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    Décès d’Esteban Volkov (1926-2023), le petit-fils de Trotsky

    Lien publiée le 18 juin 2023

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Sieva-Esteban Volkow, 1926-2023. – Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc.org)

    Esteban Volkow, dit Sieva, vient de mourir à l’âge de 97 ans. Sa vie a été déterminée par son grand-père, puisqu’il était le fils de Platon Volkow, mort en Sibérie en 1937, et de Zinaida Volkowa, suicidée à Berlin en janvier 1933, elle même fille de Léon Trotsky, assassiné en août 1940, et d’Alexandra Lvovna, première épouse de Léon Trotsky, tuée en Sibérie en 1937. Son enfance a donc été ballotée par l’exil et ce sont finalement Alfred et Marguerite Rosmer qui le conduisent à Mexico, où il fréquentera son grand-père et Natalia Sedova et connaîtra le traumatisme de l’assassinat d’août 40 et des tentatives qui l’ont précédé.

    Toute sa vie, Sieva devenu Esteban a fièrement assumé le rôle de « petit-fils de Trotsky ». Trotskyste lui-même ? Non affilié, et révolutionnaire, partisan de l’émancipation humaine, et lié aux descendants d’autres familles d’exilés ayant abouti au Mexique, celles d’Andreu Nin ou de Victor serge. Tel ou tel courant le présentera sans doute comme ayant été son « partisan », mais il est resté en fait un héritier digne et sourcilleux de la tragédie du XX° siècle que nous payons en ce XXI°.

    Nul doute qu’il n’était pas réductible à cette figure du « petit-fils » qu’il assumait intégralement. Esteban Volkow fut un véritable mexicain et a vécu sa vie au Mexique, jusqu’assez tard dans ce qui avait été la maison de Trotsky qu’il a ensuite gérée comme musée. Chimiste de réputation internationale, il a contribué de manière importante à la mise au point de la pilule contraceptive et de ses procédés de production.

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    Hommage à Esteban Volkov (1926-2023), gardien de la mémoire de Léon Trotsky (revolutionpermanente.fr)

    Esteban Volkov, petit-fils du militant communiste révolutionnaire Léon Trotsky et conservateur de la maison-musée León Trotsky à Coyoacán, est mort ce vendredi 16 juin. Il avait dédié sa vie à la préservation et à la diffusion de l’héritage de son grand-père.

    Hommage à Esteban Volkov (1926-2023), gardien de la mémoire de Léon Trotsky

    Esteban Volkov est mort ce vendredi 16 juin à l’âge de 97 ans. Petit-fils de Léon Trotsky, il n’avait jamais cessé de défendre l’œuvre de son grand-père. En 2019, à 93 ans, il participait encore à impulser, aux côtés du Centro de Estudios, Investigaciones y Publicaciones León Trotsky, une campagne pour dénoncer le documentaire mensonger Trotsky que Netflix diffusait alors en partenariat avec le gouvernement russe. Une initiative dans la continuité du travail qu’il a mené tout au long de sa vie pour faire vivre la mémoire de son grand-père, notamment en tant que conservateur de la maison-musée Léon Trotsky. Un rôle souligné en mars 2021, à l’occasion d’un hommage en présence de Esteban, alors âgé de 95 ans, à Mexico.

    Une enfance d’exil et de deuil

    Vsevolod Volkov, qui hispanisera plus tard son prénom en Esteban, dit Seva, naît le 7 mars 1926, en pleine lutte contre l’emprise croissante de la bureaucratie en URSS. Il est le fils de Zinaida Lvovna Bronstein, première fille de Léon Trotsky, et de Platon Volkov, tous deux militants révolutionnaires russes. Dès 1927, Léon Trotsky, grand-père de Esteban, est exclu du parti bolchévique et exilé à Alma-ata. En 1928, alors que Seva n’a que 2 ans, son père, membre de l’Opposition lui aussi, est déporté en Sibérie. En 1929 Trotsky est définitivement expulsé vers la Turquie.

