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McDonald’s, Uber Eats : quand de jeunes précaires exploités unissent leurs forces pour faire reculer le capitalisme
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
De jeunes travailleurs de McDonald's, Uber Eats et d'autres chaînes s'organisent en syndicat et revendiquent des droits pour l'ensemble de leur secteur : une première depuis les années 1980 et le triomphe du thatcherisme.
Qu'est-ce que le syndicalisme? Interrogée par The Guardian, cette jeune employée de McDonald's en Angleterre n'y voyait, il y a encore peu, que "des vieux hommes assis dans une pièce, débattant de problèmes d'une autre génération". Quel changement est survenu Outre-Manche ? Ce qu'on a appelé la "McStrike", au printemps dernier : des employés, jeunes, étrangers au monde des syndicats, se sont organisés pour réclamer des droits, non seulement dans leur lieu de travail, mais pour l'ensemble de leur secteur - la restauration et l'hôtellerie. Ce mois d'octobre, les employés de McDonald's ont été rejoints par ceux d'Uber Eats, de JD Wetherspoon et de TGI Fridays (des chaînes de bars-hôtels-restaurants au Royaume-Uni) et manifesteront ensemble dès cette semaine.
Les retrouvailles des jeunes et des syndicats
C'est une première dans ce pays qui a connu les pires baisses de salaire, après la Grèce, de tous les pays membres de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) entre 2007 et 2015. Depuis les années 1980, les syndicats britanniques sont brisés. Le gouvernement de Margaret Thatcher (1979-1990) s'y était employé. La grande grève des mineurs de 1984-1985 fut le pic de ce phénomène d'une violence sociale considérable et dont les conséquences se font sentir jusqu'à aujourd'hui. À peine 8% des travailleurs de moins de 25 ans sont inscrits dans des syndicats.
La moyenne d'âge de ces nouveaux grévistes et syndicalistes s'inscrit en dessous de la barre des 30 ans. Cette génération, marquée par des emplois précaires et mal payés, une hausse considérable du prix de l'immobilier et la menace d'un endettement prolongé comme prix d'études supérieures dans les universités, présente des réclamations fermes mais modérées : un salaire minimum à 10 £ (11 euro) l'heure, l'abolition de la discrimination au salaire selon l'âge des employés, la reconnaissance des syndicats dans leur branche.
L'amélioration des conditions de travail
Ce secteur n'est pas n'importe quel secteur : au Royaume-Uni comme en France, la restauration et l'hôtellerie se distinguent par des conditions de travail difficiles, une politique de dénigrement des employés peu qualifiés et la menace constante, pour ceux-ci, d'être remplacés - tant la demande d'emplois est forte. La structuration en syndicat représente, pour ces jeunes travailleurs, un espoir de solidarité salutaire. Ils ne sont pas seuls. Cette même semaine, les livreurs de Deliveroo intentent un procès à Londres pour obtenir un salaire minimum et des congés payés.
Enthousiaste, un chroniqueur du quotidien britannique The Guardian voyait dans ce mouvement la fin de l'hégémonie du néo-libéralisme anglo-saxon que le Thatcherisme représente. Il conclue son papier en ces termes :"L'Hubris [des grands patrons] semble sur le point de rencontrer sa némésis [la juste colère] : une armée de travailleurs jeunes, précaires, mais déterminés."