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Les Maires de villes populaires disent «non» à la loi Blanquer
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Un collectif de maires de villes populaires s'élève contre la loi Blanquer, «une nouvelle pierre à la politique conservatrice et inégalitaire du gouvernement en matière d’éducation», appelant à davantage de moyens financiers et humains ainsi qu'à «une meilleure reconnaissance du travail des enseignants».
Nous, Maires de villes populaires, disons « non » à la loi Blanquer. Au quotidien, nous déplorons le manque de moyens humains et financiers de nos établissements scolaires. C’est indigne de la République. Les enfants et la jeunesse de nos territoires populaires sont notre avenir commun. Nous voyons chaque jour leur créativité et leur intelligence. Ils et elles ont besoin d’une école de l’égalité, de l’émancipation et du progrès social.
Nous, Maires de villes populaires, apportons tout notre soutien aux parents d’élèves et aux enseignant-e-s de nos territoires qui se mobilisent contre le projet de loi Blanquer. Cette loi aggravera les inégalités pour les populations de nos villes, réduira la liberté et la dignité pour les enseignant-e-s ainsi que les moyens pour l’école publique. En clair, cette réforme signera la fin d’une conception égalitaire et républicaine de l’Education nationale dont la sélection sociale et la concurrence seront la règle au profit des familles les plus privilégiées.
Nous, Maires de villes populaires, affirmons que les inégalités territoriales de moyens alloués à l’éducation sont une réalité. Un rapport parlementaire de mai 2018, sur l’action régalienne de l’État en Seine-Saint-Denis, illustre la permanence des inégalités scolaires : tout le long de leur scolarité, les enfants de Seine-Saint-Denis perdent une année d’enseignement par manque de professeur-e-s ou de remplaçant-e-s ; il en est de même de la médecine scolaire, dont 50% des postes ne sont pas pourvus dans le département ; en sixième, seuls 36 % des élèves en REP+ et un peu moins d’un élève sur deux en REP maîtrisent à la fois la langue française, les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique, contre deux tiers des élèves hors éducation prioritaire.
Nous, Maires de villes populaires, dénonçons un projet de loi qui instaurera une école à plusieurs vitesses, qui accélérera les inégalités scolaires plutôt que les combattre. Ainsi, la scolarisation obligatoire dès l’âge de 3 ans – qui pourrait être une réelle avancée en soit – bénéficiera à l’enseignement privé sous la forme d’une subvention directe de 150 millions d’euros et la création « d’établissements publics des savoirs fondamentaux » menacera les postes de directeurs/directrices d’école. De même, la réforme des spécialités du bac 2021 se ferait au détriment des enfants des quartiers prioritaires.
Nous, Maires de villes populaires, déplorons que cette loi soit une nouvelle pierre à la politique conservatrice et inégalitaire du gouvernement en matière d’éducation :
Parcoursup, la réforme du bac et des lycées, le quadruplement des frais d’inscription des étudiant-e-s étranger-e-s, la suppression de 6 000 postes dans les collèges et les lycées… en sont quelquels exemples.
Nous, Maires de villes populaires, refusons la logique du Ministre qui, au nom de l’apprentissage des fondamentaux – lire, écrire, compter – purge l’éducation dans les milieux populaires des apprentissages et découvertes artistiques, culturels, sportifs…
Nous, Maires de villes populaires, acteurs et actrices de l’éducation et parents d’élèves rappelons que nos enfants ont besoin :
- De postes supplémentaires d’auxiliaires de vie scolaire pour les enfants porteurs de handicap,
- De postes supplémentaires en RASED (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté),
- Une meilleure reconnaissance du travail des enseignant-e-s, notamment par la revalorisation salariale, par des salaires plus attractifs en REP et REP+, par la formation,
- Plus d’enseignant-e-s et de présence humaine dans les établissements scolaires,
- Plus de moyens pour la prévention pour lutter contre les violences dans et à l’extérieur des collèges et des lycées.
Nous, Maires de villes populaires, disons au gouvernement que l’école est au cœur de la République, au cœur des quartiers, au cœur du quotidien et au cœur de la réussite de la jeunesse. Nous, Maires des villes populaires, disons « non » à la loi Blanquer.
Signataires:
Meriem Derkaoui, Maire d’Aubervilliers ;
Mohamed Gnabaly, Maire de l’Ile-Saint-Denis ;
Carinne Juste, Maire de Villetaneuse ;
Gilles Poux, Maire de La Courneuve ;
Patrice Bessac, Maire de Montreuil ;
Laurent Russier, Maire de Saint-Denis ;
Azzedine Taïbi, Maire de Stains