    Zinaida, mère d’Esteban et opposante au régime comme Trotsky, lui rend visite en 1931 après de nombreuses tractations avec les autorités et après que ces dernières aient exigé qu’elle n’emporte avec elle qu’un seul de ses enfants (elle en a alors deux, Esteban et Alexandra). Elle choisit alors d’emmener avec elle son fils. Une fois arrivée en Turquie elle est déchue de sa nationalité soviétique, ce qui l’empêche de retourner chercher sa fille qu’elle ne reverra plus jamais.

    Expulsés fin 1932 de Turquie, Trotsky part en France tandis que Esteban et sa mère s’en vont à Berlin chez Lev Sedov, demi-frère de Zinaida. Cette dernière se suicide en janvier 1933, rongée par la tristesse d’avoir perdu sa fille et son mari et brisée par la persécution stalinienne. Forcés de fuir l’arrivée au pouvoir des nazis, Esteban et son oncle partent en Autriche, qu’ils doivent à nouveau fuir lors de la « guerre civile autrichienne » de 1934, à l’issue de laquelle le mouvement ouvrier autrichien est écrasé par le régime. Ce nouvel exil forcé les conduits en France, où Sedov est assassiné par des agents staliniens en 1938.

    En parallèle d’autres nouvelles tout aussi tristes parviennent de Russie : Aleksandra et Platon, respectivement la grand-mère et le père de Esteban, meurent dans les goulags staliniens en 1935 et 1936. A la mort de Sedov, Esteban, qui n’a alors que 12 ans et a déjà perdu la plupart de sa famille proche, est enlevé par Jeanne Martin, veuve de Lev Sedov. Finalement retrouvé en 1939 par des proches de Trotsky, le garçon arrive en août de cette année-là au Mexique, où son grand-père vit depuis 1937.

    Un témoin et un passeur de mémoire

    Esteban Volkov est alors hébergé par son grand-père. Bien qu’ils ne soient restés qu’une année ensemble, il a souvent témoigné que Trotsky avait en tous points remplacé son père. Il est par ailleurs durant cette période un témoin de premier plan de plusieurs attaques d’agents staliniens contre son grand-père : le 24 mai 1940 un commando de 25 hommes pénètre dans la maison de Trotsky pour l’assassiner. Bien qu’ils échouent, Esteban est touché par une des balles des assaillants. Jusqu’à son décès, il était surtout le dernier témoin vivant de l’assassinat de son grand-père en août de la même année, un drame dont il a souvent raconté les détails avec émotions.

    Après cette énième tragédie, il continue de vivre au Mexique avec Natalia Sedova, veuve de son grand-père. Il y étudie le génie chimique et fait partie des chimistes ayant fabriqué les premières pilules contraceptives. Il ne quittera plus jamais ce pays d’accueil, où il aura 4 filles et où il fondera le musée León Trotsky ainsi que l’Institut du droit d’asile qu’il dirigeait encore il y a quelques années.

    Durant toute sa longue vie il se fera le gardien résolu de l’héritage de son aïeul, publiant de très nombreux ouvrages, collectant autant d’archives qu’il le pouvait et ne cessant jamais d’entretenir la maison-musée Léon Trotsky. Bien que n’ayant jamais rejoint d’organisation trotskyste, le traumatisme de la persécution l’ayant trop durement affecté, Volkov avait toujours été très admiratif des militants trotskystes et de leurs combats. Il avait ainsi déclaré pour les 76 ans de la mort de Trotsky « les trotskystes portent en eux une particule de l’humanité future ».

    Nous, qui nous réclamons du courant fondé par Léon Trotsky, nous rendons hommage à l’importance du travail d’Esteban « Seva » Volkov, avec qui notre courant international a eu l’honneur de collaborer à de nombreuses reprises, dans le cadre notamment des publications des œuvres de Trotsky par le CEIP Léon Trotsky. Il aura su avec brio conserver la mémoire du révolutionnaire russe, et n’aura jamais cessé de mener un combat âpre mais nécessaire face aux calomnies, d’où qu’elles viennent, visant son grand-père

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    The death of Sieva Volkov, Trotsky’s grandson: a tribute to a great fighter by Alan Woods | Announcements | Announcements (marxist.com)

    (traduction automatique)

    Hier soir, à minuit et quart, j’ai reçu un appel téléphonique du Mexique m’annonçant des nouvelles qui m’ont profondément marqué. On m’a dit que mon vieil ami et camarade Esteban Volkov n’était plus. Bien que je ne puisse pas dire que cette nouvelle était totalement inattendue, puisqu’Esteban avait atteint l’âge mûr de 97 ans en mars, elle m’a néanmoins rempli d’un profond sentiment de perte irréversible, non seulement d’un ami très cher, mais du dernier lien physique restant avec l’un des plus grands révolutionnaires de tous les temps. Léon Trotsky.

