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Occupations de terres en Andalousie
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La crise dans l'Espagne d'aujourd'hui touche toutes les catégories populaires et la misère s'étend, même si Rajoy vient de revenir sur son projet de supprimer l'allocation de 400 euros aux chômeurs en fin de droits qui en bénéficiaient.
Les chômeurs, que les capitalistes et les banquiers ont jetés sur le trottoir, constituent 25 % de la population active. Qualifiés, non qualifiés ils sont des millions au bord de la misère. Souvent expulsés des appartements pour l'achat desquels ils avaient contracté des prêts hypothécaires qu'ils ne peuvent plus rembourser, ils sont totalement démunis. Et les licenciements vont continuer, comme dans les mines des Asturies, où le mouvement de grève suspendu en août devrait reprendre en septembre, et dans toutes les branches d'activité.
Cette crise touche aussi les millions de salariés dont les revenus sont régulièrement réduits, dans le secteur public comme dans le secteur privé. Sans compter ces jeunes, diplômés ou pas, qui ne connaissent souvent, et depuis des années, que les contrats précaires et le chômage.
La crise frappe aussi les campagnes, en particulier en Andalousie où vivent des dizaines de milliers de paysans pauvres dont la situation s'est dégradée.
L'extension des cultures dans lesquelles ont investi de grands groupes capitalistes les a laissés sur le bord du chemin. Les aides européennes ne sont pas parvenues de façon durable jusqu'à eux. Les grands propriétaires terriens spéculent et laissent leurs immenses propriétés en friche dès qu'ils estiment que les cultiver n'est plus rentable.
Pendant les années du boom de l'immobilier, les paysans et les jeunes de cette région ont été des dizaines de milliers à se faire embaucher dans les entreprises du bâtiment, petites ou grandes. Ils allaient quelque trois mois sur un chantier dans des grandes villes, vivant dans des baraquements, le temps du contrat. Avec des patrons qui parfois se déclaraient en faillite avant de les payer. Mais c'était un emploi et un salaire, même temporaires. Tout cela a cessé depuis 2008.
La paysannerie de la région a, depuis des décennies, des traditions d'organisation et de luttes issues d'un mouvement paysan marqué par des traditions anarchistes et communistes qui avaient perduré sous le franquisme et se sont développées depuis les années 1975, après la mort de Franco. Aujourd'hui les organisations connues sous le nom de SOC (syndicat des ouvriers agricoles) et de SAT (Syndicat andalou des travailleurs) sont à l'origine de mouvements d'occupation des terres. Ils organisent la vie rurale dans des villages et sont à l'initiative d'opérations qui consistent à récupérer dans des supermarchés de grandes sociétés, comme Mercadona ou Carrefour, des produits de base pour permettre aux familles sans ressources de survivre.
Ces syndicats sont indépendants des centrales officielles. Ils sont liés à une aile d'Izquierda unida (la Gauche unie qui est elle-même un regroupement politique en partie issu du Parti communiste). Ils sont à l'origine d'une agitation sociale et politique. Le porte-parole le plus connu du SAT, Manuel Sanchez Gordillo, est député (pour Izquierda unida) au Parlement de l'autonomie d'Andalousie. Sa popularité est due à des initiatives spectaculaires. Il s'affirme en rupture avec les organisations politiques de la droite, bien évidemment, mais aussi de la gauche socialiste, tout comme il dénonce la tendance des dirigeants d'Izquierda unida à se montrer trop conciliants vis-à-vis du PSOE. Ses références et son horizon sont prioritairement ceux de la défense des intérêts de la paysannerie d'Andalousie, des pauvres de la région, dont il affirme qu'ils ont les mêmes intérêts à défendre, contre les banquiers et les politiciens corrompus, que les exploités des autres régions.
Henriette MAUTHEY