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Acte 14: plus de monde à Paris que samedi dernier selon Castaner
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Alors que d'autres manifestations sont prévues à Paris ce dimanche, il y a eu plus de monde ce samedi à Paris que pour l'Acte 13.
La marche parisienne a réuni 5 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur, certains manifestants marquant un début de lassitude. Alain Finkielkraut a été la cible d'injures antisémites en marge du cortège. Un total de 41 500 personnes se sont mobilisées en France selon Beauvau contre 51 400 samedi dernier.
Pour cet acte 14 des gilets jaunes, plusieurs cortèges étaient prévus dans la capitale. Si les deux manifestations annoncées à République et à Bastille ont été peu suivies, un cortège est finalement parti des Champs Elysées pour une grande marche à travers le centre de Paris.
Arrivé en fin de matinée Place de la Bastille, Clément est seul à la sortie du métro. Il tient dans sa main la déclaration de manifestation validée par la préfecture. Et refuse d’être surpris du peu de monde présent sur place. «Le rendez-vous est fixé à 14 heures. Les gens sont en train de manger. On attend un peu de monde et après on ira en direction de l’Assemblée nationale.» Un rassemblement était également prévu à République, mais le gros de la mobilisation du jour s’est réuni depuis le matin sur les Champs Elysées. Plusieurs milliers de manifestants quittent à la mi-journée l’avenue et entament une déambulation à travers la capitale.
«La semaine dernière j’ai eu vraiment peur»
Derrière les Invalides, au niveau de la station Ecole Militaire, des petits groupes de manifestants tentent de rallier le cortège principal. Une vieille dame, son petit chien en laisse, s’agace de voir le quartier tacheté de jaune fluo. «On vous aime aussi madame ! Elle sera bien contente quand sa retraite aura augmentée», lui répond un jeune homme, bouteille de coca à la main. Pour Ryad, 22 ans, cette course contre la montre pour retrouver la manifestation principale est devenue une «véritable habitude» : «Je suis gilet jaune depuis l’acte III, alors je commence à m’y faire.» Le jeune homme qui travaille dans la téléphonie est venu seul. «Au début j’arrivais à motiver des amis, mais ils ne viennent plus. Je m’en suis fait d’autres», dit-il en désignant le petit groupe de gilets jaune qui le suit. En passant devant le musée d’Orsay, les manifestants contournent les rues bloquées par les CRS et rejoignent petit à petit le quartier latin par le Pont Notre-Dame.
Après de longues minutes de marches, Josiane et Richard ont eux aussi retrouvé le cortège. «Depuis le 17 novembre, ce ne sont pas des manifs, ce sont des randonnées voire des courses ! On a un président qui est jeune, actif, qui ne dort que quatre heures par nuit, alors tout le monde va vite !», ironise Josiane. Habituée des manifestations, la retraitée ne porte pas de gilet jaune sur le dos. «Je suis courageuse mais pas téméraire. La semaine dernière j’ai eu vraiment peur. On était pas loin de l’Assemblée nationale quand le manifestant a eu la main arrachée par la grenade.» Pour Richard, être dans la rue ce samedi, c’est «montrer sa solidarité avec les personnes qui n’arrivent pas à finir leur fin de mois, à joindre les deux bouts.» Le pouvoir d’achat, un motif de mobilisation qui court depuis l’acte I et ne faiblit pas. Derrière le couple, un homme déguisé en gaulois marche au pas et bloque les fourgons de gendarmes. Dans le mégaphone, le conducteur demande «au gaulois réfractaire de libérer la chaussée». «Berrichon réfractaire», leur répond l’homme avant de leur laisser la voie libre.
Photo Denis Allard pour Libération
Le long des quais de Seine, le soleil tape. Beaucoup enlèvent manteaux et écharpes, mais pas leur gilet. Jérôme Rodrigues, figure du mouvementqui a annoncé avoir perdu l’usage de son œil suite à un tir de LBD lors de la manifestation du 26 janvier dernier, est également présent ce samedi. «Gilet jaune, gilet rouge, sans gilet, on voit tous qu’il y a un malaise en France. On nous empêche de manifester et de vivre en démocratie […]. Jamais je n’aurai pensé perdre un œil en manif», répond le militant entouré par des proches et une nuée de journalistes. Invité à commenter la formation de listes gilets jaunes pour les élections européennes, il constate que la démarche «n’a pas l’air de fonctionner». «Ce n’est parce qu’on est pas des politiques. On travaille. On est au boulot. On ne nous a rien donné, mais on a gagné la fraternité grâce à ce mouvement. Il nous reste à récupérer la liberté et l’égalité.»
«Finkielkraut, casse-toi !»
Au niveau du boulevard Saint-Michel, des heurts éclatent. Les CRS font usage de gazs lacrymogènes pour ralentir l’avancée des manifestants. Aux alentours de 15 heures, non loin du boulevard du Montparnasse, Alain Finkielkraut, Figaro à la main, est insulté par des militants en marge du cortège. «Finkielkraut casse-toi, sale sioniste» «Rentre chez toi, nous sommes le peuple» «Palestine»! crient certains d’entre eux à l’adresse du philosophe. Sur une vidéo diffusée par Yahoo Actu sur Twitter, on entend même un «Antisémite!» fuser, sans que l’on sache d’où il vienne et «Tu es un haineux.» Les forces de l’ordre interviennent rapidement et l’exfiltrent. Il repart dans une petite rue adjacente. Dans un entretien donné au quotidien, il avait déclaré que l’arrogance avait changé de camp au sujet des gilets Jaunes. Sur l’ensemble du parcours, peu de casse a été constatée.
«Ils ont beau dire qu’on s’essouffle, la manifestation d’aujourd’hui montre le contraire. Il y a plus de monde que la semaine dernière [4 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur, Ndlr], constate Alain, venu seul soutenir la mobilisation. Les seules manifs que j’ai fait de ma vie, c’était sous Giscard, lorsque j’avais 14 ans. Je n’ai manqué que deux actes des gilets Jaunes.» La marche se termine sur la place des Invalides. Les CRS lancent des grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Parmi les derniers arrivants, Maho, 71 ans, hâte le pas le long des façades du musée Rodin. Pour lui, il faut repenser le mouvement. «Il y a de la fatigue, de la trouille, et les méthodes des forces de l’ordre commencent à payer, constate-t-il.Il faut faire un break, définir une stratégie, et revenir plus fort.» Un total de 41 500 personnes se sont mobilisées en France selon Beauvau. Ils étaient 51 400 la semaine précédente.