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Les PDG du CAC 40 ont gagné en moyenne 277 fois le smic en 2018
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Au moment où le Secours catholique constate une hausse de la pauvreté en France, le cabinet Proxinvest révèle que les salaires des grands patrons ont augmenté de 12 %.
Il y a les très pauvres et les très riches. Au moment où le Secours catholique publiait un rapport annuel confirmant une hausse de la pauvreté en France en 2018, déjà soulignée par l’Insee, Proxinvest révélait, mercredi 6 novembre, une progression de 12 % de la rémunération des patrons du CAC 40. Elle a atteint, en moyenne, 5,77 millions d’euros l’an dernier, soit 277 fois le smic ou 152 fois le salaire brut moyen des Français. Un niveau sans précédent depuis 2003, selon le cabinet de conseil aux actionnaires.
Les dirigeants du CAC 40 gagnent aussi 90 fois le salaire de leurs employés (contre 73 fois en 2014). Ce ratio dit « d’équité » est d’autant plus intéressant que la loi Pacte, votée au printemps, impose aux entreprises la publication des écarts d’évolution salariale des dirigeants par rapport à celle de leurs équipes. Or, la progression de la rémunération de ces dirigeants est « trois fois plus rapide que celle des salariés », a souligné Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest, lors de la présentation de ce rapport.
Le cabinet conclut une fois de plus à « une absence de justification de l’ampleur des hausses, tant sur plan de la performance actionnariale que de la cohésion sociale ». Dix ans après la crise financière de 2008, ces revenus (salaire fixe, part variable, actions gratuites, jetons, avantages en nature…) marquent « un nouveau record » dans un pays qui n’est pas le plus inégalitaire parmi les nations développées, mais où la crise des « gilets jaunes » a révélé une forte aspiration à une répartition plus juste des richesses.
« Dérive »
Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes (ici à L’Elysée, en mars), a été le dirigeant le mieux payé de France en 2018, avec 33,1 millions d’euros. LUDOVIC MARIN / AFP
Cette « dérive » de l’année 2018 s’explique d’abord par les hausses du top 4 des patrons les mieux payés. Car la rémunération moyenne des PDG ou directeurs généraux des 120 plus grosses « boîtes » cotées (SBF 120) est, elle, en baisse de 4 % (à 3,6 millions d’euros). Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes (logiciels de conception), a brouillé les cartes : son entreprise a intégré le CAC 40 en 2018 et c’est le dirigeant le mieux payé de France avec 33,1 millions, un montant qui s’explique pour l’essentiel par la valorisation des 30 millions d’euros d’actions gratuites dites « de performance » qu’il possède. Même avec le chiffre de l’entreprise (22,9 millions), un peu moins optimiste que Proxinvest sur la capacité du dirigeant à atteindre tous ses objectifs, il caracole en tête.
François-Henri Pinault, PDG de Kering, occupe la deuxième place avec 17,3 millions (la société retient le chiffre de 12,2 millions), en y intégrant la société d’investissement familiale Artemis. Poursuivi par la justice japonaise, Carlos Ghosn, ex-numéro un de Renault-Nissan, a gagné 14,3 millions l’an dernier, même s’il a été privé d’actions gratuites et de retraite. Patron omnipotent fixant lui-même sa rémunération, il l’avait gonflée de 137,5 % chez Nissan (13,3 millions).
La moins justifiée est celle du PDG du groupe parapétrolier franco-américain TechnipFMC. Douglas Pferdehirt arrive quatrième (11,7 millions), « alors que la société affiche des pertes nettes de 1,7 milliard et une baisse de 16 % de son chiffre d’affaires ». Et même de 61 % de son cours de Bourse depuis la fusion de 2017, quand Technip, le fleuron français des grands projets parapétroliers, a été absorbé, avec l’aval de l’Etat, par FMC, le petit groupe de Houston (Texas). Enfin, le PDG de L’Oréal ferme le quinté de tête avec 9,5 millions (− 0,5 %). Jean-Paul Agon reste le dirigeant qui bénéficie de la rente de retraite (1,57 million) et du salaire fixe (2,2 millions) les plus élevés du CAC 40.