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Elections en Bolivie: Morales en tête, mais contraint à un second tour inédit
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le socialiste, qui vise un quatrième mandat, a récolté près de 45 % des voix devant le centriste Carlos Mesa, après le dépouillement d’environ 84 % des bulletins.
Le président bolivien sortant, Evo Morales, est arrivé, dimanche 20 octobre, en tête de l’élection présidentielle, suivi de près, selon des résultats partiels, par son principal adversaire, le centriste Carlos Mesa, le contraignant à un second tour inédit dans ce pays.
Pour éviter un second tour, qui aura lieu le 15 décembre, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40 % des voix avec 10 points de pourcentage d’écart sur le second. Or le socialiste Morales remporte 45,28 % des voix, tandis que M. Mesa totalise 38,16 % des votes, a annoncé vers 20 heures locales (2 heures du matin lundi en France), la présidente du Tribunal suprême électoral bolivien, Maria Eugenia Choque, avec près de 84 % des bulletins dépouillés.
« On est au second tour ! », s’est réjoui, devant ses partisans survoltés, Carlos Mesa, en prenant connaissance des premiers résultats dans son QG de campagne au sud de La Paz.
Peu après, depuis le palais présidentiel dans le centre de la ville, face à des centaines de partisans du Mouvement vers le socialisme (MAS) qui scandaient « Evo, tu n’es pas seul ! », le chef de l’Etat a dit faire confiance au vote des zones rurales pour éviter un second tour. « Le peuple bolivien s’est imposé pour continuer le processus de changement », s’est-il félicité en référence au nom du programme du gouvernement.
Neuf candidats aspiraient à diriger la Bolivie, mais seul Carlos Mesa, un journaliste de 66 ans qui fut déjà président entre 2003 et 2005, semblait en mesure de faire trébucher le chef de l’Etat de 59 ans, jusqu’ici systématiquement élu dès le premier tour.
« Malaise citoyen »
L’opposition a appelé à un « vote sanction », le camp présidentiel au « vote sûr ». Après avoir voté, le vice-président Alvaro Garcia Linera a enjoint les électeurs à « penser à la tranquillité de la Bolivie », en mentionnant les violentes manifestations au Chili et en Equateur.
Collier de fleurs et chemisette blanche, le chef de l’Etat a voté dans son fief du Chaparé (centre), une des régions de production de coca. Avant de repartir pour La Paz, Evo Morales s’est dit « optimiste » et « confiant en la démocratie ». De son côté, Carlos Mesa a dit dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP) craindre des fraudes car le parti de M. Morales « contrôle tous les organes de l’Etat ».
Pour la politologue bolivienne Maria Teresa Zegada, « le pouvoir a remplacé les politiques destinées à toute la population par d’autres qui ne servent les intérêts que de certains secteurs, et des leaders de l’opposition ont été persécutés ». « Tout cela a provoqué un malaise citoyen et donné l’impression que la démocratie était en danger », analyse-t-elle dans un entretien à l’AFP.
En outre, la décision de M. Morales de briguer un quatrième mandat, malgré le « non » lors du référendum de février 2016 sur la suppression du nombre de mandats maximum (c’est finalement la Cour suprême qui a éliminé la limitation des mandats en 2017), est très mal vue par une partie des Boliviens et critiquée par l’opposition, qui estime que le pays pourrait verser dans l’autocratie en cas de nouvelle victoire.
Un fort taux de croissance économique
Tant les partisans du Mouvement vers le socialisme (MAS) au pouvoir que ceux de l’opposition, dont certains secteurs ont appelé à la « rébellion », ont promis de descendre dans la rue en cas de victoire du camp adverse.
Enfin, les gigantesques incendies qui ont ravagé en août et septembre une zone presque de la taille de la Suisse ont provoqué l’indignation des peuples indigènes, qui accusent Evo Morales d’avoir sacrifié la Pachamama, la Terre mère en langue quechua, pour étendre les terres agricoles et augmenter la production de viande destinée à la Chine. Les défenseurs de l’environnement mettent en cause une récente loi autorisant une augmentation de 5 à 20 hectares de la déforestation par brûlis.
De son côté, M. Morales a fait campagne en insistant sur sa réussite économique (maintien d’une croissance économique élevée, forte réduction de la pauvreté, niveau record de réserves internationales), qui a fait de la Bolivie un des pays avec le meilleur taux de croissance de la région.
Dans ce pays de 11,3 millions d’habitants, le vote est obligatoire. Les 7,3 millions d’électeurs boliviens ont voté dimanche pour leurs président – mandat de cinq ans – et vice-président, ainsi que pour leurs 130 députés et 36 sénateurs.