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La précarité du travail éloigne les jeunes de l’engagement syndical
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Une étude menée par quatre chercheurs remet en cause l'idée d'une génération asyndicale. Malgré un taux de syndicalisation très bas, les jeunes croient encore à l'action collective au travail. Le principal frein : leur plus grande exposition à la précarité.
Dans la fonction publique, le secteur marchand, les organisations associatives, partout, un même mouvement semble en marche : le désengagement syndical des jeunes salariés. Selon la Direction de la recherche du ministère du Travail (Dares), seuls 5 % des moins de 35 ans adhèrent à une organisation syndicale, contre 11,2 % pour l'ensemble des salariés. Les données de la CFDT et de la CGT vont dans le même sens : à peine 5 % des adhérents ont moins de 30 ans, le chiffre tombe à 2 % pour les moins de 25 ans. Un effet d'âge ? De génération ? Pas seulement.
Pas de désamour des syndicats
Une étude, coécrite par Sophie Béroud, Camille Dupuy, Marcus Kahmann et Karel Yon, se penche sur le rapport des jeunes au syndicalisme. Menée à partir d'enquêtes qualitative et quantitative, elle bat en brèche plusieurs idées, à commencer par le désamour supposé de la nouvelle génération envers les organisations syndicales : malgré un faible taux de mobilisation, les 18-29 ans croient encore à l'action collective au travail. Ils sont d'ailleurs plus nombreux que leurs aînés à déclarer faire confiance aux syndicats (49 % contre 39 % pour les plus de 30 ans).
A cette situation paradoxale, les causes sont multiples. Sans surprise, le secteur d'activité, la taille de l'établissement et la présence (ou non) de représentants du personnel sont des facteurs déterminants de l'adhésion : « les jeunes salariés du secteur marchand et associatif ont presque trois fois moins de chances d'être syndiqués que les jeunes salariés de la fonction publique », confirme l'étude. La précarité du travail des jeunes nuit aussi à la syndicalisation : « la part des salariés âgés de 15 à 24 ans en contrat à durée indéterminée (CDI) a chuté de plus de 30 points depuis le milieu des années 1980 », alors que la part des CDI parmi les actifs est restée stable sur la période.
En moyenne, 6,4 % des jeunes salariés en CDI ou titulaires de la fonction publique sont syndiqués contre moins de 2 % pour ceux en CDD, en intérim ou en contrat aidé. Les jeunes précaires sont encore moins syndiqués que l'ensemble des salariés précaires.
Quelques initiatives ont certes été créées (Jeunes CGT, Rassemblement de jeunes pour la CFDT), mais les syndicats ne se sont toujours pas vraiment emparés du sujet , regrette l'étude. Elle se penche également sur les conditions d'engagement des jeunes et relève trois cas de figure. « Que ce soit par socialisation familiale, par opportunité ou par reconversion militante, la syndicalisation et les parcours syndicaux diffèrent », insistent les auteurs. « Un des défis majeurs pour le mouvement syndical consiste sans doute dans la prise en compte et l'intégration de cette pluralité de rapports à l'engagement. »