    Je dois préciser d’emblée que je ne suis pas un homme sentimental et que je ne crois pas aux icônes, qu’elles soient religieuses ou politiques. Cela dit, il faut accepter comme un fait que les symboles jouent un rôle important dans la vie en général, et aussi dans la politique.

    Esteban Volkov était un symbole vivant important – le symbole de toute une époque révolutionnaire, une période héroïque de tempête et de stress, pleine de triomphes et de tragédies, qui a affecté la vie de millions de personnes et donc d’individus. Et peut-être nulle part ce fait n’est-il plus évident que dans la famille de Léon Trotsky et d’Esteban Volkov.

    Je connais Esteban depuis environ 34 ans. Notre première rencontre réelle a eu lieu en 1989 à Mexico, et elle a marqué le début de ce qui est devenu une amitié profonde et durable, fondée non seulement sur des affinités personnelles, mais surtout sur une solidarité politique fondamentale.

    Ma première impression d’Esteban en tant que personne était d’un caractère très amical, gentil et affable. Il était toujours prêt avec une blague, toujours souriant et riant. Mais j’ai remarqué quelque chose dès le début qui m’a profondément impressionné. Il avait les yeux bleus, ce qui m’a frappé comme étant un trait très russe. Mais il me semblait que quelque part derrière ces yeux souriants, il y avait un profond sentiment de mélancolie et une souffrance intense, qui était évident même s’il n’avait manifestement jamais eu l’intention de le montrer.

    Esteban Volkov et Alan Woods en 2006 / Image: Museo Casa de León Trotsky

    La raison de cela est vite devenue claire pour moi. Il m’a dit quand il avait 60 ans, et a répété ce point plusieurs fois par la suite : « Je suis le membre de ma famille qui a vécu le plus longtemps. » Ces paroles étaient très vraies. Mais avant d’aborder cette question (que je ne peux esquisser que très grossièrement à cause des contraintes physiques, que je vais expliquer), je dois vous dire pourquoi son nom est Volkov et non Bronstein ou Trotsky.

    Il ne portait pas le nom de son illustre grand-père. Mais alors, le nom de Trotsky lui-même avait un caractère entièrement accidentel, étant tiré de l’un des geôliers de Trotsky à l’époque tsariste et utilisé à des fins de travail souterrain comme pseudonyme.

    Trotsky a été marié deux fois ; le premier mariage a eu lieu en Sibérie où il a été exilé dans les premières années. De ce mariage naquirent deux filles, dont l’une, Zinaida, était la mère de Volkov. Son père, Platon Volkov, avait été un révolutionnaire bolchevique actif qui a été arrêté par Staline pour sa participation à l’Opposition de gauche de Trotsky dans les années 1920. Il a disparu dans le goulag de Staline, où il a ensuite été assassiné.

    J’ai appris d’Esteban (dont le vrai nom était Vsievolod, ou Sieva Volkov) qu’il n’avait absolument aucun souvenir de son père. Ce n’est que de nombreuses années plus tard que j’ai vu une vieille photographie floue de Platon Volkov que quelqu’un avait envoyée au Musée Trotsky au Mexique. À ma connaissance, cette photographie fanée était la dernière preuve de son existence

    En 1927, Staline fit expulser Trotsky du Parti communiste russe et l’exila, d’abord à Almaty au Kazakhstan, puis en Turquie, où il s’installa sur l’île de Prinkipo. Lorsque la mère d’Esteban, Zinaïda, a demandé la permission de rendre visite à Trotsky à Prinkipo, la permission a été donnée, mais Staline lui a seulement permis d’emmener son jeune fils Sieva avec elle, laissant derrière elle sa petite fille qui était encore un bébé, tandis que son mari restait en prison. Mais dès que Zinaïda a quitté le pays, Staline a ordonné que sa citoyenneté soviétique soit annulée. Ce fut un coup dévastateur porté à une personne qui souffrait déjà d’un grave traumatisme mental, et cela a scellé son destin. Trotsky l’envoya à Berlin pour recevoir un traitement d’un médecin qui exerçait dans le nouveau domaine de la psychanalyse. Mais il était déjà trop tard. Elle a succombé à la dépression et s’est suicidée en mettant sa tête dans un four à gaz. Sieva s’est donc retrouvée sans parent dans un pays étranger, qui était d’ailleurs englouti par la marée brune du nazisme : une perspective effrayante pour tout enfant.

