sur la centaine que comptait alors le Front social ˗ et une quarantaine d’autres venues en observatrices ˗ ainsi que les deux tiers des 25 collectifs locaux dénombrés à cette date.

Le contenu des futures ordonnances visant à « réformer » le Code du travail a été présenté ainsi que le calendrier. En réponse, la nécessité de préparer le blocage du pays à la rentrée fait l’unanimité. La solidarité avec les luttes était omniprésente avec la venue d’une délégation de grévistes de l’usine MATT dans l’Aisne, du Campanile Tour Eiffel, ou contre la répression subie par Antonin Bernanos.

Nous avons aussi convenu que les organisations politiques ou leurs militants avaient toute leur place dans le Front social mais uniquement au niveau local et en soutien. Un manifeste est en cours de finalisation mais il faut reconnaître que beaucoup de participants projettent sur le Front social davantage de ce qu’il en mesure de faire, tout du moins à ce stade. Nous savons également que nos adversaires vont tout faire pour juguler la contestation, entre autre par l’introduction dans le droit commun des mesures liées à l’état d’urgence.

Depuis, la liste des organisations membres du Front social ne cesse de s’allonger, avec une prééminence de structures syndicales locales et d’associations comme ATTAC. On dénombre désormais une quarantaine de collectifs locaux dont certains vont recevoir notre visite cet été et que nous appelons à multiplier. Nous invitons également à rejoindre toutes les initiatives syndicales, localement comme nationalement, qui seront prises d’ici là, dont la manifestation prévue devant l’Université d’été du MEDEF le 30 août prochain à l’initiative de Solidaires. Nous préparons aussi un défilé national des luttes sociales le 14 juillet à Paris. Enfin, il faudra faire front partout le 20 septembre prochain, jour de la présentation des ordonnances au Conseil des ministres !