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Lutte contre la réforme chômage
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.zones-subversives.com/2021/03/lutte-contre-la-reforme-chomage-edito-n-46.html
La classe dirigeante française aime barboter dans les eaux troubles du racisme. Immigration, insécurité ou Islam restent leurs thèmes de prédilection pour détourner le regard des conséquences sociales de la crise économique. Évidemment, la gauche woke tombe joyeusement dans le piège du débat identitaire. Une mouvance décoloniale, traquée comme "islamo-gauchiste", s'oppose au camp national-républicain. Les intellectuels et militants sont sommés de choisir leur camp. Nejib Sidi Moussa retrace la généalogie de ce débat fumeux. La guerre civile dans l'Algérie des années 1990 oppose déjà deux camps meurtriers avec les islamistes et les militaires. Peu d'intellectuels décident de se tenir à distances de ces deux camps sanguinaires.
Le débat sur le "séparatisme" masque également l'hypocrisie républicaine. L'État français impose une ségrégation sociale mais aussi ethno-raciale dans sa distribution des logements HLM. Hacene Belmessous revient sur la collaboration des pouvoirs locaux avec les islamistes pour alimenter une clientélisme communautaire. Le séparatisme reste davantage un choix de l'État et des pouvoirs publics que de la population immigrée. Que des éclairages sur le sujet proviennent du site de la très pondérée revue Esprit, qui abrite même des textes du jeune Macron, en dit long sur la médiocrité du débat intellectuel en France.
Le meilleur moyen d'enterrer les polémiques nauséabondes, c'est le retour des luttes sociales. Le mouvement contre la réforme de l'assurance chômage peut permettre de relancer une dynamique de lutte. Des théâtres et lieux culturels sont occupés par des intermittents et précaires. Un bilan du mouvement des intermittents en 2014 permet d'analyser les limites de cette agitation. La défense de la culture nourrit le corporatisme et l'interclassisme des intermittents.
Les directeurs de lieux autorisent les occupations. Mais ils militent avant tout pour la réouverture de leurs établissements. Le Syndeac, qui regroupe le petit patronat artistique, œuvre dans le même sens. En revanche, ce mouvement comprend aussi des techniciens et des artistes précaires. La nouveauté, ce sont les nombreux jeunes qui ne parviennent pas à décrocher un premier emploi et doivent survivre sans indemnités. La grande famille de la culture reste traversée par des contractions de classe trop souvent éludées.
Ensuite, le corporatisme perdure. Des tentatives existent pour s'ouvrir aux précaires, aux intérimaires, aux saisonniers et aux chômeurs. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas. Les vendredis de la colère, avec des occupations de Pôle emploi, ont vite dégénéré en happening inoffensifs qui respectent scrupuleusement le cadre de la légalité et des gestes barrières. Ce n'est pas avec ce type de démonstration insignifiantes qu'une force collective peut se construire.
Certes, la période reste à la résignation du côté de notre camp social. Les Gilets jaunes ont montré qu'il est possible de faire trembler le pouvoir. Mais ils ont aussi montré l'impuissance d'une révolte populaire qui refuse de franchir les portes des entreprises. Néanmoins, les luttes sociales restent le seul moyen de ne pas se laisser écraser sans broncher. Il semble important de comprendre leurs limites pour les dépasser. Le mouvement des occupations pourrait aussi permettre des rencontres entre précaires en lutte pour développer des pratiques d'action directe et ouvrir des perspectives de rupture avec le capitalisme.
Dans cette période morose, il semble important de souligner le bonheur d'être internationaliste. Des grèves de masse éclatent à travers le monde, notamment dans les pays d'Asie du Sud-Est. Pour surjouer le propagandisme gauchiste, il est possible d'affirmer qu'il n'y a jamais eu autant de travailleurs et travailleuses en grève qu'actuellement. Plus sérieusement, la révolte en Inde montre la détermination du prolétariat international à relever la tête pour sortir de ses conditions de vie d'exploitation et de misère.
Sommaire :
Lutte des classes en France
Résistances et luttes sociales en France
Barbara Stiegler, philosophe en grève
Mouvement écologiste
Cornélius Castoriadis penseur de l’écologie
Écologie et théorie de l’effondrement
Pratiques artistiques
Collages et créativité contestataire
Jeu et stratégies de Guy Debord
Claire Fontaine et l'art de la grève humaine
Hollywood et idéologie