    Jeune EV Image Museo Casa Leon Trotsky

    Ce qui m’a le plus frappé chez Esteban Volkov, c’est la nature irrépressible de son personnage / Image: Museo Casa de León Trotsky

    Trotsky a eu deux fils de son second mariage avec Natalia Sedova. Le plus jeune était Sergueï, qui a choisi de rester en Union soviétique et, n’étant pas politiquement actif, a été considéré comme en sécurité. C’était une grosse erreur. La soif sadique de vengeance de Staline était rassasiée non seulement contre ses ennemis immédiats, mais contre leurs familles entières. Sergueï a été arrêté et assassiné dans un camp de concentration. Mais c’est venu plus tard.

    Au moment de la mort de Zinaida, Léon Sedov, le fils aîné de Trotsky, était actif dans la direction de l’Opposition de gauche internationale à Berlin. Après la victoire d’Hitler, il s’installa à Paris pour établir un centre de l’Internationale dans cette ville, emmenant Sieva avec lui.

    Ce qui m’a le plus frappé chez Esteban Volkov, c’est la nature irrépressible de son personnage. Les épreuves et les tribulations de sa jeune vie auraient été plus que suffisantes pour détruire psychologiquement n’importe quel enfant. Mais pas Esteban Volkov. Il me racontait souvent avec grand plaisir les souvenirs de son séjour à Paris, où il errait librement, explorant et vivant des aventures le long des rives de la Seine. Mais ces plaisirs ne devaient pas durer longtemps. Le bras long du GPU s’étendait jusqu’à Paris et bien au-delà. Leon Sedov a été assassiné alors qu’il se remettait d’une opération à l’hôpital. Une fois de plus, Esteban Volkov était, en effet, orphelin.

    Un autre traumatisme a commencé lorsque la partenaire de Léon Sedov, un individu très déséquilibré, a revendiqué la garde de l’enfant et a vigoureusement contesté les tentatives de son grand-père de l’amener au Mexique, le seul pays qui avait accordé à Trotsky l’exil politique. En fin de compte, Trotsky a gagné son procès, et Sieva Volkov a été autorisé à partir pour rejoindre son grand-père à Coyoacán dans la banlieue de Mexico.

    Incidemment, il y a une lettre très touchante que Trotsky a écrite à Sieva à ce moment-là, l’implorant de ne pas oublier la langue russe. Son grand-père a fait valoir que Sieva avait une petite sœur en Russie et que tôt ou tard il pourrait la revoir et qu’il devrait donc pouvoir communiquer avec elle. En fait, la mère de Zinaida, Aleksandra Sokolovskaya, avait été arrêtée par Staline et envoyée dans un goulag où elle est morte. La petite sœur d’Esteban a disparu et a longtemps été supposée morte. De nombreuses années plus tard, cependant, grâce aux enquêtes du trotskyste français Pierre Broué, elle a été retrouvée vivante à Moscou, et dans les années Gorbatchev, Esteban a pu lui rendre visite. Mais il s’agit d’une rencontre tragique, pour deux raisons. Premièrement, comme Trotsky l’avait prédit, ils étaient incapables de communiquer entre eux dans une langue qu’ils pouvaient tous deux comprendre. De plus, elle était dans les derniers stades du cancer et est décédée peu de temps après.

    Pendant un certain temps à Coyoacán, Sieva découvre pour la première fois les joies d’une vie de famille. « C’était comme une petite famille », disait-il. Son grand-père le traitait avec tout le soin, l’attention et l’amour qui lui manquaient. Son récit de la bonté et de l’amour de Trotsky dément la calomnie souvent répétée selon laquelle Trotsky était un tyran cruel et dur. Je n’en dirai pas plus sur le sujet maintenant, car je l’ai déjà traité et j’y reviendrai sans aucun doute.

