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    Leur désespérante parodie de démocratie... et l’imposture du FN

    Par Julien Varlin (21 mai 2014)
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    La pseudo-démocratie capitaliste n’en finit plus d’écœurer la majorité de la population, qui voit les mêmes discours se répéter et sa situation s’aggraver.

    Hollande et Valls tentent piteusement de sauver le PS en lâchant quelques miettes, en dégainant un milliard de réduction d’impôt pour les ménages modestes. Beau geste... juste avant les élections européennes ! Aucun doute à avoir : aussitôt après, la cure d’austérité redoublera, et d’autres milliards seront ajoutés aux 50 milliards de baisse des dépenses publiques et sociales...

    Les ministres-communicants expliquent qu’ils peuvent offrir cette baisse d’impôts parce que la lutte contre la fraude fiscale aurait déjà rapporté 764 millions d’euros, plus que prévu. Une goutte d’eau face aux 4 milliards d’euros de fraude sur l’impôt sur les sociétés, ou des 80 milliards qui seraient en Suisse...

    Et l’affaire de détournement de 400 000 € par des sénateurs UMP, pour celles et ceux qui auraient déjà oublié les Chirac, Woerth, et Sarkozy vient rappeler à quel point la pourriture du pouvoir capitaliste est commune aux grands partis qui baignent dans l’argent issu de notre exploitation.

    Le théâtre « gauche-droite »...

    Les grands médias et les politiciens présentent la démocratie comme l’alternance des « conservateurs » et des « sociaux-démocrates », mais ceux-ci n’arrivent quasiment plus à se différencier. On croit voir une caricature lors des « direct de gauche » et « direct de droite » de BFM TV, où les deux éditorialistes sont, au fond, totalement d’accord et platement pour l’austérité. Tout comme Martin Schulz et Jean-Claude Juncker, les deux principaux candidats à la présidence de la commission européenne. Et le candidat du « Parti de la gauche européenne » (Front de gauche, Syriza, Die Linke...), Alexis Tsipras, ne propose qu’une illusoire politique bourgeoise de « new deal ». Il manque cruellement d’une voix se faisant porte-parole de la lutte des classes (l’extrême gauche étant faible et divisée) et assumant de dire qu’il faut une sortie révolutionnaire de l’Union européenne.

    ...et l’imposture du FN

    Dans ces conditions, c’est hélas le FN qui est en passe d'arriver en tête aux prochaines élections. Ce parti qui se présente comme « anti-système », qui fustige les politiciens en place « tous pourris »... mais qui veut surtout sa place !

    Le FN connaît bien le système des politiciens professionnels, puisque Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen en sont. Et à peine élus, deux nouveaux maires FN dans le Var ont augmenté leur revenu de 15 %...

    Le FN connaît bien le système des magouilles, puisque JMLP a été condamné en 1995 à un redressement de 1,4 million de francs pour « oubli de plus-value boursière », qu'il devait 750 000 € au fisc en 2004, qu’il est lié à l’affaire Cahuzac... et comme le montre la gestion mafieuse des municipalités qu'ils ont dirigées (Orange, Vitrolles, Toulon...)1.

    Le FN connaît bien les discours à géométrie variable : repaire de catholiques intégristes, il dégaine la laïcité contre les musulmans ; jadis dévot du néolibéralisme de Thatcher et Reagan et de la construction européenne2, il a muté vers l’anti-mondialisation ; hier encore crachant sur les fonctionnaires, il les drague ; plein de haine pour les syndicats des travailleur-se-s, il essaie de s’y infiltrer...

    Quelle France le FN défend-il en réalité ? Celle d'en haut ou celle d'en bas ? En octobre 2010, les 24 élus frontistes du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont Jean-Marie Le Pen, ont refusé de voter une motion de solidarité avec les salariés de Fralib. Lorsque des millions de manifestants défendaient les retraites en 2010 contre Sarkozy, Marine Le Pen déclarait :

    « Ensemble, gouvernement et syndicats jettent la France dans le chaos. Voilà deux semaines que la France s’installe dans le chaos, entre grèves, manifestations et blocus. La tolérance zéro doit s’appliquer à tous les émeutiers. »

    Le FN tolère le droit de grève... (même s'il est « désuet ») du moment que les revendications sont « réalistes ». Et qui en jugera? Le MEDEF, ou l’État qui le sert ?

    Le nationalisme d’extrême droite est un garant de l’ordre, donc de la classe dominante. Quand Le Pen dit qu’elle veut rendre les Français « libres comme ils l’ont été pendant 1 500 ans »3, ce n’est visiblement pas de la liberté des serfs ou des sans-culotte qu’elle parle...

    La violence du FN... sera pro-capitaliste

    Le système qui engendre cette séparation fondamentale entre une minorité de patrons et de politiciens et une majorité de travailleur-se-s, c’est le capitalisme. Le FN ne s’en prend pas à ce système. « Nous ne remettons pas en cause l'économie de marché, ni les bienfaits de la concurrence si elle est loyale. » dixit Marine. Il se contente de dénoncer, parfois, ses « excès » : la financiarisation, l'injustice fiscale... Et quand le FN prétend interdire les parachutes dorés, c'est pour « protéger la propriété privée » et « garantir aux actionnaires une gestion d’entreprise durable »4. Quant à la sortie de l’Union européenne et de l’euro, si c'est pour rester dans une France capitaliste, c'est une impasse pour les travailleur-se-s, d'ici ou d'ailleurs.

    Comme les réformistes du Front de gauche et leurs promesses illusoires, le FN au pouvoir se plierait aux lois du profit et du pouvoir, qui enrichissent le patron sur le salarié, et le PDG sur le petit patron. Mais le poison supplémentaire que représente le FN, c’est que son discours prétend souder de « bons Français » contre des boucs émissaires (immigré-e-s, homosexuel-le-s...) pendant que les uns continueront à exploiter les autres, et pendant que la répression écrasera les libertés individuelles (pour ne prendre qu'un exemple, le FN veut introduire une « présomption de légitime défense » en cas d’usage de la force par la police...).

    Le système capitaliste doit être abattu, non seulement parce que c’est le seul moyen de sortir de la crise que nous font payer le PS et l’UMP, mais aussi parce que la décomposition de ce système conduit tout droit à la montée de l’extrême droite et son cortège de dangers.

    1http://www.mediapart.fr/journal/france/220114/le-fn-en-ses-mairies-affaires-proces-et-clientelisme

    2http://www.fakirpresse.info/Le-Front-national-et-l-Europe.html

    3http://www.challenges.fr/economie/20140306.CHA1266/ce-que-marine-le-pen-ferait-de-l-europe-et-de-l-euro.html

    4http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion1310.asp

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