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Etudiant blessé lors d’une interpellation à Toulouse : le parquet ouvre une enquête
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Une enquête a été ouverte jeudi 10 mai par le parquet après l'interpellation d'un jeune homme, blessé lors de l'explosion accidentelle d'une grenade défensive en marge de l'évacuation de Toulouse Jean-Jaurès. Du côté de ses avocates comme des syndicats étudiants, l'heure est autant à l'indignation qu'à l'extrême prudence.
L'évacuation de l'université Jean-Jaurès mercredi 9 mai, à Toulouse a visiblement mal tourné. Un étudiant de 24 ans a été blessé en marge de l'opération, lors d'une nouvelle intervention de police aux abords de la gare Matabiau. Une enquête a été ouverte par le parquet ce jeudi 10 mai pour chercher "les causes des blessures" suite à l'explosion d'une grenade de désencerclement qui se trouvait dans le vêtement d'un policier. Deux d'entre eux auraient aussi été légèrement blessés dans la déflagration.
Le jeune homme dont le prénom, Guilhem, a été révélé mercredi par la famille, "souffre notamment de lésions pulmonaires entraînant une incapacité totale de travail de 15 jours", selon le communiqué du parquet et n'est pas encore sorti de l'hôpital de Larrey. Selon un communiqué publié ce vendredi par ses avocates, Maîtres Claire Dujardin et Sara Khoury, il serait "gravement blessé", présentant "de nombreuses brûlures au second degré au niveau du bras et dans le dos, des hématomes au thorax, sur le front et le nez, de fortes douleurs à la gorge dues à un hématome au niveau du larynx". Placé en garde à vue lors de son interpellation, cette dernière a été temporairement levée pour raisons de santé, a indiqué le parquet.
Une opération "déroulée dans le calme et sans incidents"
Mercredi matin, après l'évacuation dans la nuit des étudiants occupant les locaux de l'université Toulouse Jean-Jaurès, la préfecture assurait pourtant dans un communiqué que "l'opération (s'était) déroulée dans le calme et sans incidents. Les forces de l'ordre ont procédé à l'évacuation des locaux. Aucun blessé n'a été recensé ni du côté des forces de l'ordre, ni du côté des personnes occupant l'université. A 5 heures, les locaux étaient totalement vides". Pourtant, c'est bien dans les minutes suivant l'évacuation de l'université que Guilhem aurait été blessé. "La préfecture déclare que l'intervention policière à l'université Jean-Jaurès s'est faite dans le calme, mais ce n'est pas vrai", s'étrangle Louise, de l'Union des Etudiant.E.s de Toulouse. Si ça avait été le cas, il n'y aurait pas eu de blessé en marge de l'opération !"
Présente au moment des faits, elle raconte que c'est juste après l'évacuation de l'université Jean-Jaurès, qu'une cinquantaine d'étudiants a pris le métro en direction de la gare Matabiau. "Nous devions rejoindre les cheminots pour prendre le piquet de grève", explique-t-elle. "Une motion avait été votée chez eux selon laquelle les étudiants pourraient venir d'abriter dans la gare s'ils étaient expulsés de l'université, précise Adrian, du syndicat Solidaire étudiant 31. C'est pour cette raison qu'ils se sont directement rendus là-bas après l'évacuation." A leur sortie du métro, les étudiants font face à des policiers de la Brigade Anti-Criminalité : "Deux voitures étaient là quand nous sommes arrivés", raconte Louise. La BAC est allée sur place pour empêcher l'entrée des manifestants dans la gare et "prévenir un envahissement possible des voies de chemin de fer".
"On a entendu un grand bruit, et on a ensuite compris qu'il s'agissait sans doute d'une grenade"
"Immédiatement, on a eu du gaz lacrymo dans les yeux, relate Louise. On a essayé de s'en protéger en s'éloignant un peu et quand je me suis retournée, j'ai vu que Guilhem était à terre". Le jeune homme a été mis à l'écart du groupe lors de son interpellation, qui, selon les informations du parquet, aurait eu lieu à cause de soupçons de "dégradations commises un peu plus tôt sur le secteur de la faculté". "Tout était assez confus", ajoute-t-elle. Cette interpellation aurait été rendue "difficile" par la "résistance" du jeune homme et "l'hostilité" du groupe l'accompagnant. "On a entendu un grand bruit, et on a compris ensuite qu'il s'agissait sans doute d'une grenade", poursuit Louise, sans toutefois pouvoir affirmer ou non si Guilhem a été touché par la déflagration.
L'étudiant, qui soutient "qu'il ne s'agissait pas d'un affrontement", assure pour sa part avoir été blessé par l'explosion de la grenade. "Après l'explosion, j'ai d'abord cru que j'avais pris une balle réelle dans le flanc… je n'avais plus qu'un poumon qui respirait, s'indigne-t-il dans un communiqué de ses avocates. Je me suis vu mourir. Je n'arrivais plus à respirer, je n'avais qu'un filet d'air."
"La fake news de Tolbiac a décrédibilisé notre parole"
Une enquête a été confiée à l'IGPN et à la Sûreté Départementale de Haute Garonne pour faire la lumière sur les faits. Elle est néanmoins accueillie avec prudence par les avocates et la famille du jeune homme : "A ce stade, nous nous interrogeons sur l'orientation qui pourrait être prise par cette enquête, et notamment le fait de savoir si elle aura pour objectif de désigner Guilhem comme auteur ou victime présumée".
Les évènements de ces derniers jours ont été entourés d'un climat de grande méfiance à Toulouse. "Du côté des syndicats étudiants et enseignants, on marche sur des oeufs, nous explique Hervé Petit, représentant du syndicat FSU de l'université Jean Jaurès. Ces faits sont très graves, et nous ne voulons pas commettre d'erreurs". L'agacement perce néanmoins dans les rangs : "C'est incroyable, s'étrangle Adrian. Un étudiant a été blessé lors d'une interpellation, et personne n'en parle, personne ne s'en indigne, sûrement à cause des récents évènements". Le 20 avril dernier, une rumeur, appuyée par la déclaration d'une représentante de l'UNEF dans l'université Paris I auprès de Marianne, a fait en effet état d'un jeune homme tombé dans le coma lors de l'intervention des forces de police dans l'établissement. "La fake news de l'évacuation de Tolbiac a décrédibilisé notre parole". Dans un communiqué publié ce vendredi, les organisations syndicales étudiantes et de personnel ont indiqué soutenir. "les démarches de Guilhem, de sa famille et de ses avocates pour faire la lumière sur les conditions d'interpellation et l'intervention des forces de l'ordre".
Ni la préfecture de la Haute-Garonne, ni les avocates de Guilhem n'ont donné suite à nos sollicitations.