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"On ne va pas bouder notre plaisir", réagit David Dufresne, après la censure de l’ex-article 24 de la loi sur la "sécurité globale"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
David Dufresne a réagi sur franceinfo à la décision du Conseil constitutionnel. "C'est une victoire pour la liberté d'informer et d'observation", a-t-il déclaré.
David Dufresne, réalisateur du film Un pays qui se tient sage qui porte sur les violences policières, a salué vendredi 21 mai sur franceinfo la censure par le Conseil constitutionnel de l’ex-article 24 de la loi sur la "sécurité globale", devenu article 52 une fois la loi adoptée par le parlement le 15 avril. "On ne va pas bouder notre plaisir", réagit David Dufresne. Cet article prévoit de punir pénalement la diffusion dans un but malveillant de vidéos de policiers. Le réalisateur estime que cet article est une réponse "maladroite et liberticide" du gouvernement au débat sur les pratiques policières.
franceinfo : Saluez-vous la décision du Conseil constitutionnel ?
David Dufresne : Je la salue, bien sûr. On ne va pas bouder notre plaisir. Mais quand je dis notre plaisir, ce n’est pas contre des gens, c'est pour tous, en fait, parce qu'évidemment, les choses sont présentées de manière insidieuse. On vous explique que c'est pour protéger les policiers. En fait, les policiers qui demandent à être protégés, légitimement, le sont déjà. La loi, déjà, prévoit tout ce qu'il faut et c'est fort heureux. C'est-à-dire qu'un policier qui est menacé de mort a des recours. Un policier qui subit des diffamations, il a des recours et encore plus que quelqu'un d'autre. Ce n'est pas une victoire contre les policiers, c'est une victoire pour la liberté d'informer et d'observation.
L’article 24 peut-il être réécrit ?
ll faut faire un petit point de droit. Une proposition de loi, ce sont les députés qui la proposent, un projet de loi, c’est le gouvernement. Et depuis le début, on nous fait croire que c'est un projet des députés alors qu'en réalité, c'est le projet de Gérald Darmanin. Donc déjà là, il y a mensonge puisque normalement, lors d'un projet de loi, il y a notamment ce qu'on appelle des études d'impact. Il y a tout un tas de choses que le gouvernement a voulu s'éviter. Il a voulu passer en force. Il n'y est pas parvenu.
C’est quand même Jean Castex qui a saisi le Conseil constitutionnel...
Il savait très bien qu'il y aurait fiasco. Le Conseil constitutionnel dit : "C'est tellement flou que vous allez revoir votre copie". Cet article était une réponse, à mon avis, maladroite et liberticide, contre le fait que tout d'un coup, depuis 2-3 ans la question des pratiques policières, la question de la nature de la police, de sa doctrine, des ordres qui lui sont données sont enfin débattues. Cela fait des années qu'on réclame ça. Aujourd'hui, ce débat a lieu. Il a lieu grâce à quoi ? Grâce aux images.
L’utilisation des images de policiers et les menaces sur les réseaux sociaux restent-elles un problème ?
J’étais à la manifestation des policiers l'autre jour. J’y suis allé pour filmer parce que j'aime bien filmer. J'y suis allé en observateur parce que j'aime bien savoir de quoi je parle. J'y suis allé pour écouter le désarroi des policiers. Je n’ai pas entendu un seul mot sur les suicides des policiers. Je n'ai pas entendu un seul mot sur la véritable souffrance des policiers, qui est celle des suicides, qui est celle du chiffre, etc. Ce que j'ai vu sur grand écran, ce sont des images de réseaux sociaux retournées, c'est-à-dire des policiers, et c'est leur droit, ont diffusé des images de policiers caillassés, agressés. Les policiers ont bien compris aussi ce que signifient ces images-là. Mais ils voudraient pouvoir diffuser des images - ils l'ont fait devant l'Assemblée nationale - qui leur seraient favorables et ils voudraient interdire les autres. Ce n'est pas possible, ça n'est pas conforme à la Constitution. C'est ce que le Conseil constitutionnel a dit et ce n'est pas conforme à la Déclaration des droits de l'homme.