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Catalogne - CUP: l’anticapitalisme au service de l’indépendance
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Fondée en 1986, la Candidature d’unité populaire met en avant son fonctionnement «assembléiste» et essaye de ratisser très large.
Donnée pour la grande perdante de la déclaration «d’indépendance différée» du président catalan, la Candidature d’unité populaire (CUP) est l’aile gauche d’un camp sécessionniste qui ratisse large, puisqu’il englobe aussi des libéraux de centre droit. Fondé en 1986, le parti s’est limité pendant plus de deux décennies à la politique municipale, avec des résultats électoraux en progression régulière. Mais la CUP doit attendre 2011 pour obtenir ses premiers maires, dans quatre villages. Ce succès l’encourage à présenter des candidats aux élections législatives de 2012.
Horizontal
Parmi les célébrités qui participent à leur campagne, l’acteur Sergi López et l’ex-joueur du FC Barcelone Oleguer Presas. La CUP réussit son pari : avec 3,5 % des voix, elle obtient trois députés. L’un d’eux, David Fernàndez, militant lié au mouvement des squats (okupas en espagnol et en catalan), se fait vite remarquer par sa combativité, notamment dans les enquêtes sur les scandales de détournements de fonds publics par le clan de Jordi Pujol, président pendant vingt-trois ans de la Catalogne. Trois ans plus tard, la CUP passe à dix députés, un résultat inattendu qui permet aux partisans de l’indépendance d’obtenir la majorité au Parlement régional, et de mettre en pratique leur feuille de route vers la sécession.
La formation a progressivement élaboré un programme qui, au-delà de l’indépendance, met en avant la rupture avec le capitalisme et la défense de l’environnement. Dans ses statuts actuels, la CUP se fixe pour objectif de parvenir à «un pays indépendant, socialiste, écologiquement durable et en rupture avec les formes de domination patriarcales». Son rayon d’action ne se limite pas à la Catalogne administrative (les quatre provinces de Barcelone, Gérone, Tarragone et Lérida) mais englobe «les pays catalans», l’aire linguistique du catalan. A savoir la région de Valence, l’archipel des Baléares et la «Catalogne Nord», soit le Roussillon (qui correspond peu ou prou au département des Pyrénées-Orientales). Une cellule de la CUP a été créée à Perpignan.
Le parti insiste sur son fonctionnement horizontal ou «assembléiste», où toutes les décisions sont discutées et adoptées lors de réunions des adhérents au niveau des quinze assemblées territoriales. La CUP adopte en outre volontiers, dans ses communiqués, un ton prophético-lyrique qui peut faire sourire. Comme dans cet appel à la grèveaprès les violences policières du 2 octobre, et traduit maladroitement en français sur leur site : le texte rend hommage à la résistance pacifique des votants, «particulièrement les grands-mères et les grands-pères qui nous ont laissé l’image d’un geste inébranlable et le témoignage inoubliable de la dignité granitique».
Bras de fer
Même si la CUP refuse de désigner un leader, plusieurs de ses membres sont devenus des personnalités importantes du débat politique. Outre David Fernàndez ou Gabriela Serra, une référence dans les combats féministes, Anna Gabriel est une habituée des plateaux télé. La jeune porte-parole, avec son franc-parler et ses excès, est une des cibles habituelles des extrémistes anti-indépendance.
La CUP a fait chèrement payer son soutien à Junts pel Si («ensemble pour le oui»), l’hétéroclite coalition porteuse du projet sécessionniste. Son refus de voter l’investiture d’Artur Mas, jugé trop libéral, avait ouvert une crise de plusieurs mois en 2015. Le bras de fer avait tourné en faveur des anticapitalistes, et permis l’élection à la tête de la Generalitat de Carles Puigdemont. A qui la CUP laisse un mois pour proclamer une indépendance pleine et entière, qu’elle juge «inéluctable».