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Macron sur le décès d’Alain Krivine
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Décès d'Alain Krivine. | Élysée (elysee.fr)
Figure de proue de la gauche radicale, ancien dirigeant de la Ligue communiste révolutionnaire, l’incandescent Alain Krivine s’est éteint hier, après une vie de luttes politiques menées sous la bannière rouge.
Né à Paris durant la Seconde Guerre mondiale, Alain Krivine venait d’une famille de Juifs ukrainiens qui avaient trouvé refuge en France après avoir fui les persécutions antisémites du XIXe siècle et qui trembla de nouveau pour sa survie sous l’Occupation. À 17 ans, tout imprégné du communisme familial et rêvant de grands soirs, il entrait aux Jeunesses communistes avec ses quatre frères.
Mais il prit bientôt fait et cause pour l’indépendance de l’Algérie, combattant ouvertement la ligne de son parti. Cette divergence devint pas de côté : rompant avec le stalinisme de sa famille et de ses pairs, il se rapprocha alors des mouvements trotskistes. Le verbe haut, la pensée leste, il transformait régulièrement les chaires de la Sorbonne en tribunes politiques. N’hésitant pas à contester les gardiens de la faucille et du marteau, il ne tarda pas à être exclu du parti. Il créa alors, avec quelques autres voix dissidentes, la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, qui allait être aux premiers rangs des manifestations contre la Guerre au Vietnam comme celles de Mai 68. Sur les barricades parisiennes, pavé ou microphone à la main, Alain Krivine fut l’un des gavroches de la révolte étudiante.
Mais en juin, lorsque la force repassa dans le camp gaulliste, la JCR fut dissoute par décret. Alain Krivine qui ne voulait rien céder de ses idées, rien cesser de ses actions, fut emprisonné quelques semaines. En 1969, il leur trouva une nouvelle incarnation, en fondant la Ligue communiste aux côtés de Daniel Bensaïd, Henri Weber et Charles Michaloux. Une myriade d’intellectuels et d’artistes plébiscita alors sa candidature à l’élection présidentielle, dont il récusait pourtant le principe même. Voulant néanmoins faire entendre la voix révolutionnaire sur les ondes et les écrans de France, il lança toutes ses forces dans la bataille, mena une campagne « rouge », récolta un peu plus d’1% des suffrages français, et repartit à l’assaut de l’Elysée en 1974, malgré la dissolution de la Ligue après des rixes entre ses militants et des membres d’un mouvement d’extrême-droite qui valurent à Alain Krivine un nouveau passage en prison.
Ses révoltes jamais ne faiblirent, ses engagements jamais ne tiédirent. Faisant mentir ceux qui lui prédisaient que sa radicalité passerait avec l’âge, Alain Krivine vécut son existence le poing levé. Révolutionnaire corps et âme, il voulait changer la vie et ne changea jamais d’avis, prenant part durant plus d’un demi-siècle à toutes les luttes d’émancipation – étudiantes, prolétaires, syndicalistes, féministes, antiracistes et antifascistes.
Lui qui dirigeait la Ligue communiste révolutionnaire depuis 1974 choisit en 1999 de faire liste commune avec Lutte Ouvrière pour les élections européennes. C’est ainsi qu’il décrocha à 58 ans, après déjà quarante années de combats politiques, son premier mandat électif, pour lequel il fut un temps épaulé par un jeune assistant parlementaire, Olivier Besancenot. C’est à lui qu’il transmit le flambeau de la LCR pour les élections présidentielles de 2002 et 2007, avant que le parti ne se dissolve pour laisser place au Nouveau Parti Anticapitaliste.
Le Président de la République salue une vie d’engagement et de militantisme menée avec cette soif inaltérable, cet espoir inentamé de justice et d’égalité. À sa famille et ses amis, à ses anciens collègues et camarades, à tous ceux qu’il a inspirés, il adresse ses condoléances respectueuses.