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Philippe Poutou : “Les médias ne filment les ouvriers que quand ils pleurent”
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Quand Philippe Poutou nous répond au téléphone, il vient tout juste de finir de rédiger un tract qui partira à l'imprimeur dans quelques jours. Il s'agit du bulletin syndical de la CGT (dont il est adhérent), Bonnes nouvelles, qu'il diffuse à l'usine Ford de Blanquefort. Celle-ci vient de refuser un plan de rachat, condamnant les 860 ouvriers qui y travaillent, au grand dam du gouvernement. Au volant de sa voiture (en mode bluetooth, on vous rassure), l'ancien candidat à la présidentielle du NPA prend le temps de revenir pour nous sur l'année 2018, qui a célébré à grand renfort de pavés le cinquantenaire de Mai 68.
L’année se termine par une mauvaise nouvelle pour vous : Ford a refusé le plan de reprise de son usine de Blanquefort, qui aurait pu sauver 400 emplois (sur 860). Comment interprétez-vous cette décision prise sans complexes, et face à laquelle l’Etat semble impuissant ?
Philippe Poutou – Nous ne sommes pas surpris. Depuis dix ans Ford veut fermer l’usine. Cette année ils sont repassés à l’attaque. Ils ont bien préparé le terrain pour faire comme si la fermeture était inévitable. On s’est battus dans des conditions difficiles et malheureusement, malgré l’intervention de l’Etat, de Bruno Le Maire et d'Alain Juppé, ça n’a pas suffi. Ford va au bout de sa logique. On aurait pu négocier des primes, mais on est restés sur l’idée qu’il fallait sauver l’usine. Ce dont on a besoin, c’est d’un boulot, d’un salaire, pas d’une prime. Cette lutte a révélé que la multinationale n’a rien à faire des salariés. Mais elle a aussi, une fois de plus, révélé l’impuissance de l’Etat.