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    Tensions et démissions chez les syndicats signataires de l'accord emploi

    Lien publiée le 6 mars 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) Dans le cortège parisien, difficile de trouver ces adhérents ou ex-adhérents de la CFDT, de la CFTC ou de la CGC qui désapprouvent le texte sur la réforme du marché du travail. Ils avaient pourtant prévus de venir, sans banderoles ni badges syndicaux, pour participer à la journée d'action du mardi 5 mars pour dénoncer cet accord national interprofessionnel (ANI) de sécurisation de l'emploi signé le 11 janvier.

    Adhérents ou ex-adhérents de ces terois syndicats signataires, ils contestent ce texte et mêlent leur voix aux syndicalistes de la CGT et de FO à la veille de la présentation en conseil des ministres du projet de loi qui retranscrit cet accord.

    Combien sont-ils à contester l'accord chez les syndicats signataires ? Les confédérations évacuent rapidement cette question. Pour la CFDT, aucune tête ne dépasse. "Depuis la signature de l'accord, explique-t-on, nous avons organisé des débats dans toutes les régions avec des syndicalistes CFDT et partout, les salles étaient totalement acquises à l'accord, hormis un militant par-ci, par-là."

    Idem à la CFTC, où l'on "n'a pas enregistré plus de démissions que d'habitude. On ne peut pas dire qu'il y a 100 % d'adhésion à l'accord. Mais nous avons produit un tract d'explication et un argumentaire pour les militants".

    "A CAUSE DE L'ANI"

    Il y a pourtant eu quelques échanges internes musclés et quelques cartes d'adhésion déchirées. Jean-Pierre Ottavi, ancien secrétaire général de la CFDT métallurgie des vallées de la Seine et de l'Oise et secrétaire du comité d'entreprise de Grass Valley France, a démissionné de la CFDT le 1er mars. "A cause de l'ANI", dit-il comme plusieurs de ses collègues.

    Une décision grave, "comme un divorce". Lui qui a vécu chez Thomson "dix plans sociaux en vingt ans", est particulièrement gêné par les nouvelles dispositions en la matière.

    Par exemple, si, jusqu'à présent, " les critères d'ordre des licenciements prenaient en compte, en premier lieu, la situation sociale des salariés : ancienneté, âge, charge de famille, etc., demain, avec l'ANI, le critère compétence pourra être privilégié", déplore M. Ottavi. Mais comment mesure-t-on la compétence ? interroge-t-il.

    Il ne digère pas non plus les accords de maintien de l'emploi, qui enfermeront les syndicats dans une équation impossible : "soit j'accepte la baisse des salaires, soit j'accepte les licenciements", résume-t-il.

    "NOUS NE DEVONS RIEN LÂCHER"

    Jean-Claude Amand, secrétaire adjoint de la CFDT des entreprises agricoles et agroalimentaires de la Seine-Maritime, estime que l'accord "valide la logique du patronat et des sociaux libéraux sur l'obstacle au développement économique que serait le coût du travail trop élevé" et "le marché du travail trop rigide". "Dans les conditions actuelles, dit-il, nous ne devons rien lâcher des acquis sociaux obtenus par la lutte. Nous n'avons pas à être les faire-valoir de gouvernements quelle que soit leur couleur politique."

    Pour autant, "je reste à la CFDT, assume-t-il. Pour continuer le travail fait avec les copains. L'herbe n'est pas plus verte ailleurs."

    A la CFTC, le 10 février, Guy Benoist, président de la CFTC métallurgie de l'Isère, a dit tout le mal qu'il pense de cet ANI dans un courriel adressé à un responsable confédéral. "J'ai pris en compte le fait que nous sommes dans une guerre économique très forte, explique-t-il, et que c'est peut-être l'accord de la dernière chance pour garder nos usines. Mais je suis critique sur certaines dispositions qui ne répondent en rien à cet objectif."

    Il cite l'exemple du contrat à temps partiel d'une durée minimum de 24 heures hebdomadaires prévu par l'ANI, auquel il sera possible de déroger avec l'accord du salarié. "Ainsi, lorsqu'une personne aura le choix entre obtenir un contrat de 12 heures par semaine ou ne pas être embauché, cette mesure sera simplement contournée ."

    "BESOIN D'ÉCHANGES, DE DÉBATS D'IDÉES"

    Quant aux accords de maintien de l'emploi, prévus pour deux ans maximum, "rien n'interdit qu'à l'issue des deux ans qu'il y ait un nouvel accord pour deux ans", explique M. Benoist, en parlant de l'ANI comme d'une "immense régression sociale".

    Si certains ont changé d'étiquette syndicale, dans certains cas, c'est aussi le résultat d'une accumulation de conflits internes locaux, à laquelle n'a fait que s'ajouter un rejet de l'ANI. Ainsi, chez Microsoft, la quasi-totalité de la section CFTC est passée à la CGT en janvier. Pascal Vaché en faisait partie : "On avait besoin d'échanges, de débats d'idées. A la CGT, il y a une richesse. On a passé cinq heures à décortiquer l'ANI. Et il est certain que sur ce sujet, on est plus en accord avec la CGT qu'avec les signataires."

    Chez IBM, aussi, des tensions à la CFDT ont conduit une partie de l'équipe à passer à la CGT, comme Jean-Michel Daire, qui avait consacré plus de quarante ans de sa vie militante à la CFDT. "Cela s'est passé avant la signature de l'ANI, souligne-t-il. Mais si nous avions toujours été à la CFDT à ce moment-là, l'ANI aurait posé un sérieux problème."