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    Les quartiers populaires des grandes villes, nouveaux réservoirs de voix du FN

    Lien publiée le 2 mai 2014

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) Le Front national arrive en ville par les faubourgs. C'est l'enseignement principal d'une étude réalisée par l'IFOP à partir des travaux de Céline Colange, chercheuse rattachée à l'université de Rouen. Elle a décortiqué les résultats des listes FN aux élections municipales de mars, bureau de vote par bureau de vote, dans quatre grandes villes : Caen, Limoges, Marseille et Lille. Les résultats sont édifiants : il y a survote FN dans les quartiers populaires de ces grandes agglomérations, qui se situent à la périphérie des centres-villes.

    Voir les cartes : Municipales : le score du FN croît à mesure qu'on s'éloigne du centre-ville

    « Il y a une réplique, au niveau des villes, de ce que nous avions constaté pour la présidentielle sur le vote en faveur de Marine Le Pen qui prospérait dans le périurbain au fur et à mesure que l'on s'éloignait des grandes villes, note Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'IFOP. Le sentiment de relégation et d'abandon par les pouvoirs publics fonctionne donc également au niveau d'une commune et de ses quartiers. »

    Les cartes de ces villes sont assez semblables : au centre, des zones claires, montrant un vote Front national faible. Et plus l'on s'éloigne du centre, plus les quartiers se foncent, proportionnellement au score du parti d'extrême droite. Leur point commun est que ce sont des quartiers populaires. A Caen, il s'agit de la Guérinière, la Grâce de Dieu, le Chemin-Vert, la Pierre-Heuzé. A Lille, l'on voit que le vote FN est très fort à Lille-Sud, mais aussi dans les villes associées de Lomme et Hellemmes. A Limoges, c'est au nord les cités de la Bastide et de Beaubreuil ; à l'ouest, la cité du Val-de-l'Aurence et, au sud, la cité des Portes-Ferrées qui ont le plus voté FN.

    Toutes ces zones votent habituellement à gauche. Ainsi, lors de la présidentielle de 2012, les électeurs y ont massivement voté en faveur de François Hollande. Pour autant, ces correspondances ne signifient pas forcément qu'un transfert de vote ait lieu entre l'électorat de gauche et les listes FN. « Il y a eu un effet trompe-l'oeil lors des municipales à cause de la faiblesse de la mobilisation de l'électorat de gauche. Ce qui fait que, mécaniquement, le vote FN a été gonflé », analyse M. Fourquet. « Ce sont des quartiers qui concentrent trois types d'insécurité. Economique, avec les fermetures d'entreprises et le chômage ; physique, avec la délinquance ; et culturelle, avec le problème du communautarisme », note encore M. Fourquet.

    Sur cette dernière thématique, le cas de Marseille est emblématique : le 7esecteur, qui a vu la victoire de Stéphane Ravier, rassemble les cités mais aussi les « noyaux villageois ». Les cités se sont beaucoup abstenues et ont assez peu voté FN. Le vote Front national, en revanche, est très fort dans ces vieux villages absorbés par Marseille, pas spécialement florissants économiquement, à lapopulation assez âgée et dans les bureaux regroupant des lotissements et de l'habitat résidentiel récent. Dans l'est de la ville (5e secteur), les territoires où le FN a obtenu les meilleurs scores correspondent là aussi à des zones où grandes cités côtoient lotissements et zones résidentielles.

    « Il y a une conjonction d'inquiétudes chez les habitants. Le sentiment de déclassement est très fort. Ils ont l'impression d'être relégués : il y a toujours plus pour les autres, ceux du centre-ville ou les immigrés, que pour eux. Ils ont le sentiment d'être oubliés », ajoute Jérôme Fourquet.

    Les projets portés par les municipalités peuvent apparaître en décalage pour des populations frappées par la crise économique, et qui peuvent avoir le sentiment que tous les efforts sont concentrés vers les centres-villes. Ce qui peut renforcerl'idée des élites déconnectées et favoriser soit l'abstention soit le vote FN, deux symptômes d'un même mal-vivre. « Les élites gestionnaires ont perdu le contact avec ces populations. Ils parlent des langues différentes », avance encore M. Fourquet.

    S'ajoute la thématique des transports pour des quartiers périphériques souvent mal desservis, comme les quartiers Nord de Marseille. Dans la cité phocéenne, les quartiers populaires du centre-ville ont beaucoup moins voté FN que ceux de la périphérie.