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Slovénie : privatisations et austérité drastique pour sauver les banques
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Au menu : des hausses d'impôts, pour récolter de l'ordre de 540 millions d'euros, et des réductions des dépenses publiques pour une somme équivalente. Il s'agira notamment de relever la TVA, de 20 % à 22 % et de 8,5 % à 9,5 % pour les produits à taux réduits dès cet été, d'imposer une taxe foncière et une taxe sur les billets de loto, de négocier une réduction des salaires des fonctionnaires et de mener une série .
Une quinzaine d'entreprises contrôlées par l'Etat – dont la banque Nova Kreditna Banka Maribor, l'aéroport de Ljubljana, l'opérateur Telekom Slovenije et le fabricant de skis, Elan – seront vendues, a promis le gouvernement. S'ajoute à cela la mise en place d'une bad bank ("banque poubelle"), pour nettoyer le secteur bancaire vérolé de mauvaises dettes, et d'un plan de recapitalisation des établissements financiers.
De quoi faire exploser le déficit public à 7,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2013, contre 3,7 % an plus tôt. Un moindre mal, selon Mme Bratusek qui dit avoir tout fait pour ne pas assassiner une économie déjà en récession.
La Slovénie, parfois surnommée la "petite Suisse des Balkans" – pour son paysage alpin davantage que pour la sophistication de son système financier –, se bat pour éviter de voir débarquer sur ses terres les équipes de la "troïka" (la Commission de Bruxelles, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international).
PRÊTS SANS DISCERNEMENT
A l'origine de ses faiblesses : des banques grevées par près de 7 milliards d'euros de mauvaises dettes à même de faire plonger ce petit pays. Contrôlés par l'Etat, ces établissements sont accusés d'avoir prêté sans discernement à des "amis" du gouvernement.
Pour Mme Bratusek et son ministre des finances, Uros Cufer, la tâche n'était pas aisée. Il a fallu composer avec une coalition hétéroclite, dont une partie est opposée aux privatisations, tout en ménageant une population aussi inquiète qu'exaspérée par une élite politique dite "corrompue". Jusqu'à la dernière minute, le plan a dû être amendé. Ainsi, un "impôt de crise", initialement prévu, a été retiré quelques heures avant le bouclage du programme. Contestée, cette taxe temporaire, appliquée sur l'ensemble des revenus, aurait alourdi le coût du travail.
Au final, certains protestent toujours. Andrej Sircelj, député de l'opposition (SDS centre droit), aurait, dit-il, fait les choses autrement, en insistant sur la réduction des dépenses de l'Etat et en appliquant une méthode plus transparente aux privatisations.
Mais, du côté des marchés, la première réaction est indulgente. "Quinze privatisations, des centaines de millions d'euros de réduction des dépenses... Cela m'a l'air d'une bonne combinaison. Ce sont les grandes lignes qu'on attendait", commentait, jeudi, György Kovacs, économiste chez UBS.
Reste à convaincre Bruxelles. La Commission rendra son avis le 29 mai. Ensuite, Ljubljana devra encore assurer le "service après-vente". Au moindre faux pas dans la mise en place du dispositif, les investisseurs pourraient frémir et attaquer la dette du pays, mal notée par les agences.
"J'ai un mauvais pressentiment", souffle déjà Igor Masten, professeur d'économie à l'université de Ljubljana. Privatiser est un exercice délicat dans cet ex-Etat communiste, rappelle-t-il, où le secteur public reste omniprésent (actionnaire de l'équivalent de plus de 11 % du PIB selon l'Organisation de coopération et de développement économiques) et où la population est soucieuse de défendre l'intérêt national.
"Promettre, c'est facile ", glisse M. Masten. Selon lui, même si son pays n'obtient pas d'aide financière, il n'échappera pas à une surveillance très étroite de la "troïka".