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    Après la scission du NPA

    NPA

    Lien publiée le 27 décembre 2022

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Après la scission du NPA – Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc.org)

    La scission-duplication du NPA le 10 décembre dernier, si elle était attendue, est en soi une mauvaise nouvelle dans les couches militantes, car porteuse de désordre et de confusion. Il est assez rare, dans l’histoire du mouvement ouvrier, que les scissions soient des affaires claires et nettes. Pour prendre des exemples autrement grands, les scissions Marx/Bakounine ou bolcheviks/mencheviks furent initialement bien obscures et embrouillées et elles n’ont revêtu tout leur sens qu’après coup – et encore. Mais dans le cas du NPA, on peut difficilement faire plus obscur et plus embrouillé, d’où le désarroi que ceci peut engendrer parmi celles et ceux qui avaient mis de l’espoir dans le projet d’un nouveau parti anticapitaliste.

    A vrai dire, les deux « camps » ont chacun leur récit assez simple : pour les uns, la vie commune avec une bande de fractions chiantes et pénibles était devenue impossible, pour les autres, on a voulu rompre avec eux parce qu’on a les yeux de Chimène pour la « gauche institutionnelle » (LFI, Union Populaire, NUPES …). Récits, de part et d’autre, sincères. Mais qui, finalement, participent de la confusion car ils reposent sur des non-dits politiques et des impasses communs aux tenants de chacun des deux récits.

    En premier lieu, l’idée que la question du pouvoir politique en France soit réellement posée aujourd’hui, par la combinaison entre l’impasse au sommet, impasse dont la NUPES et ses membres sont des composantes et non des solutions, et la recherche depuis les luttes d’en bas de l’affrontement avec le pouvoir (Gilets jaunes, retraites), est un impensé des uns et des autres. Curieusement, on se réfère à Trotsky et à son Programme de transition en occultant complètement sa méthode, qui ne consiste pas d’abord à faire évoluer les masses par des revendications destinées à leur donner des idées, ni à faire évoluer de même les courants que l’on voudrait voir évoluer, mais à partir des revendications quotidiennes que l’on n’invente pas, mais qui sont là, pour aller « invariablement vers une seule et même conclusion : la prise du pouvoir par le prolétariat » et à agir et débattre sur cette base.

    Que ceci puisse avoir un rapport avec notre réalité contemporaine et nationale est refoulé au moyen de tableaux idéologiques de la situation, qui serait une situation de repli, de fascisation, de réaction rampante, pour les uns, de frénésie protestataire, de secousses et de « luttes, luttes, luttes » pour les autres, ou les deux en même temps, mais qui, ni dans un cas ni dans l’autre, ne voient le mouvement réel tenter naturellement de se généraliser en se centralisant contre le pouvoir.

    Dans ce cadre, la gauche officielle est perçue en fait de la même manière entre la « majo » et les « fractions » qui lui donnent des signes contraires. Pour les uns, le fait qu’une unité électorale-parlementaire partielle ait été réalisée sous l’égide de J.L. Mélenchon serait un pas en avant, car dominé par LFI, laquelle ne serait pas sociale-libérale ni droitière façon Roussel, mais, en somme, réformiste de gauche avec des aspects « centristes » (pour employer un vieux mot codé : entre réformisme et révolution). Pour les autres, c’est la même chose sauf que le réformisme de gauche, c’est très vilain car ça regarde à droite, n’est-ce pas. L’impensé et impensable dans ces schémas est le fait que LFI est née de la crise des partis traditionnels causée par la protection qu’ils ont apporté aux gouvernements successifs et au régime de la V° République, mais comme une tentative populiste-bonapartiste, et nullement « réformiste de gauche », d’en finir avec les vieux partis voire avec les vieux syndicats et tout le vieux mouvement ouvrier.

    D’ailleurs, par un hasard objectif très significatif, le même jour que la scission du NPA s’ouvrait ce qui sera sans doute la principale crise existentielle de LFI, suite au coup d’État interne nommant Manuel Bompart proconsul, qui a provoqué ce qu’il voulait interdire : la manifestation de courants.

