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    Carole Delga propose un "vrai partenariat" au gouvernement

    Lien publiée le 22 mai 2022

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Carole Delga : « Le PS a préféré le tripatouillage électoral et la soumission » (lejdd.fr)
     INTERVIEW - La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, propose « un vrai partenariat » au  gouvernement. Elle fustige l’« accord de renoncement et de soumission aux Insoumis » signé par le Parti socialiste
    Carole Delga, le 15 octobre 2021.

    Considérez-vous Élisabeth Borne comme une femme de gauche ?
    Elle a un passé à gauche. Mais je juge sur les faits : depuis cinq ans, Élisabeth Borne a appliqué une politique marquée par l’injustice. Et porte aujourd’hui un projet néolibéral qui va fracturer encore plus ce pays.

    Vous l’avez eu au téléphone jeudi. Pourquoi ?
    En tant que présidente de Régions de France, je lui ai demandé de recevoir l’ensemble des présidents de Région fin juin-début juillet. Elle a accepté. Je lui lance un appel : que ce gouvernement mette en place un vrai partenariat avec les élus locaux. Il faut rétablir une République de la confiance, pour plus de proximité avec les citoyens. Aujourd’hui, nous devons travailler ensemble pour apporter des solutions aux gens, notamment sur le pouvoir d’achat, l’accès aux soins, financer un grand plan d’infrastructures dans les transports et mettre en place une vraie transition écologique.

    Les gens qui n’ont comme boussole que leur intérêt personnel, ça m’indigne

    Emmanuel Macron vous a-t-il proposé le poste de Première ministre ?
    Pas directement, mais certains de ses proches m’ont testée. Ma réponse a été rapide : je ne peux être Première ministre d’un gouvernement de droite. Je suis très attachée à la cohérence, la crédibilité et à la fidélité aux valeurs, et je me l’applique dans mon parcours. Si j’ai écrit ce livre sur Jaurès (Jean Jaurès – Les convictions et le courage, Privat), c’est parce que j’avais été affectée par ces trahisons d’hommes et de femmes de gauche rejoignant Emmanuel Macron. Les gens qui n’ont comme boussole que leur intérêt personnel, ça m’indigne.

    Que pensez-vous de la composition du gouvernement ?
    Il y a le casting et le tempo, savamment orchestrés, et puis il y a la seule chose qui compte : la politique qui va être menée. Et là, il n’y a pas de doute : le cap, c’est à droite toute. L’absence d’un ministère du Logement, premier poste de dépenses des ménages, ou encore des transports, qui sont le quotidien des Français, montre également la déconnexion avec les réalités du terrain.

    Estimez-vous possible que Jean-Luc Mélenchon soit Premier ministre après les législatives ?
    Je n’aime pas vendre des salades à mes concitoyens, même si j’en ai vendu pour financer mes études. Je ne veux pas accréditer cette fable comme quoi on élit un Premier ministre ! Il ne faut pas laisser croire ça aux Français. Pour que le prochain Premier ministre soit de gauche, il aurait fallu un programme solide et sérieux, ce qui n’est pas le cas. Mais contre la retraite à 65 ans, contre le démantèlement de l’hôpital public, contre l’exploitation des bénéficiaires du RSA, il faut envoyer le plus possible de députés de gauche à l’Assemblée. Une opposition forte et qui propose. Et puis… Jean-Luc Mélenchon dit : « Élisez-moi Premier ministre » et il ne se présente même pas, où est la cohérence ?

    Être nommé sans être élu est arrivé à d’autres…
    Oui mais eux ne demandaient pas à ce qu’on les élise Premier ministre ! Là, il y a une incohérence et même une forme de duperie, une volonté de créer de la confusion.

    Dans cette Nupes, il y a des désaccords profonds, des omissions majeures !

    En signant cet accord, Olivier Faure place-t-il le PS sous la tutelle de Jean-Luc Mélenchon ?
    C’est un accord de renoncement et de soumission aux Insoumis. L’union de la gauche, j’en suis convaincue, est la seule issue, et elle est opérante dans nombre de nos territoires. J’ai toujours porté ce message. L’union est forte quand le rassemblement est sincère. Dans cette Nupes, il y a des désaccords profonds, des omissions majeures ! Les signataires sont divisés sur les questions internationales, énergétiques, économiques, sur l’État de droit et la laïcité. Rien que ça ! C’est un manque de respect pour les Français. On leur dit : « Voilà le programme, mais sur ces quatre thèmes on ne peut pas vous dire ce que nous allons voter. » Franchement, je ne crois pas que les Français comprennent cela.

    À quoi pensez-vous concrètement ?
    La politique énergétique notamment le nucléaire, la « désobéissance » européenne, le soutien militaire à l’Ukraine et le rapport à l’Otan. Il est aussi évoqué des « réquisitions d’entreprise ». Ou encore la question de l’amnistie des casseurs durant le mouvement des Gilets Jaunes : on revient à une justice discrétionnaire. Enfin, sur le burkini, Jean-Luc Mélenchon dit ne pas être « le président des piscines ». Quelle désinvolture vis-à-vis du droit des femmes et des principes mêmes de la laïcité !

    « On a le droit d’être en opposition, mais provoquer des dissidences et contester une ligne adoptée démocratiquement, ce n’est pas respectable… » Que répondez-vous à Olivier Faure qui critique ainsi votre position ?
    Je ne réponds pas à Olivier Faure par médias interposés.

