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Quelle orientation pour la FSU ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.emancipation.fr/spip.php?article2081
Les congrès des organisations syndicales laïques (CGT, FO, FSU, Solidaires) sont des moments de débats sur les revendications et les perspectives que doit porter le syndicalisme. Ce débat est d’autant plus d’actualité au vu de la situation sociale et politique actuelle. Dans le cadre de la préparation du congrès de la FSU (décembre 2019), voici le texte d’orientation présenté au suffrage des syndiqué.e.s par la tendance Émancipation (1).
Il faut rompre avec les politiques au service du capitalisme : baisse du “coût du travail”, reculs sociaux, autoritarisme, guerres, destruction des équilibres écologiques. La France est tout autant touchée : suppressions d’emplois, attaques contre les statuts et les garanties collectives, les libertés fondamentales. Et dans l’École : contre-réforme des lycées et du baccalauréat, Parcoursup, loi Blanquer…
Mais cette politique est massivement rejetée, comme l’ont montré la mobilisation des personnels contre les réformes Blanquer, les “gilets jaunes” manifestant chaque semaine, le recul partiel à Notre-Dame-des-Landes… mais même rejeté, Macron continue à imposer ses diktats.
Retrouver un syndicalisme offensif en sortant du “dialogue social”Dans cette situation, le pouvoir multiplie les “concertations” : ainsi pour les contre-réformes de la SNCF, de la Fonction publique, des lycées et de Parcoursup, la loi Blanquer sur l’école… Les directions syndicales ont accepté ce cadre, ce qui a constitué un point d’appui pour Macron : le syndicalisme n’a pas pu ou voulu apparaître comme une alternative crédible, ce qui a rendu plus difficiles les luttes. Faire face aux agressions implique de cesser de se fourvoyer dans les multiples “concertations” et “groupes de travail” gouvernementaux.
Mais pour cela un changement d’orientation est nécessaire, tel est le sens des propositions d’Émancipation.
Dans l’immédiat : combattre cette politique
L’urgence est de caractériser clairement et de combattre cette politique :
1) exiger le retrait ou l’abrogation de toutes les contre-réformes anti-sociales : celles sur les lycées et le bac, le recrutement et la formation des personnels, la loi “pour l’école de la confiance”, loi “anti-casseurs”, sur la Fonction publique et les retraites…
2) mobiliser par une plateforme revendicative unifiante :
- création de tous les postes statutaires nécessaires ;
- salaires : fin du gel du point d’indice et rattrapage des pertes, indexation sur l’inflation, réduction des inégalités salariales (augmentation uniforme de 300 euros et SMIC à 1500 euros nets) ;
combattre la précarité et sa généralisation : aucun licenciement, arrêt du recrutement hors statut, titularisation immédiate de toutEs les précaires sans condition de concours ni de nationalité… et donc pas touche au statut général de la Fonction publique !
- droits des personnels : les méthodes de management et l’autoritarisme s’aggravent : saccage des instances paritaires, intimidations, menaces et/ou sanctions disciplinaires… opposons-y la solidarité collective, la suppression des dispositifs d’individualisation, la liberté d’expression des personnels et usagers ;
- retour à la retraite à 60 ans (55 pour le 1er degré) avec 37,5 annuités et 75% du dernier salaire.
Urgence pour les libertés !
Ce qui se passe depuis plusieurs mois est inouï : milliers d’interpellations, centaines de personnes mutilées ou blessées par la police, poursuites judiciaires contre toute protestation, manifestations empêchées et attaquées (et bientôt interdites ?!) comme le 1er mai à Paris… les droits les plus élémentaires de manifester et de revendiquer sont en danger. La réponse du mouvement ouvrier et démocratique se doit d’être elle aussi sans précédent :
construction d’un front large, de collectifs unitaires à tous les niveaux ;
informer et organiser un soutien CONCRET aux victimes de la répression d’État, et se défendre face à l’extrême-droite.
Mais si les conquêtes sociales et démocratiques doivent être préservées et étendues, elles seront fragiles tant que la logique du capitalisme prévaudra.
