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Emmanuelle Wargon, l’ex-lobbyiste en chef de Danone à la Transition écologique
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Cette énarque de 47 ans, ancienne camarade de promotion d'Edouard Philippe, a été nommée secrétaire d'Etat auprès de François de Rugy. Une nouvelle illustration du «rétro-pantouflage», ou quand un haut-fonctionnaire passé au privé revient exercer des fonctions importantes au cœur de l’Etat.
«Qui a le pouvoir ? Qui gouverne ?» Fin août, pour justifier sa démission spectaculaire, Nicolas Hulot avait dénoncé «la présence des lobbys dans les cercles du pouvoir», estimant que cela pose «un problème de démocratie». L’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire ne croyait pas si bien dire… Moins de deux mois plus tard, voici qu’arrive dans son ancien ministère, comme secrétaire d’Etat, Emmanuelle Wargon, rien moins que la directrice des affaires publiques et de la communication de Danone.
Lobbying et pollution
Soit la lobbyiste en chef du groupe alimentaire… l’un des plus gros pollueurs de la planète, en termes de plastique. La semaine dernière, Break Free From Plastic, une coalition de 1 300 organisations du monde entier, révélait que sur les 180 000 déchets plastiques ramassés dans l’environnement dans 42 pays en juin et septembre, ceux produits par Danone figuraient en quatrième position, après ceux provenant de Coca-Cola, de Pepsi et de Nestlé. Danone fait aussi partie des 25 entreprises françaises qui épuisent le plus les écosystèmes de la planète, pointait l’ONG WWF en 2016.
Emmanuelle Wargon, 47 ans, rejoint au gouvernement l’ancienne directrice des ressources humaines de Danone, Muriel Pénicaud, devenue ministre du Travail. Au ministère de la Transition énergétique, où elle remplace Sébastien Lecornu – qui au sein du ministère s’était vu confier les dossiers «énergie», dont plusieurs dossiers brûlants, de Fessenheim à Bure –, elle rejoindra une autre secrétaire d’Etat venue d’un géant du privé : Brune Poirson, ancienne cadre de Veolia. Et Wargon, la fille unique de Lionel Stoléru, ancien ministre de Valéry Giscard d’Estaing et de François Mitterrand, est issue de la même promotion de l’ENA que le Premier ministre Edouard Philippe, lui-même ancien lobbyiste en chef du groupe nucléaire Areva (devenu Orano).
«Rétro-pantouflage»
Comme ce dernier, Emmanuelle Wargon, qui a aussi fait Sciences-Po et HEC, illustre parfaitement une pratique de plus en plus répandue : le «rétro-pantouflage», soit un cadre dirigeant du privé, souvent issu des grandes écoles (ENA, Polytechnique), qui revient exercer des fonctions importantes au sommet de l’Etat après avoir «pantouflé» en quittant la haute fonction publique pour un poste bien payé dans le privé. De quoi faire réagir mardi sur Twitter le secrétaire d’EE-LV David Cormand : «Avec Macron, l’écologie, c’est jamais sans les lobbys.»
Décrite comme pugnace et opiniâtre, Emmanuelle Wargon a commencé sa carrière en 1997 comme auditrice à la Cour des comptes. En 2001, elle est devenue conseillère technique auprès du ministre délégué à la Santé Bernard Kouchner, dans le gouvernement Jospin. De 2007 à 2010, sous le gouvernement Fillon, elle a dirigé le cabinet du Haut-Commissaire aux solidarités actives Martin Hirsch, où elle a géré entre autres le dossier RSA, mis en œuvre sous Nicolas Sarkozy en 2008. Elle a aussi été adjointe au directeur général de l’Afssaps (aujourd’hui ANSM), l’agence de sécurité des produits de santé.
Puis, avant Danone et après un passage au ministère des Affaires sociales, elle a été pendant trois ans déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle au ministère du Travail, un poste clé, pilotant notamment la réforme de la formation professionnelle ou encore la gestion des crédits de la politique de l’emploi. Pas grand-chose à voir, donc, avec l’écologie ou l’énergie. Même si son ancien patron, le PDG de Danone Emmanuel Faber, a twitté mardi que «pendant trois ans, Emmanuelle Wargon a coordonné les engagements de Danone en matière de santé, d’environnement et d’inclusion». Lui souhaitant «une pleine réussite au service de l’enjeu majeur qu’est la transition écologique et solidaire».