[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Agenda militant

    Newsletter

    Ailleurs sur le Web [RSS]

    Lire plus...

    Twitter

    Comment CNews est devenu le pendant français de Fox News

    Lien publiée le 12 juillet 2018

    Tweeter Facebook

    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://www.lesinrocks.com/2018/06/29/medias/cnews-la-redac-reacs-111100069/

    Animateurs et invités très à droite, sujets racoleurs : la ligne rédactionnelle de l’ancienne I-Télé consterne ceux qui furent ses salariés. Enquête.

    “Ce n’est plus une chaîne d’information, c’est juste un agrégat de sujets qui peuvent faire le buzz sur internet.” Depuis quelque temps, la chaîne CNews prend un virage réac pied au plancher. Entre la promotion en grande pompe du droitier décomplexé Pascal Praud et l’arrivée du chroniqueur de Touche pas à mon poste, Gilles Verdez, aux manettes d’une émission quotidienne de faits divers, CNews serait-elle devenue la nouvelle Fox News, cette chaîne américaine conservatrice pro-Trump qui n’hésite pas à partager par moments quelques petites fake news ?

    “Irregardable”“pathétique”“médiocre”“désinformation”, les anciens journalistes d’I-Télé ne manquent pas de vocabulaire pour décrire la chaîne qui fut un temps la leur. Contactés, ceux qui sont restés ont préféré rester silencieux, visiblement gênés aux entournures. Une ligne dont le journaliste Pascal Praud est devenu la figure de proue.

    Eugénie Bastié, Ivan Rioufol, Elisabeth Lévy, André Bercoff…

    L’ancien journaliste de Téléfoot anime l’une des cases phares de la chaîne, la matinale, sobrement intitulée : L’Heure des pros. Une sorte de remake des Grandes Gueules de RMC où, pendant plus d’une heure, universitaires et éditorialistes débattent sur des sujets d’actualité ou des questions existentielles du style “Faire la bise au bureau : pour ou contre ?”. Et les figures réac y ont leur rond de serviette : Eugénie Bastié, Ivan Rioufol, Elisabeth Lévy, André Bercoff…

    Au milieu desquels le jovial Pascal Praud aime brailler et s’emporter contre ses invités, quitte à se faire régulièrement épingler pour son manque de rigueur journalistique. “Son credo c’est de dire que toutes les paroles se valent. Il décrit des stéréotypes sur lesquels les invités doivent rebondir et ça réduit l’émission à des moments de clashs et de débats dignes du café du commerce”, résume un ex-salarié d’I-Télé. “C’est un anticonformiste de droite totalement inculte”, renchérit un autre avant d’ajouter : “Mais c’est un très bon animateur qui sait ce qui marche ou non.”

    Rien d’étonnant finalement pour ceux qui se souviennent d’un Pascal Praudpassant régulièrement une tête à la rédaction pour donner son avis “déjà bien tranch锓Il nous disait souvent : ‘Mais vos sujets n’intéressent personne ! Ce qu’il faut, c’est parler des régimes ou des départs en vacances’.” L’Heure des pros a en tout cas reçu le Gérard 2018 de l’émission “bistrot du coin où on débat entre couilles sur la question de savoir si y aurait quand même pas un problème avec les bonnes femmes et les Arabes”.

    La théorie du complot vue par André Bercoff

    C’était la crainte des grévistes d’I-Télé, filiale du groupe Canal+ et ancien CNews. En 2016, la reprise en main de Vincent Bolloré s’achevait par un départ volontaire de 80 salariés, dégoûtés par cette nouvelle ligne directrice au rabais. “Le CSA a laissé Bolloré faire ce qu’il voulait. CNews est une chaîne d’information en continu où il n’y a plus d’information”, tranche amèrement un ancien journaliste. Avec des budgets revus considérablement à la baisse, difficile de s’aligner sur les trois autres chaînes d’info. La stratégie est claire : développer les talk-shows et devenir un média d’opinion.

    Le Grand JT des faits divers de Gilles Verdez lancé au début du mois de juin s’inscrit dans cette orientation sensationnaliste. “C’est cheap de chez cheap. Quand on fait une émission quotidienne sur les faits divers sans moyens, c’est la meilleure façon de faire des erreurs journalistiques”, note un journaliste.“Les gens qui dirigent cette chaîne ne savent de toute façon pas ce qu’est l’information. Et d’ailleurs, ils s’en fichent”, assène un ancien gréviste. Quitte à tout accepter ?

    Le 30 mai, l’éditorialiste André Bercoff reprenait une théorie répandue sur les réseaux sociaux par l’extrême droite. Le journaliste de Sud Radio affirmait à propos du sauvetage d’un enfant par Mamoudou Gassama : “Je crois qu’il y a des choses qui se sont posées. Quelles questions ? Que faisait ce bébé ? Comment il a tenu en tombant du cinquième au quatrième ? Sans une égratignure pratiquement ? C’est rien ? OK, pas de problème, circulez ?”

    Le tout en étant à peine contredit par Pascal Praud. “Peu importe que l’on dise des bêtises, que ce soit à la limite de ce qui est potentiellement montrable à la télévision, puisque cela rapporte des téléspectateurs”, ironise, cynique, un ex-journaliste d’I-Télé. Car oui, L’Heure des pros réalise de bonnes audiences (pour un record de 223 000 téléspectateurs) se classant même parfois devant LCI et France Info.

    La chaîne d’info reste néanmoins derrière par BFMTV. “CNews c’est un peu un Fox News au petit pied”, résume un ex-salarié. La chaîne conservatrice américaine était le reflet de la trumpisation de l’Amérique, CNews sera-t-elle révélatrice d’un tournant populiste en France ?