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Scission au NPA : la direction accusée de "droitiser" le parti
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Scission au NPA : la direction accusée de "droitiser" le parti (marianne.net)
En panne d’adhérents, le NPA créé en 2009 est en voie d’implosion. 300 opposants à la direction actuelle font aujourd’hui scission pour pousser la candidature d’un des leurs à la présidentielle, Anasse Kazib, et défendre un projet révolutionnaire « pur ».
« Un long processus d’exclusion », c’est ainsi que 296 militants du NPA expliquent leur départ du parti créé en 2009 par Olivier Besancenot pour succéder à la Ligue Communiste Révolutionnaire. Après des mois de discorde avec la direction, accusée de vouloir transformer le parti en une branche de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, près de 300 militants quittent aujourd’hui le navire pour de nouveaux horizons révolutionnaires.
Ces militants, ce sont ceux de la branche « Révolution permanente », à la fois courant idéologique et média en ligne très lu à gauche. Fervents soutiens des gilets jaunes, ses partisans veulent accompagner la « nouvelle génération militante, débordante de radicalité et à la recherche d’une alternative politique qui porte cette radicalité » qui serait apparue depuis 2016, comme ils l’expliquent dans le texte officialisant cette séparation. Selon eux, la stratégie de la direction du NPA irait à l’encontre de cet horizon révolutionnaire.
Plus prosaïquement, cette scission intervient alors qu’un membre de ce courant, Anasse Kazib, a annoncé début avril son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2022. Marianne le présentait récemment : « cheminot, militant marxiste et syndicaliste chez SUD Rail, il a été une figure du mouvement de 2018 opposé à l'ouverture à la concurrence et à la fin du statut de cheminot ». Ancienne « Grande Gueule » sur RMC, il est invité sur les plateaux de télévision comme TPMP de Cyril Hanouna, pour offrir la réplique à l’extrême droite. Pour les sympathisants de « Révolution permanente », il incarne cette nouvelle vague militante radicale qu’il faudrait encourager.
« COMPROMISSION » AVEC LFI
À l’opposé de ce projet d’un parti proche de la base, la direction du NPA est accusée, toujours dans ce texte, de mener « une politique de compromission avec la gauche institutionnelle ». Dans leur viseur, les alliances du NPA avec La France Insoumise dans deux régions pour les élections régionales. En Nouvelle-Aquitaine, Clémence Guetté, est candidate sous les étiquettes LFI, NPA et Communistes et en Occitanie LFI et le NPA se sont aussi alliés derrière Myriam Martin pour défendre une « gauche de combat ». Pour les signataires, ces alliances constituent un « tournant ». Elles sont d'ailleurs conspuées au-delà de ce cercle. Ce vendredi 11 juin, le porte-parole du NPA Gironde, Laurent Delage a officiellement appelé à voter pour la liste Lutte Ouvrière, contre celle siglée LFI-NPA…
Les réfractaires accusent par ailleurs la direction d’avoir tout mis en œuvre pour provoquer cette scission, pour éviter de devenir « minoritaire » au sein du parti. Auprès du Monde, la porte-parole nationale Christine Poupin, proche d'Olivier Besancenot, assume dès juillet 2020 « qu’il faut acter la séparation de fait au lieu de se nuire mutuellement ».
« ACTER LA SÉPARATION DE FAIT »
En octobre, après une réunion houleuse, des militants de la branche encore majoritaire du NPA avaient dressé la liste des difficultés imputées à la branche dissidente : « débats impossibles (voire invectives), absence d’élaboration commune, remplacée par la distribution des bons et des mauvais points pour savoir qui serait révolutionnaire et qui ne le serait pas, rupture de la solidarité militante et financière, affirmation publique de différents courants en concurrence avec les apparitions et les médias du NPA ».
Le NPA, descendu à 2000 adhérents en 2018 alors qu'il en revendiquait 10000 à sa création en 2009, vit avec cette scission un nouvel épisode douloureux alors qu’il peine à exister depuis 2017 et la candidature de Philippe Poutou qui avait recueilli 1,2 % des suffrages. Des difficultés telles que le courant trotskiste représenté en France par le NPA mais aussi Lutte Ouvrière serait proche de disparaître, selon le journaliste Laurent-David Samama. En 2019, tandis que le mouvement était absent des élections européennes, il expliquait à Marianne que « l’époque les contredit tellement qu’ils n’ont ni les fonds ni le courage de mener le combat des urnes ».