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    Chronique de la campagne présidentielle – épisode 13

    Chaque week-end, nous publions une chronique de la campagne présidentielle. En commentant les faits marquants de la campagne, de notre point de vue qui est celui de communistes révolutionnaires ayant décidé de faire campagne pour la victoire de Mélenchon en 2022. Vous pouvez retrouver les précédentes chroniques sur le site de la Tendance Claire.

    Depuis quelques jours, nous avons commencé à publier une analyse critique du programme de l’Avenir en commun. Nous invitons tous nos lecteurs à suivre cette série de billets publiés tous les 2 jours sur notre site : épisode 1, épisode 2, épisode 3

    Au sommaire ce week-end :

    - Après le succès de la grève des enseignants, quelles suites ?

    - La farce de la « primaire populaire » 

    - Le programme d’Hidalgo : enfumage !

    - Fin de campagne pathétique pour Montebourg

    - Les sondages de la semaine

    - Brèves : étudiants, autotests, JDD, fonderie SAM, pass vaccinal

    Après le succès de la grève des enseignants, quelles suites ?

    Jeudi 13 janvier, la grève des enseignant.e.s a été massive : 75% dans les écoles (avec des centaines d’écoles fermées) et 62% dans les collèges et lycées, selon les syndicats. Le ministère communique des chiffres mensongers (38,5%) qui rapportent le nombre de grévistes dont la journée aurait du démarrer à 8h ou 8h30 au nombre total d’enseignant.e.s. Les manifestations ont également très importantes : 77.500 selon la police, dont 8.200 à Paris, des chiffres sous-estimés comme l’affirme Mediapart

    https://static.lexpress.fr/medias_12377/w_1820,h_1365,c_crop,x_58,y_0/w_640,h_358,c_fill,g_center/v1642163513/des-enseignants-et-personnels-de-l-education-nationale-en-greve-manifestent-contre-la-gestion-de-la-crise-sanitaire-a-l-ecole-le-13-janvier-2022-a-paris-1_6337376.jpg

    Le gouvernement n’a pas pu nier l’ampleur de la mobilisation, et il a été obligé de céder quelques mesurettes jeudi soir. Il a annoncé la mise à disposition de 5 millions de masques FFP2 dans les écoles (alors que Blanquer disait auparavant qu’ils étaient inutiles pour les enseignant.e.s…), en priorité les écoles maternelles où les enfants ne portent pas le masque. 70 millions de masques chirurgicaux seront aussi distribués. Certaines épreuves, dont celles du bac en mars, pourraient être reportées si la situation perdure. Le gouvernement renforcera le fonds pour les capteurs de CO2 sous certaines conditions. Enfin, 3.300 contractuels seront recrutés jusqu’a la fin du semestre, ainsi que 1500 recrutements dans l’administration.

    L’intersyndicale de l’éducation nationale réunie vendredi soir a décidé de ne donner aucune suite concrète à cette mobilisation en appelant à poursuivre la mobilisation selon des « modalités diversifiées ». Pourtant des Assemblées générales d’enseignant.e.s avaient appelé à des suites immédiates (voir par exemple l’appel de l’AG éducation Ile de France). Sud éducation appelle à la grève le 20 janvier. Après deux ans sans lutte, le succès du 13 janvier est la preuve qu’il est temps de reprendre le chemin du combat contre le gouvernement et sa politique, d’autant que l’approche de la présidentielle offre l’occasion de lui mettre la pression, comme on l’a bien vu avec ses premières concessions jeudi soir. Il faut poursuivre et intensifier les discussions en ce sens avec les collègues, reprendre confiance dans nos forces en s’appuyant sur l’unité. Il est urgent aujourd’hui de mettre en discussion un plan de bataille concret dans nos organisations syndicales et de se battre pour l’imposer aux directions syndicales !

    La farce de la « primaire populaire »

    Les organisateurs de la primaire populaire ont tenu une conférence de presse samedi 15 janvier. Ils ont dévoilé à cette occasion les 7 candidat.e.s qu’ils ont retenu pour le vote organisé du 27 au 30 janvier : Anna Agueb-Porterie, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise, Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira. Parmi les 4 principaux candidats retenus, 3 refusent de participer à cette primaire (Hidalgo, Jadot et Mélenchon), mais les organisateurs les ont néanmoins retenu dans la sélection contre leur gré !

    https://cdn-s-www.republicain-lorrain.fr/images/5CCCF6C5-B9FD-46E7-A0F3-8C8A2FAEF737/NW_raw/mathile-imer-et-samuel-grzybowski-ont-introduit-la-presentation-des-candidats-et-des-modalites-de-vote-de-la-primaire-populaire-credit-youtube-primaire-populair-1642257331.jpg Et ils nous font croire qu’il y a un incroyable suspense sur l’issue du vote ! Taubira a expliqué : « Je prends et j'accepte le risque de la démocratie ». Quelle prise de risque ! Si Taubira réussit à perdre ce vote face à quelqu’un qui refuse de participer à cette primaire, ce serait en effet une performance qui resterait dans les annales !