    La clause première de cet accord est de reconnaître que Jean-Luc Mélenchon en est le leader, tout est dit !

    Croyez-vous que la Nupes survivra aux législatives ?
    Je ne crois pas car c’est un accord électoraliste. Déjà, Julien Bayou nous explique qu’il y aura des votes différenciés. D’eux-mêmes, ils reconnaissent que l’accord n’est pas finalisé. La politique, c’est sérieux. En Occitanie, pour 6 millions d’habitants, on avait présenté un projet qui traitait de tous les sujets. Il n’y avait pas de sujets dissimulés ou habilement rédigés.

    Comment expliquez-vous qu’Olivier Faure ait signé cet accord ?
    Il n’y a eu aucune discussion de fond, aucun dialogue avec les militants et les élus. Pour nombre de gens, la Nupes, c’est un accord de places entre copains. Comment agir avec un programme où il y a tant de flou ? Nous avions d’autres possibilités. Et d’abord celui de faire le choix des convictions et du courage. Le PS a préféré le tripatouillage électoral et la soumission à Jean-Luc Mélenchon. D’ailleurs, la clause première de cet accord est de reconnaître que Jean-Luc Mélenchon en est le leader, tout est dit !

    Il y aura 70 candidats socialistes investis par la Nupes et près d’une cinquantaine de dissidents. Votre parti est presque coupé en deux…
    Je n’aime pas ce terme de « dissident ». Le nombre important de candidats de gauche indépendants témoigne d’un sentiment d’injustice qui prédomine, de gens qui sont attachés à leurs valeurs, leur engagement. Pour se présenter comme candidat socialiste, il faut du courage et ça, je le respecte.

    Quel sera leur rattachement à la fois politique et financier ?
    Politiquement, les candidats socialistes se déclareront évidemment PS. Quand ils ne sont pas PS, ils seront divers gauche. Sur le rattachement financier, il y a un conventionnement avec le PRG, et ensuite je discuterai avec la direction du PS.

    Pour certains Insoumis, je suis la femme à abattre

    En soutenant des dissidents, risquez-vous l’exclusion ?
    Je ne connais pas les statuts du parti par cœur et je peux vous dire que ça ne m’empêche pas de dormir.

    Irez-vous soutenir des candidats PS de la Nupes ? Et d’autres ?
    Les candidats de la Nupes n’ont pas le droit de me contacter. La France insoumise le leur interdit. Pour certains Insoumis, je suis la femme à abattre. Mais je soutiendrai les candidats socialistes qui me donnent clairement leur position sur la question des territoires, des entreprises, de l’État de droit, de l’Europe, de l’Otan et de l’Ukraine. J’ai une colonne vertébrale politique, je ne suis pas une girouette.

    Vous comptez lancer des états généraux à la fin de l’été. Avec qui et pour quoi faire ?
    Quel est le message envoyé par les Français ? Ils veulent des élus exemplaires, dignes de confiance, qui apportent des solutions. C’est ainsi que j’ai fait reculer le RN de 10 points en proposant dans ma Région la rentrée scolaire la moins chère de France, le train gratuit pour les moins de 26 ans. Nous devons refonder la promesse républicaine par un projet de société juste et durable. Ces états généraux de la gauche, je les veux ouverts à tout le monde : citoyens, militants, intellectuels, associatifs, syndicalistes… Le but est de les organiser à la rentrée. Ce ne sera pas seulement deux ou trois rencontres, des ateliers seront répartis sur toute la France. Nous créerons une plateforme numérique et une « assemblée des jeunes » pour mieux prendre en compte leurs attentes. Nous avons besoin d’une énergie positive, pas de violence et d’affrontement. Je ne veux pas d’un rendez-vous d’apparatchiks ou de sachants, mais partir des attentes des gens et libérer leur parole.

    Ces états généraux déboucheront sur un projet de société et dessineront un programme pour changer la vie

    Pour quel débouché politique ?
    Ces états généraux déboucheront sur un projet de société et dessineront un programme pour changer la vie. Quelle est la forme politique que cela prendra ? Nous verrons plus tard, ce n’est pas l’essentiel.

    Excluez-vous d’être candidate lors du prochain congrès du Parti socialiste cet automne ?
    Quand on fait moins de 2 % à une élection présidentielle, on se remet au boulot et on ne se demande pas qui sera le roi ou la reine d’un parti très affaibli. Les Français en ont marre de ça. Mon sujet, c’est comment on amène des solutions aux gens.

    Et comment justement ?
    Refaire République avec des principes forts. Il faut en finir avec une société qui fonctionne par castes, où les enfants d’ouvriers mettent cinq générations à devenir cadres. Nous devons nous attaquer aux racines mêmes du déclassement social et territorial qui créent de fait une classe d’insécurisés, notamment en remettant l’éducation et la santé comme piliers de la République. Sur la question du communautarisme, aucune faiblesse ; sur l’aide aux entreprises, on travaille avec elles dans un rapport exigeant. Et, surtout, retrouver une société apaisée, du dialogue. Les Français veulent l’union : l’union au sein de la société, l’union avec la nature car on ne peut pas continuer à avoir un modèle de développement aussi destructeur.