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    Guy-Ernest Debord à la BNF

    Lien publiée le 19 mai 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (CQFD) Guy Debord (1931-1994), classé « trésor national » ! Nul besoin d’être le plus obtus des pro-situs pour savourer l’ironie de la muséification du situationniste qui a lieu en ce moment à travers une exposition de ses archives à la Bibliothèque Nationale de France (BNF). Déjà en juin 2009, lors de la collecte des dons qui allait permettre le rachat de l’intégralité du fonds Debord par la BNF – alors en concurrence avec l’université Yales –, le magazine Point de vue détaillait la liste des mécènes invités au gala : on y trouvait Pierre Bergé, la ministre Christine Albanel, Gonzague Saint-Bris, le prince Gabriel de Broglie, etc. « Dix-huit tables de douze convives à 500 euros le couvert, réservées par Véolia, Total » [1], toute une avant-garde admirant le manuscrit de La Société du spectacle, un verre de Château-Dassault 2001 à la main. La petite sauterie avait permis de récolter 240 000 euros [2].

    L’hebdomadaire people des têtes couronnées ironisait alors : « Amusant ! Car peu d’invités devaient adhérer à la pensée anticapitaliste et anticonsumériste du situationniste » [3].

    Pour sa part, Emmanuel Guy, le commissaire de l’expo actuelle, affirme que l’objectif est de « rendre aimable quelqu’un qui n’a rien fait pour l’être » [4] : une opération de limage de crocs où l’intransigeance radicale doit passer pour une posture un tantinet misanthrope, mais so germanopratine. Ce n’est plus de la récupération, c’est de la digestion !

    Mais quoi de vraiment scandaleux ? Le principal intéressé n’avait-il pas contribué allègrement à l’édification de son mythe et capitalisé sur son œuvre et son personnage [5] ? Surtout, n’avait-il pas écrit que « tout ce qui était réellement vécu s’éloigne dans la représentation » ?

    Notes

    [1] L’Express, le 6 août 2009.
    [2] Le fonds sera finalement acheté par la BNF, en 2011, pour 2,7 millions d’euros versés à Alice Debord.
    [3] Point de vue, 24/06/2009
    [4] Libération, 27/03
    [5] Peu avant sa mort, il signait chez Gallimard pour 700 000 francs et vendait un documentaire à Canal plus pour 750 000 francs.