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    Valls-Montebourg-Hamon : le pacte des ambitieux

    Lien publiée le 3 avril 2014

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) C'est l'histoire d'un trio qui ne fait plus qu'un. Depuis mercredi 2 avril, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon sont deux des poids lourds – le premier comme copatron de Bercy, le second à la tête du ministère de l'éducation nationale – du gouvernement d'un troisième, Manuel Valls. S'il peut paraître détonant, vu le parcours de chacun, ce ménage à trois n'est pas une surprise au regard des rapprochements tissés au fil des derniers mois.

    MM. Valls, Montebourg et Hamon ont un point commun : ils sont ambitieux. Ces quinquas – 51 ans pour Valls et Montebourg, 46 ans pour Hamon – ont longtemps été bloqués au sein du PS par la génération de leurs aînés, celle des François Hollande, Laurent Fabius, Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn… Eloignés du pouvoir par la droite entre 2002 et 2012, ils ont décidé, maintenant qu'ils sont aux manettes, de truster les bonnes places et de s'imposer comme la relève incontournable des prochaines années.

    Après s'être longtemps affrontés au sein de l'appareil socialiste, ils ont choisi designer un pacte de non-agression et de conjuguer leurs intérêts personnels. Pourdevenir un premier ministre consensuel, M. Valls, classé à la droite du PS, avait besoin d'attirer à lui des figures identifiées à sa gauche. Quelles meilleures prises possibles que MM. Montebourg et Hamon ?

    « C'EST UN ACCORD PUREMENT TACTIQUE »

    Ces derniers, qui s'estimaient sous-dimensionnés dans le gouvernement Ayrault – M. Hamon n'était qu'un simple ministre délégué à la consommation et à l'économie sociale et solidaire, M. Montebourg dirigeait un ministère du redressement productif au périmètre trop étroit –, avaient besoin de se mettredans la roue du socialiste le plus populaire. « C'est un accord purement tactique entre les trois. Pour l'instant, chacun aide l'autre parce qu'il y a intérêt, mais demain… », analyse un observateur socialiste.

    S'ils partagent un même sens de la transgression, Arnaud Montebourg et Manuel Valls ont longtemps été les meilleurs ennemis socialistes. Nombreux sont ceux au PS qui voient leur actuel compagnonnage virer au face-à-face sans pitié dans les prochaines années. « Dans l'histoire du parti, il y a eu les guerres Mitterrand-Rocard, puis Jospin-Fabius. La prochaine sera la guerre Valls-Montebourg », pronostique un vieux routier de Solférino.

    Lors de la primaire de 2011 pour la présidentielle, les deux hommes s'étaient affrontés sans vergogne. Pourtant, là encore, ils avaient su s'entendre auparavant pour imposer cette compétition interne qui les servait, eux, les têtes peu connues, face aux caciques Martine Aubry et François Hollande pas emballés par cette nouveauté. Mais une fois le cadre acquis, les coups avaient plu. M. Montebourg avait estimé que son concurrent partisan de la TVA sociale n'avait qu'« un pas àfaire pour aller à l'UMP ». M. Valls, lui, avait jugé la « démondialisation » chère à son rival « dépassée » et « même franchement ringarde »

    « UN MARIAGE DE RAISON »

    Leur rapprochement date de la rentrée 2013, grâce notamment à un ami commun, Aquilino Morelle. Le conseiller de François Hollande à l'Elysée a été le directeur de la campagne de M. Montebourg à la primaire, et il a travaillé avec M. Valls à Matignon du temps de Lionel Jospin. « Arnaud et Manuel ont fait un mariage de raison, explique un proche du premier. Ils ont fini par comprendre qu'ils avaient besoin l'un de l'autre pour réussir. »

    Au début de l'année, ils se sont affichés dans une tournée en province à l'occasion des élections municipales. Leur numéro était rodé : à l'un la défense de la République dans la société, à l'autre celle de la République dans l'économie. Il fallait les voir dans le TGV qui les ramenait du Vaucluse, faire le spectacle pour les journalistes qui les accompagnaient, au point même de plaisanter sans gêne à propos de l'histoire privée du chef de l'Etat avec la comédienne Julie Gayet qui agitait alors les gazettes.

    Tous les imaginent s'affronter lors de la présidentielle de 2022, mais M. Montebourg comme M. Valls se voient comme un recours possible dès 2017. « Ils pensent que la candidature de Hollande n'est pas forcément acquise vue la situation et qu'ils ont une carte à jouer », confie un proche du nouveau ministre de l'économie.

    VIRAGE À 180 DEGRÉS

    Le troisième homme du trio, Benoît Hamon, a été jusqu'à présent une marche en dessous de ses deux aînés. Lui n'a pas été candidat à la primaire, si bien qu'avec son courant Un monde d'avance, classé à la gauche du PS, il a progressivement opéré un recentrage après la présidentielle. En privé néanmoins, il ne manquait pas ces derniers mois de critiquer la rigueur économique du gouvernement comme les méthodes de Manuel Valls place Beauvau.

    En septembre 2013, lors de l'université d'été de son courant à Vieux-Boucau (Landes), il avait même fustigé à la tribune « ceux qui s'égarent dans des formes de transgressions qui, moi, ne me plaisent pas », après les propos sur les Roms de l'ancien ministre de l'intérieur. A l'époque, il expliquait qu'il n'avait plus l'intention de se taire et de laisser le champ libre à son collègue qui était « victime de l'ivresse des cimes ».

    Sauf que M. Hamon n'a rien fait. Au contraire, il a opéré un virage à 180 degrés àpartir de l'automne pour se rapprocher de son ennemi d'hier, ancien rocardien comme lui. Depuis, les deux hommes ont passé un « gentlemen agreement », selon ses propres termes. « Le combat politique n'empêche pas d'être intelligent : on n'est pas forcément obligé de dégommer celui qui est le plus populaire dans notre camp », explique M. Hamon.

    Une partie de ses troupes a du mal à avaler la pilule. « Benoît a fait un choix compliqué au nom d'une stratégie que l'on est nombreux à revisiter aujourd'hui », confie le député Pouria Amirshahi, membre d'Un monde d'avance. Le week-enddernier, M. Hamon refusait encore que l'on dise qu'il s'était « rallié » au nouveau premier ministre et le faisait savoir« Rien n'est fait, il hésite », tentaient de fairecroire ses proches. Quelques heures plus tard, il devenait ministre de M. Valls.