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Intrusion à la Pitié-Salpêtrière : "On a eu droit de nouveau à un mensonge d’État", accuse David Dufresne
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
"Cette nuit, on a eu droit à nouveau, je suis désolé de le dire, à un mensonge d’État", déclare David Dufresne. Ce journaliste et auteur du "recapitweete" des violences policières sur les manifestants “Allo @Place_Beauvau” sur Twitter était l'invité de franceinfo jeudi 2 mai.
En marge des manifestations du mercredi 1er mai, une cinquantaine de personnes ont tenté de s'introduire dans le service de réanimation de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Le parquet de Paris a ouvert une enquête.
Pour David Dufresne, il y a "des vidéos qui contredisent la version officielle qui a été martelée ce matin, et qui, depuis, est un petit peu moins martelée, parce qu’évidemment les choses ne se sont pas passées exactement comme la ministre de la Santé vient de nous le raconter".
franceinfo : Vous avez publié sous le signalement 746, une vidéo où l’on voit des CRS donnant des coups de matraques à un manifestant et en repousser d’autres vers l’hôpital, ce qui laisse penser que ces personnes auraient cherché à se réfugier à l’intérieur. Est-ce la version que vous défendez aujourd’hui ?
David Dufresne : Ce n’est pas la version que je défends, c’est la version que j’apporte et que j’apporte depuis mercredi soir vers 22h-22h30 quand monsieur Hirsch a commencé ses déclarations. Je pense qu'elles étaient tronquées, pour ne pas dire autre chose, j’ai commencé à recevoir effectivement des vidéos, non pas une, non pas deux, mais quatre, j’en suis maintenant à six. Des vidéos qui contredisent la version officielle qui a été martelée ce matin, et qui depuis ce matin est un petit peu moins martelée, parce qu’évidemment les choses ne se sont pas passées exactement comme la ministre de la Santé vient de nous le raconter.
Oui, les gens sont entrés dans un hôpital, oui ils le savaient, et certains sont entrés par une autre entrée, universitaire, mais qu’importe. Pourquoi ces gens sont-ils entrés ? Parce qu’ils étaient dans une "nasse". Une "nasse", c’est une manœuvre policière qui est décommandée par le défenseur des droits dans son rapport de 2017. C’est un endroit où l'on bloque les gens, où on les asperge de gaz lacrymogène. Il y avait également au moment des faits mercredi après-midi, un canon à eau qui aspergeait, les gens ont voulu fuir.
J’ai une dizaine de témoignages écrits, très longs, corroborés, qui sont très précis, de gens qui parlent de vomissements, qui étaient pris dans un mouvement de panique et oui manifestement le portail de l’hôpital a été forcé. Pourquoi ? Parce que les gens fuyaient les matraques, fuyaient les gaz lacrymogènes, fuyaient la doctrine que le ministre de l’Intérieur essaie de mettre en place depuis maintenant plusieurs semaines. Aller à l’affrontement, ça veut dire qu’il y a un mouvement de foule en face. Le maintien de l’ordre est la gestion du mouvement de foules. Et donc on a eu droit à nouveau, je suis désolé de le dire, à un mensonge d’État. On ne peut pas dramatiser, théâtraliser les choses.
Est-ce que vous allez dans le sens de Jean-Luc Mélenchon, qui parle sur twitter "d’une manipulation du système" ?
Ce qu’il y a, c’est que cette manipulation est très grosse et grossière. On va voir dans les comparutions immédiates qui ne vont pas tarder si la vidéosurveillance qu’on nous promet va montrer ce que la directrice de l’hôpital disait mercredi soir, contredite par les aides-soignants du service de réanimation, qui disent qu’il n’y a pas eu d’intrusion. Si vous insistez, bien sûr qu’il s’est passé quelque chose de pas terrible, on est tous d’accord avec ça, mais racontons les choses telles qu’elles se sont passées. Ne tronquons pas. Quand ils parlent "d’attaque", ils mentent. C’est un mensonge.
Il y a eu tout de même des témoignages de personnels de l’hôpital parlant de tentative d’entrée proche du service de réanimation. Est-ce qu’on ne peut pas imaginer que deux scènes aient eu lieu en même temps ?
Je citerai ce que la ministre de la Santé vient de dire sur votre antenne, je ne suis pas là pour qualifier les faits. Si j’en crois les aides-soignants interrogés par BFM jeudi matin, ce n’est pas ce qu'il s’est passé. Ça ne serait pas ce qui se serait passé, on va voir, pas de précipitation.
Ce qui m’attriste depuis cinq mois, ce sont ces mensonges répétés, cette manipulation, cette façon de tweeter systématiquement par le ministre de l’Intérieur, par d’autres, de ne pas aller dans la connaissance, de ne pas être dans la documentation, de ne pas être dans la compréhension des choses. D’être immédiatement dans la condamnation avant même que justice se fasse, avant même que les enquêtes aient lieu, et là, manifestement depuis cette nuit, je reçois et d’autres journalistes commencent à recueillir énormément de témoignages qui vont à l’encontre de la version officielle qui a été martelée dès mercredi soir.