    Cette période idyllique à Coyoacán était comme un port paisible entre deux terribles tempêtes. Et le plus terrible était encore à venir. Le GPU a fait deux attaques contre la maison Trotsky. Dans le premier, Esteban a été blessé au pied par une balle perdue. Mais l’attaque a échoué dans son objectif, qui a été atteint quelques mois plus tard, en août 1940. Esteban n’avait que 14 ans.

    Je ne répéterai pas ce qui a été dit au sujet de cet événement sanglant. Cela a été raconté à plusieurs reprises par Esteban Volkov lui-même, mais à chaque fois j’ai remarqué une chose: quand Esteban a répété cette histoire, il semblait revivre les événements de cette terrible journée, comme s’ils s’étaient produits hier.

    Je n’avais aucun doute que lorsque Staline aurait appris la nouvelle de l’assassinat réussi, il aurait été ravi. Il aurait conclu « mission accomplie ». Cependant, il s’est trompé. Ce n’est pas une chose difficile de mettre fin à la vie d’un homme ou d’une femme. Nous sommes des animaux très faibles et tout peut nous tuer : un couteau, une balle ou un pic à glace. Mais il est impossible de tuer une idée dont le temps est venu.

    La lutte que Trotsky a commencée pour défendre l’héritage de Lénine et de la Révolution d’Octobre ne s’est pas terminée avec l’assassinat de Trotsky. Elle s’est poursuivie et se poursuit encore aujourd’hui. Et un rôle très important dans cette lutte a été celui d’Esteban Volkov, qui a consacré toute sa vie à défendre les idées de Trotsky et ce qu’il appelait « la mémoire historique ». L’expression la plus claire de cela a été son travail inlassable pour établir et défendre le musée de la Maison Trotsky à Coyoacán, qui est un point de référence important pour notre mouvement international.

    Son travail au Musée est loyalement poursuivi par Gabriela Pérez Noriega, la personne qui, plus que quiconque, a pris soin d’Esteban Volkov et a veillé à sa santé et à son bien-être pendant les dernières années de sa vie.

    La mort d’Esteban Volkov signifie la disparition du dernier lien physique avec Léon Trotsky. Mais cela ne signifie nullement la fin de la lutte que Trotsky a commencée, et à la poursuite de laquelle Esteban Volkov a contribué de manière non négligeable. C’est la fière affirmation de la Tendance marxiste internationale que nous sommes les continuants de cette grande tradition révolutionnaire, et nous nous engageons, sur la tombe d’Esteban Volkov, à continuer cette lutte jusqu’au bout.

    Il est regrettable que cette triste nouvelle m’ait parvenue alors que j’étais en vacances dans une maison d’un petit village du sud de l’Espagne où je n’ai pas les moyens les plus élémentaires d’écrire quoi que ce soit de sérieux. Je n’ai à ma disposition ni un ordinateur ni mes notes sur la vie et les œuvres d’Esteban Volkov, qui restent dans un tiroir de mon bureau à Londres. Je suis reconnaissant à l’aide d’un camarade qui a eu la patience et le dévouement de copier mes paroles dictées au téléphone. Mais je promets que dès mon retour à Londres, j’écrirai quelque chose qui rendra justice à la mémoire de ma chère amie et camarade Sieva Volkov.

    En attendant, enfin, je laisse le dernier mot à un poète grec qui exprime mes sentiments dans ce triste moment, beaucoup plus efficacement que tout ce que je pourrais écrire:

    Ils m’ont dit, Héraclite, ils m’ont dit que tu étais mort,

    Ils m’ont apporté des nouvelles amères à entendre et des larmes amères à verser.

    J’ai pleuré en me rappelant combien de fois toi et moi

    J’avais fatigué le soleil de parler et l’avait envoyé dans le ciel.

    Et maintenant que tu mens, mon cher vieil invité carien,

    Une poignée de cendres grises, il y a très, très longtemps au repos,

    Tes voix agréables, tes rossignols, sont encore éveillées;

    Pour la mort, il enlève tout, mais il ne peut pas les prendre.

    (Héraclite par Callimaque, traduit par W.J. Cory)