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    A l’UMP, après la défaite, les couteaux sont tirés

    Lien publiée le 26 mai 2014

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Mediapart) 

    L'UMP a vu dimanche soir « son honneur » remis « en cause », selon les mots de Fillon. Les ténors de la droite demandent à Copé de faire toute la transparence sur l'affaire Bygmalion. L'heure est aux règlements de comptes.

    En actant « une défaite sévère pour la droite et le centre », Alain Juppé a entériné ce dimanche soir la fin de l’UMP qu’il avait fondée en 2002. Avec 20,6 %, l'opposition est arrivée loin derrière le Front national (26 %) et enregistre une perte de points considérable au regard des élections de 2009, où la majorité était arrivée en tête avec 28 % des voix, quand le MoDem ne réalisait que 8,5 %. Mais cette année, les ex-centristes de l’UMP, passés à l’UDI, se sont unis au parti de François Bayrou pour conduire les listes de l’Alternative qui obtient un score de 9,7 %.

    Sans leur appui, l’UMP rejoue les élections européennes de 1999 où la droite avait déjà souffert de sa désunion : Nicolas Sarkozy (RPR) et Alain Madelin (DL) avaient rassemblé 13,06 % des voix, tandis que Charles Pasqua (RPR dissident) et Philippe de Villiers (MPF) réunissaient 12,82 % des suffrages et François Bayrou (UDF), 9,29 %. La fusion du RPR, de Démocratie libérale et d’une partie de l’UDF au début des années 2000 entendait mettre fin à 25 ans de luttes internes entraînant ce type de résultats. L’attelage aura tenu tant que la droite était au pouvoir, mais n’aura pas résisté à son passage dans l’opposition.

     © Reuters

    Depuis deux ans, l’UMP apparaît divisée sur tous les sujets. Son patron, Jean-François Copé, a longtemps plaidé en faveur de la pluralité des sensibilités. Quelques jours avant la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, il avait même promis de créer des mouvements au sein du parti afin que ces différentes sensibilités puissent « s’exprimer plus fortement ». C’était chose faite lors du congrès du 18 novembre 2012, où les trois motions défendues par l’aile la plus droite de l’UMP avaient réuni plus de 60 % des voix, au grand dam des centristes du parti.

    La question européenne est celle sur lesquelles les divergences de point de vue au sein de l’UMP se sont le plus sclérosées. Laurent Wauquiez – en publiant son livre Europe, il faut tout changer – et Henri Guaino – en affirmant haut et fort qu’il ne voterait pas pour Alain Lamassoure en Ile-de-France – ont réveillé tous les eurosceptiques du parti. Une petite quarantaine de parlementaires les ont suivis en signant leur appel à « changer l'Europe ». Mais ils étaient bien plus nombreux en “off” à expliquer que le discours des deux députés pourrait plaire à une bonne part des militants de droite. Le député des Français de l’étranger Thierry Mariani, fondateur de la Droite populaire, s’est d’ailleurs exprimé sur le sujet à l’issue du scrutin :

    Ce dimanche soir, seuls les tenants de l’aile droite de l’UMP expliquaient le succès du FN par la frilosité de leur parti à adopter une ligne clairement plus à droite. Les autres ont quant à eux multiplié les appels du pied en direction de ces centristes qu’ils avaient laissé partir après la défaite de 2012. Farouche défenseur de « la droite décomplexée », Jean-François Copé s’est contenté d’indiquer vouloir « méditer sur la nécessité de se rassembler ». Alain Juppé, lui, est allé beaucoup plus loin.

    « L’UMP doit changer, a tranché le maire de Bordeaux sur France 2. Il faut lancer une invitation pour que les dirigeants de l’UMP, de l’UDI et du MoDem puissent se rencontrer et tirer les conséquences de ce qu’il s’est passé. » François Fillon a pour sa part insisté sur le fait qu’« à l’avenir, l’opposition devra regarder à deux fois avant d’aller aux élections en ordre dispersé »« L’UMP n’a pas été en mesure de rassembler et son honneur est en cause, a accusé l’ancien premier ministre. Nous avons maintenant besoin d’un changement profond. »

    Cet appel au changement ne concerne pas les seules divergences entre centristes et tenants d’une ligne plus droitière. Il vise également les divisions intestines dont souffre l’UMP depuis la guerre Fillon/Copé pour la présidence du parti et le peu de légitimité que Jean-François Copé conserve aux yeux des cadres de son parti. Après les premières révélations du Point sur l’affaire Bygmalion, la« vague bleue » des municipales avait donné un bref sursis au patron de l’UMP. Mais même un succès aux européennes n’aurait pas eu le même effet.

    Car depuis que Libération a révélé que l’UMP avait payé 12,7 millions d’euros à cette société fondée par des proches de Copé pour l’organisation de conventions dont personne ne se souvient, les ténors de la droite sont bien décidés à demander des comptes à leur président. Dès la tombée des premières estimations, ils ont multiplié les appels à la transparence, ouvrant ainsi une séquence qui devrait occuper l’opposition pour un bon moment. 

    « Dès mardi, nous mettrons en place une procédure pour tout mettre à plat », a indiqué Alain Juppé. Jean-François Copé a d'ores et déjà promis des explications au bureau politique statutaire du parti, exceptionnellement convoqué mardi matin. À cette occasion, il présentera à la quarantaine de membres du BP le rapport commandé au directeur général de l’UMP, le sarkozyste Éric Cesari. Un document d’une page et demie, selon le JDD, que le patron de l’opposition tient dans ses mains depuis vendredi et qui détaille les 70 prestations suspectes commandées à Bygmalion pour un montant de « 18 millions et quelques ».

    « Si le rapport de Cesari est aussi accablant que les affirmations de Libération, ce sera difficile pour Copé de rester », confiait en fin de semaine dernière à Mediapart un parlementaire UMP. D’aucuns misaient sur une démission du patron de l’opposition. Mais pour l’heure, c’est un autre scénario qui se profile : le remplacement d’Éric Cesari par un directeur général qui ferait davantage « consensus »et celui de Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Copé, fraîchement élu député européen.