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Pourquoi la CGT tente le coup de force sur le secteur pétrolier en janvier
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La fédération CGT des industries chimiques a appelé à bloquer l'ensemble des installations pétrolières du 7 au 10 janvier. Au terme de ces quatre jours, elle décidera ou non de passer à la vitesse supérieure, en fonction de la mobilisation nationale. Le risque de pénurie est néanmoins faible.
Le timing n'est évidemment pas choisi au hasard, alors que la fédération CGT des industries chimiques (Fnic) a appelé au blocage de toutes les installations pétrolières du 7 au 10 janvier prochain.
Soit une période de 96 heures, durant laquelle gouvernement et partenaires sociaux se réuniront pour trouver une issue à la crise, mais qui couvrira également la grande manifestation interprofessionnelle contre la réforme des retraites du 9 janvier.
Du côté de la CGT, le constat est clair : depuis le 5 décembre, les blocages de raffineries ou de dépôts se sont faits en ordre dispersé et perdu de fait leur efficacité. Alors que la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) est totalement bloquée, celle de Donges (Loire-Atlantique) l'est seulement 72 heures par semaine, tandis que le site de Feyzin (Rhône) ne se mobilise que lors des journées interprofessionnelles.
Blocages « physiques »
Cette fois, le syndicat veut rassembler ses forces et réaliser un gros coup à partir du 7 janvier. L'appel au blocage concerne tout autant les raffineries, les dépôts, les avitailleurs (qui fournissent les avions en carburant) que les ports sur lesquels débarquent les bateaux remplis de pétrole. C'est en fait la seule solution pour bloquer l'approvisionnement des stations-service, et contrer la logistique mise en place au fil des années (notamment la multiplication des raffineries et des dépôts sur l'ensemble du territoire).
« Christophe Castaner nous dit qu'il n'y a que 2 raffineries bloquées sur 8 et qu'il n'y a donc pas de risque de pénurie. C'est donc qu'il faut que les huit soient à l'arrêt pour qu'il bouge », selon Thierry Defresne, délégué central CGT chez Total. « Force est de constater qu'une grève sans impact, ce gouvernement ne la regarde même pas ».
Des militants devraient, en outre, organiser le blocage « physique » des dépôts qui ne seraient pas en grève. « Ce n'est pas un appel à la violence, mais à la désobéissance citoyenne », assure le dirigeant syndical.
Faible risque de pénurie
Au bout de quatre jours, les capacités de stockage des raffineries seront arrivées à saturation, et le choix se posera en ces termes : laisser sortir le carburant ou mettre les sites à l'arrêt. Si la deuxième option est choisie, le scénario peut s'avérer imprévisible. « Il peut y avoir des pénuries localement, le temps que cette logistique s'organise », reconnaît un responsable de l'Union française des industries pétrolières (Ufip). « Le facteur le plus important, c'est l'attitude des automobilistes, qui peuvent modifier leurs habitudes ».
Malgré tout, « le risque de pénurie totale est très faible », poursuit le responsable. Les stocks stratégiques et la possibilité d'importer du pétrole (50 % du gazole français vient déjà de l'étranger) donnent en effet une marge de manoeuvre de plusieurs semaines à l'Etat.
Test à la rentrée
En réalité, l'action décidée par la branche chimie de la CGT fait figure de test. En 2016, cette dernière avait peu goûté de s'être retrouvée « isolée » lors de la mobilisation contre la loi El Khomri, après 24 jours de grève et une mise à l'arrêt des installations. « Lors de la rentrée du 6 janvier, il y aura un retour en force, notamment à la RATP et à la SNCF. On soutient évidemment le mouvement, mais on aimerait que tout le monde se mobilise », indique Thierry Defresne.
La semaine s'annonce déjà décisive. Une éventuelle mise à l'arrêt des raffineries se décidera donc en fonction de la mobilisation dans le pays, notamment le 9 janvier. « On saura s'il y a un deuxième élan ou si on a perdu », reconnaît le dirigeant.