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    Protéger les lycéens: une responsabilité collective

    lycée Répression Violences-Policières

    Lien publiée le 21 décembre 2018

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    A Strasbourg, ce lundi 17 décembre 2018, lors d'une manifestation pacifique d'une centaine d’élèves du lycée Marie Curie, quatre lycéens ont été arrêtés sans ménagement avec coups de matraque et blessures pour au moins l’un d’entre eux. Publication d'une vidéo et de trois témoignages.

    Protéger les lycéens : une responsabilité collective

    Communiqué de presse

    Le 19 décembre 2018

    Depuis plusieurs semaines des lycéens se mobilisent partout en France contre la sélection à l’entrée de l’université et le dispositif Parcoursup, contre l’augmentation des droits d’inscription, contre les réformes du Bac et du Lycée. Des manifestations, en très grande majorité pacifiques, ont été l’occasion d’une répression policière et pénale inédite, dénoncée par de multiples organisations, dont le Syndicat des avocats de France dans un communiqué du 14 décembre.

    A Strasbourg, ce lundi 17 décembre 2018, lors d'une manifestation pacifique d'une centaine d’élèves du lycée Marie Curie, quatre lycéens ont été arrêtés sans ménagement avec coups de matraque et blessures pour au moins l’un d’entre eux. Des témoignages, nombreux et convergents, mettent en évidence trois faits, que nous dénonçons avec vigueur :

    • un usage disproportionné de la force publique dans la seule fin de terroriser les lycéens et de les dissuader d’exercer leur droit de manifester ;
    • des arrestations manifestement préméditées et ciblées : elles ont visé des élèves fortement mobilisés depuis le printemps dernier et elles ont eu lieu alors même que ces élèves étaient pacifiques ;
    • une répression qui a pris la forme d’une course-poursuite effrénée dans les rues de Strasbourg terrorisant des jeunes.

    Nous n’acceptons pas qu’on fasse subir à des lycéens humiliation et terreur collective, qu’on les pourchasse dans les rues de nos villes comme des émeutiers, au risque de provoquer de graves accidents, qu’on les arrête et les maintienne en garde à vue pendant de longues heures pour des griefs mineurs ou infondés. Tout ceci doit cesser !

    Nous en appelons aujourd’hui à la responsabilité collective de tous les acteurs vis-à-vis de la jeunesse.

    Tout d’abord la responsabilité du gouvernement, du ministre de l’Intérieur et des préfets, auxquels nous rappelons qu’il est du devoir des pouvoirs publics d’apporter protection aux citoyens - et plus encore aux lycéens -, et non de leur infliger violence, terreur et enfermement.

    Ensuite celles des recteurs et personnels de direction des établissements, afin de garantir, par toutes les mesures administratives utiles, les libertés d’expression et de réunion des lycéens et des personnels. A ce sujet nous exigeons que soit mis fin aux envois de messages des autorités rectorales, souvent à la limite de la légalité, qui tentent de dissuader les enseignants de tenir des réunions ou qui cherchent à limiter par l’intimidation les libertés et droits fondamentaux.

    Enfin celle des enseignants et parents d’élèves afin qu’ils apportent tout leur soutien aux lycéens victimes de violence ou d’interpellations abusives, que ce soit par leurs témoignages et par toutes les actions possibles et souhaitables, collectives ou individuelles, citoyennes ou juridiques.

    Premiers signataires : SUD Éducation Alsace, FSU 67, SNES-FSU, SNESUP-FSU, SNASUB-FSU, CGT Educ'action Alsace, UD CGT 67, SNTRS-CGT,SNPREES-FO 67, SNFOLC du Bas-Rhin, FCPE 67,FCPE-conseil local du collège international de l'Esplanade, FCPE-conseil local du lycée des Pontonniers, FCPE-conseil local de l'école élémentaire Robert SchumanPEEP Alsace, Syndicat des Avocats de France section de Strasbourg.

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    Addendum du 20 décembre : publication ci-dessous de trois témoignages de lycéens, anonymés. C'est moi qui souligne. Ces témoignages ont été publiés sur des comptes Facebook. J'ajoute un communiqué de la FCPE Marie Curie.