    Le mode de scrutin de la primaire est le « jugement majoritaire » : c’est un mode de scrutin qui vise à éliminer les candidatures les plus radicales et à privilégier celles et ceux qui suscitent le moins de rejet. Traduction : un mode de scrutin qui favorise Taubira et qui défavorise Mélenchon, qui suscite plus d’enthousiasme mais qui est moins consensuel que Taubira. Avec ce mode de scrutin, il vaut mieux en dire le moins possible pour se mettre le moins de gens à dos ! Taubira est parfaite pour ce rôle-là…

    Samedi 15 janvier, Taubira a donc fait une déclaration de candidature après avoir promis en décembre d’être candidate à condition de ne pas être « une candidate de plus ». Déjà une promesse non tenue ! L’engouement n’était pas au rendez-vous : seulement 3000 personnes ont suivi en direct sa déclaration sur les réseaux sociaux. Elle a fait ce samedi de belles promesses : 800 € par mois pour les étudiants, le Smic à 1400 € net, rétablissement d’un ISF (à partir de 10 millions de patrimoine !), création de 100.000 postes de soignants, TVA à 0 % sur les produits de l’agriculture biologique (à condition que l’Union européenne accepte !). Mais comme Hidalgo (cf. ci-dessous), elle n’a remis en cause aucune contre-réforme structurelle de Macron et aucun cadeau accordé aux patrons ces dernières années. Le commencement de la crédibilité quand on prétend lutter pour la « justice sociale » commence pourtant par remettre en cause les contre-réformes de Hollande et Macron. Taubira est le symbole d’une gauche de la « posture » pseudo-morale qui a renoncé à analyser le monde à partir de structures sociales et de rapports de force pour le transformer. Nous renvoyons une fois de plus à l’excellente analyse de Frustration sur « Sainte Taubira ».

    Présidentielle en France : Christiane Taubira officialise sa candidature |  Radio-Canada.ca Puis Taubira est passé au 20h de France 2 samedi soir. De façon sidérante, elle a refusé de répondre aux questions sur les modalités de la primaire en disant que « ce n’était pas de sa responsabilité ». Et puis cerise sur le gâteau : à la question « si Jean-Luc Mélenchon remportait cette primaire, cela signifie que vous ne serez pas candidate ? », Taubira a eu un blanc et a refusé de répondre…

    Le programme d’Hidalgo : enfumage !

    Tout le monde sait qu’Hidalgo est en très grande difficulté. Le bureau national du parti socialiste de mardi 11 janvier a été très tendu. Alors qu’Hidalgo refuse de participer à la « primaire populaire », de nombreux ténors du PS invitent à y voter massivement, sans qu’on sache très bien quel est leur objectif : faire gagner Hidalgo (mais le challenge semble impossible) ou préparer le ralliement à Taubira ? En tout cas, le maire de Marseille (Bruno Payan) a d’ores et déjà indiqué qu’il soutiendra le vainqueur de la primaire populaire, et il sait très bien que ce ne sera pas Hidalgo...

    Alors que Hidalgo commence à être lâché par les siens et qu’elle est au plus bas dans les sondages, elle a présenté son programme jeudi 13 janvier. A première vue, le programme peut paraître surprenant et séduisant pour une candidature du PS. Hidalgo défend par exemple une hausse immédiate du SMIC de 15 %, des écarts de rémunération de 1 à 20, la « planification écologique » (coucou Mélenchon !), le référendum d’initiative citoyenne. Hidalgo opère de façon claire un virage à « gauche », constatant que Mélenchon domine de plus en plus le terrain à gauche. Mais en réalité, le programme d’Hidalgo est un enfumage : pour preuve, tous les cadeaux au patronat et contre-réformes des présidences Hollande et Macron seront maintenus : lois travail, exonération de cotisations sociales (qui ont pris la suite du CICE), baisse massive de l’imposition des entreprises, et même la flat tax sur les revenus du capital ! C’est pour cela que les belles promesses de justice sociale d’Hidalgo n’ont aucune crédibilité. Hidalgo n’envisage aucune réforme de structure qui laisserait augurer d’une rupture avec le social-libéralisme.

    https://leparisien.fr/resizer/vym8zJX7W0mr6eOyV-HttbcLlsE=/1200x675/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/7X3MNFEYQRFLJJGJG6AIZOCWQQ.jpg Pour preuve que le tournant à gauche d’Hidalgo est un leurre, Laurent Joffrin rejoint son équipe de campagne. Joffrin est le symbole même de l’éditocrate social-libéral, de la gauche caviar, hostile aux mouvements sociaux.

    https://www.challenges.fr/assets/img/2020/08/07/cover-r4x3w200-5f2d4edc3d325-000-1vr1pu.jpg

    Fin de campagne pathétique pour Montebourg

    C’est terminé pour Montebourg. Il n’ira pas au bout, cela a été acté mardi 11 janvier avec son équipe de campagne, ou du moins ce qu’il en reste. Une partie de l’équipage (comme François Cocq qui vient de la France insoumise) avait déjà quitté le Titanic quand Montebourg s’était transformé en champion de l’union de la gauche après avoir dépassé le clivage gauche/droite. Désormais, Montebourg négocie, notamment avec Taubira – qui est sans doute la campagne la plus éloignée de ses positions – des points de son programme… mais aussi la reprise de sa dette de campagne. A défaut d’aller jusqu’au bout, Montebourg veut sauver son porte-monnaie !