    Implicitement donc, la non-prise en compte de la question du pouvoir comme question sociale réelle en France et la confusion consistant à prendre LFI pour un réformisme de gauche forment un socle commun à des approches symétriquement opposées, l’une espérant tirer parti de cet imaginaire réformisme de gauche, l’autre entendant le combattre dans « les luttes et dans la rue », l’une et l’autre n’envisageant aucun débouché politique dans la prochaine période en France.

    Troisième impensé, ou plutôt à peine-pensé : le besoin international, et donc national aussi, d’une recomposition imposée par la guerre de destruction impérialiste de l’Ukraine. Par un autre hasard objectif (décidément …), la scission avait lieu en même temps que la manifestation à l’ambassade russe à laquelle le NPA avait, avec d’autres, appelé le 10 décembre. La mobilisation pour le peuple ukrainien des militants du NPA est insuffisante y compris dans sa « majo » qui contresigne le mot-d’ordre « troupes russes hors de toute l’Ukraine ». Mais du côté des « fractions », le campisme est ouvertement présent, avec des nuances entre telle et telle. C’est là un vrai clivage, mais dont la prise de conscience demeure assez faible entre ses tenants.

    Voilà qui nous indique que l’impression de renvoi dos-à-dos que peuvent donner les lignes précédentes doit être nuancée : si l’on était obligé de choisir (mais heureusement on ne l’est pas car le monde est plus vaste) entre « majo » et « fractions » la possibilité de respirer et de débattre serait réelle avec la première, écrasée avec les secondes. Leur « NPA maintenu » est l’adjonction de trois fractions-sectes (les deux issues de LO, Fraction l’Étincelle devenue Convergences révolutionnaires, Voix des Travailleurs devenue Démocratie révolutionnaire, et Anticapitalisme et Révolution qui semble la fraction « motrice » de la coalition, autour de Gaèl Quirante, spécialisée dans le gauchissement, l’animation et la multiplication des journées d’action appelées par SUD ou la CGT), plus le groupe à présent réduit de Socialisme ou Barbarie (lié au Nouveau MAS argentin).

    Le fait qu’il ait fallu des années et des années à la « majo » relative pour rompre avec elles en y laissant des plumes, en finissant par quitter son propre congrès en leur laissant la salle, provient des impasses précédemment signalées, puisque les divergences sur la question du pouvoir et sur le reclassement international du mouvement ouvrier restent confuses et/ou inexprimées.

    De plus, le tableau de cette scission doit être complété par la scission/exclusion d’une fraction opérée un an avant, à savoir le CCR « Révolution Permanente » lié au courant international que dirige le PTS argentin, qui a tenté de présenter la candidature d’Anasse Kazib aux présidentielles, et par l’existence d’un courant tampon (la « plate-forme A » de l’ARC, Association Révolutionnaire Communiste), elle-même affectée un an avant de la scission/exclusion de la « Tendance Claire » qui est allée dans LFI la première pour faire évoluer le « réformisme de gauche » vers les « idées révolutionnaires ».

    Sans oublier les oubliés : les militants et comités de base demeurés sur la touche, qui ne se reconnaissent dans aucun ou dans plusieurs à la fois, mécontents à juste titre.

    Au total, l’impression négative de confusion causée par cet épilogue d’un feuilleton interminable et d’ailleurs interminé, est à notre avis lié au manque de clarté sur ces trois questions politiques centrales : la question du pouvoir et du régime en France, la nature de LFI (et de sa crise désormais ouverte), et, surtout, la situation internationale.

    Or, nous ne saurions perdre de vue ce fait majeur : la Quatrième Internationale – « SU » a été et est un point d’appui fondamental pour la formation du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine, l’ouverture internationale aux contacts et échanges avec le Sotsialny Rukh ukrainien, la formation à présent d’un réseau mondial (et d’ailleurs, elle a ce printemps pris ses distances avec la fraction-secte campiste américaine Socialist Action, qui a des liens en France avec le courant Anticapitalisme et Révolution).

    Sur le terrain, nous nous retrouvons avec ses militants les plus engagés dans ses structures internationales ainsi qu’avec des militants liés à cette organisation mais extérieurs au NPA (du côté des rameaux de Ensemble ! notamment). Pour nous, les reclassements et regroupements nécessaires sont liés à la stratégie révolutionnaire internationale, dont relève la question du pouvoir en France. C’est là l’étape à laquelle il faudrait passer.

    26/12/2022.