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La ferme des Bertrand, de Gilles Perret
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https://lanticapitaliste.org/opinions/culture/la-ferme-des-bertrand-de-gilles-perret
Documentaire français, durée 1 h 22 min, sortie le mercredi 31 janvier.
Ce film documentaire raconte l’histoire d’une famille paysanne sur une période de cinquante ans, à trois moments différents. Il se trouve qu’en 1972, Marcel Trillat avait fait des images sur cette ferme pour un reportage télévisé. Un quart de siècle plus tard, Gilles Perret le réalisateur voisin de cette ferme qui se situe dans son village d’enfance, va à son tour filmer ces mêmes paysanEs qu’il connaît très bien et qu’il apprécie, qui sont alors à la veille de leur retraite. Enfin, vingt-cinq ans plus tard à nouveau, Gilles se remet à filmer la ferme avec la nouvelle génération qui prend la relève.
Lucidité
On suit ainsi, grâce notamment au montage de Stéphane Perriot qui permet des allers-retour simples entre les trois périodes, l’histoire touchante d’une famille au fil des générations. Nous y voyons les beaux paysages de montagne, la succession des saisons, les progrès techniques dans l’agriculture et ses conséquences sur les conditions de travail et de vie. Et puis surtout, nous entendons les paroles de ces paysans et paysannes, des réflexions parfois étonnantes, d’une lucidité et belle dignité, sur leur vie, leur amour de la terre et des animaux, de leur métier aussi. Tout y est paisible mais c’est un peu trompeur car le film montre les conditions de vie difficiles sans les dramatiser. Il y a les journées à rallonge, l’isolement, pas trop de liberté de mouvement avec l’attache toute l’année sur les terres et avec les bêtes…
Au pays du Reblochon
On ne sait pas si ça va aider ou pas : le film est sorti en pleine semaine de colère et d’opérations de blocages des agriculteurEs, mettant ainsi au-devant de l’actualité les vies galères pour les paysanEs, les plus modestes surtout, car on sait que les gros, les capitalistes de l’agriculture s’enrichissent et profitent bien du système productiviste. Dans le récit de Gilles Perret, c’est plutôt la petite paysannerie, qui ne cherche pas à grossir, qui s’en sort plutôt pas mal dans une vallée protégée (le pays du Reblochon) et qui ne détruit pas l’environnement avec des pesticides. C’est un film très intéressant, à la fois très humain, social et politique, qui permet une réflexion sur les modes de vie paysans, sur le travail, sur la transmission, sur la société.