    Bonsoir à toi qui recevra ce message, 

    Je t’écris car j’ai vu l’adresse mail tourner et ce matin j’étais présente. Je suis une élève de terminale et c’est maintenant la deuxième année qu’on se bat pour nos droits, pour les droits de nos petits frères et sœurs et nos futurs enfants. Ce matin les CRS nous bloquaient de tous les côtés, ont embarqué plusieurs personnes de façon injustifiée. A contrario du Mathis, Marc bloch où il y a eu des dégradations, les insultes, des jets de projectiles, nous, on était calme, pacifiste. Pas d’insultes pas de dégradations, on dégageait même la piste cyclable pour ne pas perturber le trafic.Et pourtant ils ont réussi à en embarquer, soit disant les meneurs, alors que ne serait ce que pour X, qui est arrivé en même temps que tous les autres élèves n’etait Même pas au courant. Alors quoi, l’an dernier il a participé à l’organisation de certain blocus donc cette année M. Y (le proviseur) a décrété que c’était une fois de plus pour sa gueule? Et bah non, sa seule erreur aurait été d’avoir pris le mégaphone pour clamer les raisons de notre colère, pour que ceux qui veulent casser comprennent que c’était pas le but de cette action. Et pourquoi lui a parlé et pas un autre? Parce qu’il connaît ses droits alors que ça aurait pu être n’importe qui. De plus j’ai vu lorsque Z (j’ai pas son nom) s’est fait à son tour embarquer. Pourquoi ? Parce qu’il disait aux élèves de rester groupés et de rester calme ? Quel fouteur de trouble! Et pour cela il a mérité ses coups de matraque ? De se faire traîner par terre pour se faire embarquer ? Non je ne crois Pas. Je n’ai pas vu l’arrestation de ou d’autres s’il y en avait mais je suis juste désolée pour eux et je suis vraiment reconnaissante de leur bravoure. 

    La justice n’est pas juste mais c’est ça la justice

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    Bonjour,

    Etant en classe de terminale au lycée Marie Curie de Strasbourg, et n’étant pas en total accord avec le remaniement de l’éducation post-bac, j'ai participé à la manifestation de ce matin lundi 17/12/2018, j'ai été témoin de l’arrestation sans aucune raison d'un ami à moi. Nous étions dans la rue de Londres juste devant l'enseigne Auchan à 100 mètre de mon lycée, mon ami était en tête de cortège. Il scandait des slogans contre ParcourSup, quand les camionnettes de CRS nous ont dépassé assez brutalement et ils sont sortis avec boucliers, matraques et gaz au poivre. A ce moment, mon ami a demandé à tous les lycéen présents d'aller sur les trottoirs, pour se réorganiser, puis a donné le mégaphone à une autre personne. Trois CRS ont couru vers lui, deux le séparant et l'isolant totalement de nous, puis le dernier l'a attrapé par l'épaule et les bras pour l'emmener dans leur camionnette et n'a été relâché que neuf heures après (pour 25 min de manifestation).

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    Témoignage du lundi 17 décembre : 

    Lors de la manifestation de ce matin, nous avons commencé par un barrage filtrant, qui permettait donc aux élèves d'avoir le choix de nous suivre ou non. Toute la matinée, nous avons tenté de nous réunir  au campus universitaire, sans nous montrer violents, insultants ou encore provocateurs. Cependant, les policiers ( armés et matraqués,) ont tenté de nous encercler et barrer la route. Mais ils ne se sont pas contenté de ça, eh non, ils se sont mis à courir vers un manifestant qui simplement marchait à nos cotés. Il a cogné sa tête contre le grillage, il a saigné, puis ils l'ont trainé en l'etranglant à l'aide d'une matraque. Deux autres manifestants ont été attrapés et matraqués.Ainsi, nous avons du nous confronter tous à des courses poursuites. De plus, les personnes embarquées étaient des cibles dès le début, car considérées comme meneurs du groupe ( alors que ce n'etait pas forcément le cas) quelqu'un les a clairement dénoncés.

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    Communiqué de la FCPE du 20 décembre 2018

    Conseil local Lycée Marie Curie 

    En tant que parents d’élèves du lycée Marie Curie, nous souhaitons exprimer notre stupeur face à  la répression qui s’est exercée lundi matin, 17 décembre, sur nos enfants. Le dispositif policier déployé a été tel qu’un sentiment de panique s’est propagé parmi les habitants du quartier et les parents d’élèves se rendant dans les écoles élémentaires ou maternelles du quartier. Les lycéens, qui manifestaient pacifiquement, avec pour unique arme un porte-voix, ont été interpellés avec violence, certains  blessés.

    Nous comprenons et partageons l’inquiétude de nos enfants, qui, pour les élèves de Terminale, vont être soumis à la sélection opaque de ParcourSup et, pour les élèves de seconde, ne savent pas encore quel choix de spécialité sera proposé dans leur établissement l’année prochaine, choix qui déterminera leur orientation future.

    Ainsi, ces élèves, devant l’incertitude de leur avenir, ont rejoint le mouvement national et ont voulu manifester pacifiquement. Un blocage filtrant et non total a été mis en place devant le lycée Marie Curie ; plus d’une centaine d’élèvesse sont ensuite mis en mouvement dans le quartier, poursuivis par la police et encadrés par les CRS.

    L’arrestation et la mise en garde à vue des quatre lycéens ont été ressenties comme une profonde injustice par tous : la seule violence présente est celle qu’ils ont subie et non provoquée.

    Nous regrettons que l’engagement citoyen et politique de ces jeunes débute ainsi et, pour qu’ils gardent confiance en la justice et l’Etat, nous demandons qu’aucune charge ne soit retenue contre les quatre élèves qui ont été interpellés.

    interpellation d'un lycéen à Strasbourg © Rue89 Strasbourg