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Routiers: "La mobilisation sera plus massive que lors de la loi El Khomri"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Jérôme Vérité, secrétaire général de le Fédération CGT Transports.
Jérôme Vérité, secrétaire général de le Fédération CGT Transports, estime que le mouvement des routiers contre les ordonnances du président Macron va être très suivi. Pénurie de carburant et embouteillages sont attendus.
Dès dimanche soir, notamment à Bordeaux et dans le Nord, mais surtout à partir de lundi, les routiers lancent un mouvement de grève reconductible contre les ordonnances qui réforment le Code du travail, à l’appel de la CGT et de FO. Pour Jérôme Vérité, secrétaire général de la Fédération CGT Transports, le mouvement devrait être très suivi, synonyme de bouchon et de pénurie de carburant.
La mobilisation sera-t-elle importante ?
Jérôme Vérité. « Très probablement. Les remontées du terrain indiquent qu’elle sera plus massive que lors du mouvement contre la loi El Khomri. Il y a de la colère parmi les 300 000 routiers français. Même s’il faut rester prudent, ce peut être la plus grande démonstration de force depuis 1996-1997. A Bordeaux, 350 conducteurs sont disponibles, pareil dans le Nord, 150 à Rouen. En Ile-de-France mais aussi à Marseille, Lyon, Nice et dans toute la France, la mobilisation devrait être au moins aussi importante que contre la loi El Khomri. On peut s’attendre à une cinquantaine de points de blocage. Il n’y a que dans la région toulousaine où nous n’avons pas de remontée».
A quel type de blocage faut-il s’attendre ?
«Nous aurons des camions qui vont se garer sur le bord des routes ou aux ronds-points pour restreindre la circulation, notamment à proximité des zones logistiques et des dépôts de carburant. On peut aussi s’attendre à des opérations escargot sur les périphériques ».
Le même scénario se répète à chaque mouvement social, les routiers sont à l’avant-poste...
« Personne ne nous force la main. Mais je ne veux pas de grève par procuration. Penser que seuls les routiers pourraient faire plier le gouvernement serait un pari extrêmement risqué. Je souhaite qu’il y ait une convergence de lutte. Et ce sera la cas. Demain lundi et mardi, des dépôts pétroliers seront en grève et dans certaines raffineries, la production va diminuer. La Fédération CGT du commerce a aussi appelé à des AG dès le 25 septembre».
Pourquoi dites-vous que les ordonnances Travail sont dangereuses pour les routiers ?
« Car elles sont néfastes pour tous. Il y a d’abord l’inversion de la hiérarchie des normes, la facilité pour licencier mais surtout le plafonnement des indemnités prud'homales. Nous sommes un secteur où il faut se battre pour se faire payer toutes ses heures de travail. Cela se finit souvent aux prudhommes. Et puis, il y a l’affaiblissement du CHSCT [comité d’hygiène, de sécurité et des condtions de travail, ndlr]. Dans notre secteur où les conditions de travail sont dures, ce n’est pas acceptable.
Il y a aussi des revendications catégorielles à l’origine de votre mouvement ?
« Oui. Notamment sur les salaires. Un routier, pour 186 heures de travail mensuel, gagne entre 1800 € et 2000 € brut. Il y a aussi la reconnaissance des métiers spécifiques de conducteur de matières dangereuses. Nous réclamons 14 € brut de l’heure, au lieu d’environ 10 € ».
Vous avez pourtant était reçu par la ministre des Transports ?
« Elle nous a écouté mais pas entendu. C’est du mépris »
La CFDT, syndicat majoritaire, ne participe pas à cette grève. Est-ce un problème ?
« J’aurais préféré avoir un appel à la grève de toutes les organisations... Nous avons de bons contacts avec la CFDT et je pense qu’il y aura beaucoup de leurs militants, sans leurs chasubles, demain sur les piquets de grève, notamment à Nantes. Et si demain c’est fort, il est possible que plus de troupes CFDT nous rejoignent. »
Et que pensez-vous de l’arrêté du gouvernement qui augmente de deux heures la durée du temps de travail quotidien des conducteurs pendant la grève pour faciliter l’approvisionnement en carburant ?
« C’est une attaque frontale à l’encontre de notre droit de grève. Cela prouve la fébrilité du gouvernement. Il prend un énorme risque. Mais ça n’aura pas d’impact et il ne faudrait pas qu’il y ait un accident ».