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    Retraites : le gouvernement remercie les bureaucrates syndicaux

    Lien publiée le 12 octobre 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) Cela devait être la "mère de toutes les réformes". Elle est finalement passée comme une lettre à la poste. Les députés ont achevé, plus tôt que prévu, dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 octobre, l'examen de la première réforme de retraite menée par la gauche de l'histoire.

    Après une semaine de débats, dont les seuls éléments saillant auront été la moquerie misogyne d'un député UMP et l'erreur de bouton de quatre socialistes à l'origine de la suppression involontaire d'un article, le projet de loi n'aura été modifié qu'à la marge.

    Dans l'Hémicycle, les députés du Front de gauche et de la gauche du PS, qui s'étaient largement fait entendre lors de l'examen de l'accord national interprofessionnel (ANI) sur l'emploi du 11 janvier, auront cette fois-ci fait le service minimum. A l'image du député PS de l'Essonne Jerôme Guedj, qui a déserté les bancs de l'Assemblée après avoir voté contre l'article prévoyant la hausse progressive de la durée de cotisation à 43 ans. "Le débat était plus verrouillé que sur l'ANI et il est délicat de monter vent debout contre un texte qui contient aussi des éléments satisfaisants, comme la pénibilité", explique M. Guedj.

    L'ÉLYSÉE PLAIDE LA PÉDAGOGIE

    Résultat : le gouvernement n'aura eu qu'à permettre de cotiser de manière limitée les périodes de stage et assouplir un peu les règles du compte pénibilité pourconvaincre la majorité de soutenir massivement sa réforme. Sur le sujet sensible, à quelques mois des municipales, du report de la date de revalorisation des pensions du 1er avril au 1er octobre, le texte n'aura pas changé d'un iota, malgré les demandes de plusieurs députés socialistes.

    De son côté, l'UMP, très critique sur l'ampleur réelle de la réforme, s'est gardée demener une véritable guérilla de procédure. "C'est la première fois que je vois aussi peu de monde sur une séance inaugurale sur les retraites", a même lâché Denis Jacquat, vieux routard UMP du social à l'Assemblée. De fait, l'ambiance de l'Assemblée aura été à l'image de la réaction de la société française : d'un calme plat.

    Quelle différence avec l'émoi généré par les réformes de 2003 et 2010, qui avaient fait descendre plusieurs centaines de milliers de Français dans la rue ! Comment l'expliquer ? L'Elysée plaide la pédagogie. "Les Français se sont appropriés l'idée qu'ils devraient partir plus tard", avance un conseiller du Palais, qui ajoute que "la réforme est juste car elle prévoit que tout le monde participe à l'effort". En y ajoutant les multiples rencontres avec les syndicats et le patronat, organisées par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et la ministre des affaires sociales, Marisol Touraine, la méthode Hollande prouverait ainsi sa capacité à réformer sansbraquer, une équation considérée jusqu'ici impossible.

    L'opposition n'est naturellement pas du tout de cet avis. "Le projet de loi contient surtout de nouveaux droits, et ne prévoit aucune mesure structurelle, notamment sur la convergence des régimes", défend Arnaud Robinet, le porte-parole des députés UMP sur les retraites, pour qui l'absence de mobilisation de la rue est la preuve de la timidité de la réforme. "Si la réforme est passée comme une lettre à la poste, c'est avant tout parce qu'il n'y a aucune mesure sur les fondamentaux de retraite avant 2020. Avant cette date, il n'y a que des hausses de prélèvements, qui déclenchent moins de protestation", renchérit Raymond Soubie, qui futconseiller social de Nicolas Sarkozy lors de la réforme de 2010. "On ne pensait pas que la réforme allait être aussi minimale", juge même un dirigeant du Medef.

    PAS LA DERNIÈRE RÉFORME

    Tout le monde s'accorde à dire qu'en demandant à la commission de Yannick Moreau de déminer le sujet en faisant des propositions explosives avant de lesécarter une à une, M. Hollande a, en plus, réussi à désamorcer les inquiétudes syndicales. L'absence de mesure visant spécifiquement les fonctionnaires et les régimes spéciaux a permis de limiter la grogne dans des secteurs qui se mobilisent facilement. La CGT n'a ainsi pas vraiment cherché à mobiliser. Après l'échec de la manifestation du 10 septembre, elle a simplement convenu avec FO d'un baroud d'honneur pour le 15 octobre, jour du vote solennel de la loi à l'Assemblée. Etroitement associée à la réforme, la CFDT a, elle, soutenu la méthode de Hollande du début à la fin. "Beaucoup de travail a été fait en amont, cette réforme est relativement équilibrée", juge Jean-Louis Malys, le Monsieur retraites de la CFDT. Il est enfin toujours plus difficile pour les syndicats demobiliser contre la gauche au pouvoir.

    Si M. Hollande peut à juste titre estimer que sa réforme des retraites prouve sa faculté à apaiser la société française tout en la réformant, sa méthode n'en garde pas moins deux écueils. Premièrement, personne ne croit que cette réforme sera la dernière, pas même au sein de la majorité. En ne prévoyant que 7 milliards d'économies sur un trou total de 20 milliards en 2020 et en s'appuyant sur des prévisions économiques optimistes, une nouvelle réforme semble inéluctable. La seule question est de savoir à quelle échéance. Deuxièmement, le calme de la rue est probablement trompeur sur le véritable état social du pays. "Il y a une forme de fatalité qui n'est pas très bonne", confie un syndicaliste, alarmé par la progression du FN. Que les syndicats ne canalisent pas cette fatalité est plus inquiétant qu'autre chose.