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    Quand le verrou saute (un peu) au PG

    Lien publiée le 27 mars 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Mediapart) Ce samedi soir, en début de soirée, Jean-Luc Mélenchon quitte à la hâte le pot offert aux invités, pour rejoindre, le visage fermé, le premier rang de la salle où se tient le congrès du Parti de gauche. Avant qu’il ne revienne à son siège, l’assistance criait : « Démocratie ! Démocratie ! » Objet de la rébellion : la remise en cause de la procédure d’élection du nouveau bureau national (BN) du PG. La méthode, une liste de soixante noms proposés par une nébuleuse commission de désignation, irrite les délégués. La possibilité laissée de rayer les noms de la proposition dirigeante, afin de voter par la suite pour un des 55 recalés, ne les a guère apaisés.

    « Au final, 80% des bulletins ont été panachés, mais la liste reste quasiment la même », explique Eric Coquerel, l’un des proches de Mélenchon. Avec ce système, il était quasiment impossible statistiquement qu’il en soit autrement.

    D’autres réactions de la salle ont montré que la base militante du PG ne vivait pas si bien qu’annoncé la caporalisation du débat interne, sur l’air du « On est tous d’accord de toute façon ». Les statuts obligent en effet à fédérer 20% du conseil national pour pouvoir déposer un texte alternatif, préalable à la création d’un courant… Dans le bus nous emmenant au Parc Expo de Bordeaux, un jeune délégué disait son amertume : « J’ai quitté le NPA et je le retrouve ! » Il digère mal le fait qu’il suffise « que Mélenchon remettent en question l’euro, et tout le parti est engagé d’un coup » (lire notre autre reportage : « Pourquoi Mélenchon choisit l’escalade »).

    Le rajout d’une liste de noms « symboles de l’oligarchie » dans le texte d’orientation du congrès (Anne Lauvergeon, Jean-Pierre Jouyet, Laurent Joffrin…) a aussi soulevé de vives réactions. Bien que défendue par la direction du parti, cette dernière a été mise en minorité par le vote des délégués.

    Même si François Delapierre avait été ovationné quand il avait longuement détaillé cette liste dans son discours introductif, durant le débat, les critiques ont fusé. Comme celle de ce délégué, exprimée au micro sous les applaudissements : « On ne veut pas une liste noire de gens à abattre la révolution faite ». « Certains n’en voulaient pas, d’autres trouvaient que la liste n’était pas assez exhaustive… Les deux ont voté contre », explique l’élue parisienne Danielle Simonnet.

    « On est passé en 5 ans de 4 500 militants à 12 000, avec un fort renouvellement et des niveaux de discussion et de mémoire différents entre militants d’un même parti, explique de son côté Alexis Corbière. Tout se remet en débat un peu tout le temps… » Même topo chez Eric Coquerel : « Cela montre que le PG n’est pas un parti-carcan, verrouillé, comme le disent nos détracteurs ». Lui se félicite de ce qu’il nomme « un parti-assemblée générale », et rappelle que contrairement à des partis comme le PS ou le PCF, « il n’y a pas de congrès départementaux, donc pas de filtre préalable. Les militants sont directement issus de leurs comités, et s’expriment pour la première fois au congrès ».

    « Un parti, ce ne sont pas des cartes qui s’empilent »

    Bien que mis en minorité par sa base, Mélenchon en a pourtant remis une couche, lors de son discours de clôture, « puisqu’ici nous aimons les listes ». « Nous, nous ne disons pas “la finance est un adversaire qui n’a pas de visage, pas d’adresse” (ndlr comme Hollande dans son discours du Bourget). Nous, nous disons “Voici les noms, voici les adresses”». « Ça passe mieux à l’oral qu’à l’écrit », estime la conseillère régionale d’Île-de-France, Pascale Le Néouannic, qui a voté contre.

    Autre souci qui agace certains des 12 118 militants, dont un tiers de femmes et un cinquième de moins de 30 ans (selon les chiffres communiqués par Martine Billard) : la conservation du pouvoir par un noyau autour de Mélenchon, même si ce dernier assure avoir « lâché prise de la direction effective du parti depuis le dernier congrès ». « Il y a plein de jeunes qui sont arrivés au terme du processus de formation et qui sont prêts à s’impliquer, explique un proche de Mélenchon. Mais comme on n’a pas d’élus, il n’y a pas de renouvellement. Et l’équipe dirigeante reste la même ».

    Peu ou prou, l’équipe des proches de Mélenchon au PS, plus Martine Billard, Eric Coquerel, et Corinne Morel-Darleux, sont les plus visibles. Ce sont les « sabras » de Mélenchon, comme il dit, en feignant d’être étonné quand on lui fait remarquer que ce terme, désignant originellement les juifs nés en Israël, était employé pour l’entourage de Mitterrand. « Il y a plus d’un tiers de renouvellement au Bureau national », rectifie Coquerel.

    Pour autant, l’objectif n’est toujours pas au recrutement de masse. Désireux de garder la maîtrise de son organisation, la direction du PG croît à son rythme. « Un parti, ce ne sont pas des cartes qui s’empilent, explique Mélenchon. Aujourd’hui, on ne saurait pas accueillir 60 000 adhérents. Le plus important, c’est d’être méthodique. Il faut se fortifier, se solidifier, apprendre des réflexes communs ». Pour lui, « les vieux scénarios partisans de verticalité et de courroie de transmission, c’est fini ! » Et tant que l'autorité du chef n'est pas contestée, ça fonctionne.