Une perspective anticapitaliste, dans l’école comme dans la société
C’est pourquoi le syndicalisme doit ouvrir la perspective d’une autre société :
- remise en cause de la propriété capitaliste des moyens de production et d’échange : expropriation des grands groupes industriels et banquiers, rupture avec les institutions au service de ce système (FMI, Union Européenne, 5e République)…
- élaboration d’un projet scolaire émancipateur : cela implique des moyens suffisants (limitation des effectifs par classe), la liberté pédagogique, former des esprits libres et critiques avec une logique de coopération et non de compétition ou d’exploitation précoce (Service national universel, apprentissage). Et donc une éducation vraiment gratuite y compris dans le Supérieur, un enseignement polyvalent et polytechnique de la maternelle à l’université, sans tri social ni orientation précoce ;
Laïcité
Ni paravent de la xénophobie, ni morale de maintien de l’ordre social, ni tolérance des cléricalismes, elle est une condition pour la liberté de conscience et l’égalité des droits. Il faut donc s’opposer dans l’unité à toute remise en cause de la loi de 1905 et abroger tous les dispositifs anti-laïques (loi Debré).
Une école émancipatrice et unifiée nécessite la nationalisation laïque de l’enseignement privé sans indemnité ni rachat.
- solidarité internationale : touTEs les travailleurEs ont les mêmes intérêts par-delà les frontières. Soutenir les peuples en lutte pour leur liberté (Palestine, Syrie, Kurdistan…) ; agir pour l’annulation de la dette des pays dominés ; combattre l’impérialisme français et sa politique : néo-colonialisme, Françafrique… sont des devoirs élémentaires ;
- égalité des droits, face au racisme d’État et aux discriminations : stop à la chasse aux migrantEs et à la xénophobie qui oppose les travailleurs entre eux ! Pour y faire face, agissons pour l’égalité des droits FrançaisEs/immigréEs, la régularisation de touTEs les sans-papiers... et l’abrogation des lois xénophobes (loi Collomb) ;
- écologie : les bases même de la vie sont menacées par le profit capitaliste. Outre des mesures immédiates (sortie du nucléaire, préservation des espaces “naturels”…), il est urgent d’opérer un changement économique global pour y mettre un terme ;
- mobilisations féministes et LGBTQI+ : abrogation des lois qui renforcent la précarité et les inégalités des droits, y compris dans la sphère quotidienne, exigence de mesures contraignantes contre les violences.
Transformer le syndicalisme pour le renforcer !
Organiser ces combats nécessaires, la direction UA/ÉÉ de la FSU s’y refuse. Raison de plus pour voter “non” à son rapport d’activité et au rapport financier qui en est la traduction concrète, mais surtout pour que les personnels se réapproprient leurs syndicats :
dans la perspective de l’unification syndicale dans une confédération unique, sur la base de la lutte de classe et de la démocratie syndicale : pluralisme et droit de tendance ; compte-rendus des instances et débats ; favoriser l’expression des fractions les plus dominées du salariat comme les précaires, les femmes et les immigréEs, les jeunes…
dans les luttes : assez des “journées d’action” sans perspective ! Construisons un vrai rapport de forces : par la grève et sa généralisation, l’unité public-privé, y compris en allant jusqu’au blocage du pays ;
au quotidien : organiser la solidarité, informer et soutenir les mobilisations locales, faire vivre les sections syndicales de base.
Les personnels ont montré récemment dans divers endroits la voie à suivre pour gagner sur les revendications :
- actions de refus, grèves locales, AG parfois massives…
- information et mobilisation sur les dangers des mesures programmées ;
- plateformes demandant clairement le retrait des contre-réformes et y opposant des revendications unifiantes, tout en construisant des convergences avec d’autres luttes (gilets jaunes par exemple) ;
- mobilisation à partir de la base, pour contrôler et coordonner leurs luttes, en se dotant d’AG et de collectifs jusqu’au niveau national (coordination nationale)… sans opposition avec les nécessaires initiatives syndicales nationales.
C’est ainsi qu’on peut construire le rapport de forces nécessaire face aux prochaines agressions gouvernementales.
Retraites
Défendre les retraites solidaires comme le code des pensions, est contradictoire avec le système de retraites “par points” que veut mettre en place le gouvernement après un an de “concertations”. Face au projet destructeur qu’il entend imposer, c’est la préparation de la riposte par tous les moyens nécessaires, et notamment la grève de toutes les catégories jusqu’au retrait… qui s’impose.