    Arnaud Montebourg - Paris Match

    Par ailleurs, Montebourg attaque en justice le Média. En cause : leurs révélations sur l’implication de personnalités françaises dans de troubles affaires avec l’ancien président guinéen Alpha Condé.

    Les sondages de la semaine

    59% des Français tirent un bilan négatif de l'action du gouvernement face à la crise sanitaire. C’est le niveau le plus élevé depuis mai 2021. Macron fait moins bien que la plupart des autres gouvernements européens : 37 % des Italiens, 48 % des Espagnols et 50 % des Britanniques tirent un bilan négatif de la gestion de leur gouvernement. Par ailleurs, 78 % des Français refusent une hausse de l’âge légal de départ à la retraite ou une limitation du montant des pensions de retraite. Autrement dit, 8 Français sur 10 s’opposent à Macron, Pécresse et Zemmour sur les retraites.

    Selon un sondage Elabe publié jeudi 13 janvier, la confiance en Macron chute en janvier : 32 % (-4 points par rapport à décembre). Dans le même sondage, Pécresse baisse fortement : 31 % d’opinions favorables (-5 points).

    Relatif statu quo dans les sondages sur les intentions de vote de la semaine. Mélenchon poursuit néanmoins globalement sa lente progression, qui nous l’espérons va s’accélérer avec le grand meeting de Nantes de ce dimanche et le réchauffement du climat social. Pour la première fois, il a franchi vendredi la barre des 10 % dans le sondage quotidien Opinion Way  devançant Jadot de 4 points alors qu’il ne le devançait que de 1 point en début de semaine. Il progresse également dans le baromètre Elabe à 11 % (+1 point) et baisse légèrement selon Cluster, mais à 12,5 % (-0,5 point)

    Brèves

    Macron a de belles promesses à faire aux étudiants. Devant les présidents d’université, il a déclaré : « On ne pourra pas rester dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants [...] difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l'argent public que partout dans le monde ».

    Nous avions déjà évoqué l’échec du gouvernement à mettre en place une filière nationale de production de masques chirurgicaux et FFP2 pour couvrir les besoins. C’est la même chose pour les autotests. Les fabricants français peuvent fournir tout au plus quatre millions d’autotests quand la demande est d’environ 10 millions. Comme pour les masques, la demande est satisfaite en premier lieu par les producteurs asiatiques.

    Jérôme Béglé va prendre la tête de la rédaction du JDD. Bolloré affiche ainsi son contrôle sur le groupe Lagardère et impose à la tête du JDD une figure médiocre et très droitière de Cnews et de l’émission abjecte de Pascal Praud.

    https://static.jeanmarcmorandini.com/sites/jeanmarcmorandini.com/files/styles/image_680_294/public/capture_decran_2021-09-09_a_08.09.19-taille1200_6139a566f1284_0.jpg

    Nous avions évoqué dans notre chronique n°6 la liquidation de la fonderie SAM, fournisseur de pièces automobiles pour Renault. Depuis plusieurs semaines, les salarié.e.s occupent le site. Mercredi 12 janvier, environ 200 salarié.e.s de l’entreprise ont manifesté à Bercy et une délégation a été reçue par Le Maire. Mais le gouvernement n’a rien à proposer, si ce n’est pas un accompagnement vers la retraite pour les plus vieux et de vagues promesses d’emplois dans le bassin industriel de Decazeville (Aveyron). Les salarié.e.s de SAM sont aujourd’hui laissés sans perspective par le gouvernement mais aussi par le mouvement ouvrier. Il faudrait aujourd’hui défendre la nationalisation complète, sous contrôle des travailleurs/ses, de Renault et de ses fournisseurs afin de mettre en place une véritable filière publique de production d’automobiles. Avec cette perspective, une grande mobilisation pourrait être organisée par les directions syndicales. Aujourd’hui, elles préfèrent laisser les salarié.e.s de SAM se battre seuls pour obtenir quelques miettes.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/s9k3zRROQzDtbZvYqH6z859hBAU/160x0:1440x720/800x450/regions/2022/01/12/61def06f89b20_sam-a-bercy.jpg

    Le pass vaccinal a été adopté en seconde lecture par l’Assemblée nationale avec le soutien d’une partie des Républicains et du PS (comme en première lecture). Il n’y a quasiment pas de changement par rapport au texte initial. Sauf pour les patrons : l’amende prévue pour une entreprise refusant le télétravail quand il est possible a été abaissée de 1000 à 500 € par salarié concerné. Le gouvernement avait déjà donné des consignes de « souplesse » aux inspecteurs du travail (qui n’ont de toute façon pas les moyens de réellement contrôler les entreprises). Les patrons peuvent tranquillement continuer à faire ce qu’il veulent à l’intérieur de leurs entreprises. Et d’alleurs, ils ne s’en privent pas puisque le télétravail n’a quasiment pas augmenté en janvier !

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