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Montargis: application du "permis de tuer" des flics
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les flics ont donc tué un homme alors qu'il n'y avait strictement aucune menace sur leurs vies. Par contre, ils ont mis en danger la vie des passants autour. Mais désormais, les flics ont le droit de tuer un automobiliste qui veut échapper à un contrôle si ils pensent qu'il peut constituer une "menace" ! Bref, un permis de tuer.
Samedi, la police a ouvert le feu sur un homme menaçant qui refusait d'obtempérer et a tenté de fuir dans son véhicule.
Un homme de 48 ans est mort, samedi, en fin d’après-midi, tué par des tirs policiers alors qu’il tentait, en voiture, de se soustraire à une interpellation. Le drame survenu à Châlette-sur-Loing (Loiret), près de Montargis, pourrait bien devenir un cas d’école judiciaire, l’un des tout premiers depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi élargissant le cadre de la légitime défense pour les policiers.
Le parquet local, appuyé par l’Inspection générale de la police (IGPN, la «police des polices»), s’est saisi de l’affaire dont le déroulé apparaît aujourd’hui plus clairement. Un premier incident a eu lieu un peu plus tôt, vers 17 heures, dans le centre-ville de Montargis. Une victime appelle police secours expliquant avoir été menacée par un homme portant un couteau. Ce dernier a pris la fuite après être remonté dans sa voiture. L’immatriculation permet de retrouver rapidement le suspect, connu des services de police pour violences mais également suivi psychiatriquement puisqu’il serait atteint de schizophrénie.
Une demi-heure plus tard, une première patrouille de trois fonctionnaires se présente chez lui, à Châlette-sur-Loing, quartier où les interventions sont qualifiées de «difficiles». Il s’agit de jeunes fonctionnaires, deux adjoints de sécurité et un gardien de la paix. Leur suspect est enfermé dans sa voiture. Impossible de lui faire ouvrir la portière. Toujours retranché, il aurait hurlé : «Je vais tous vous tuer ! J’ai mis des bombes dans Montargis !». C’est alors qu’un des policiers qui s’était approché avec une bombe lacrymogène aurait été légèrement blessé au bras ou au doigt d’un coup de couteau.
L'arrêter ou le laisser fuir ?
Un deuxième équipage arrive. La suite est filmée depuis les étages via un téléphone portable. Six policiers, visiblement fébriles, encerclent la voiture du quadragénaire, mis en joue par deux armes de poing. Des ordres fusent : «Sortez de la voiture», «Sortez de la voiture m’sieur». «Descends !» Deux des intervenants tentent de casser les vitres et le pare-brise avec une matraque, sans y parvenir. Encerclée, la voiture se met brusquement à faire plusieurs marches avant et arrière pour se dégager. Elle percute, par l’arrière, un véhicule de police et, par l’avant, un portail de parking. Obligeant les policiers à se reculer, le conducteur réussit finalement à se frayer un chemin et à s’échapper. Faut-il le laisser prendre la fuite ?
Situés derrière lui, à moins de dix mètres, plusieurs fonctionnaires ouvrent le feu. Des tirs nourris retentissent, une quinzaine au total. Le conducteur paraît ralentir mais continue finalement sa route en montant sur le talus d’un bassin de rétention d’eau. Il s’immobilise un peu plus loin. Touché de plusieurs balles, l’homme décède à l’hôpital.
Avant le vote de la loi sur la sécurité publique du 28 février 2017, la responsabilité des forces de l’ordre aurait été forcément engagée, la voiture ne semblant pas mettre directement en danger la vie des fonctionnaires. Cette fois, ils pourraient bénéficier des principes de la nouvelle législation élargissant la notion de légitime défense pour les policiers. Ces derniers sont désormais autorisés à ouvrir le feu «lorsqu’ils ne peuvent immobiliser des véhicules [...] dont les conducteurs n’obtempèrent pas à l’ordre d’arrêt et dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui». Pour autant, un principe constant demeure : la riposte doit rester «strictement proportionnée». Les vidéos du drame circulant sur Internet devraient aider les magistrats à déterminer si ces principes ont été respectés.