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La Tendance CLAIRE ne participera pas au congrès du NPA
La Tendance CLAIRE a décidé de ne pas participer au congrès du NPA.
Au vu de nos forces limitées, nous préférons consacrer notre énergie à l’orientation de toute façon très minoritaire que nous avons décidée : participer, de façon critique mais constructive, aux activités de la France insoumise/Union populaire (mais en nous opposant à l’orientation de la NUPES, cadre d’alliance permanent avec le PS et EELV, qui sont des partis bourgeois), comme nous l’avons fait depuis la campagne de Jean-Luc Mélenchon – tout en continuant à être membres du NPA.
Or notre proposition, présentée au CPN de septembre, que le NPA participe en tant que tel à la FI/UP et qu’on y construise un courant communiste révolutionnaire, n’a suscité aucune discussion avec d’autres courants au sein du parti. Et rien ne permet d’espérer que cela change d’ici au congrès.
De plus, malgré la situation objective de plus en plus compliquée pour notre classe, les autres courants du NPA ne vont en fait pas être motivés avant tout par la discussion sur la situation et l’orientation politiques, dont l’enjeu est d’ores et déjà réduit à la portion congrue : la direction sortante a décidé de donner comme enjeu principal du congrès la lutte contre les fractions, allant jusqu’au chantage à la « séparation » (c’est-à-dire l’exclusion). Il est ainsi proposé au congrès de « suspendre » durant un an l’activité et même la presse publique des fractions. Selon la direction, ce serait la seule solution pour sortir le NPA de sa crise chronique, caractérisée par l’incapacité à « faire parti » ensemble et la paralysie, dont elle accuse les fractions au lieu de s’interroger sur sa propre responsabilité. Autrement dit, alors qu’il faudrait résoudre la crise politiquement par des discussions de fond se déployant dans un cadre démocratique et sain, la direction décide d’entraver les débats et donc d’empêcher de vraies solutions. C’est avec cette même méthode qu’elle avait réussi à précipiter le départ du CCR au printemps 2021. Nous défendons bien sûr les droits des fractions, mais refusons de participer à un congrès dont l’enjeu principal n’est pas l’intervention dans la situation politique, mais la crise d’un NPA autocentré et la polarisation par des menaces de bâillonnement ou d’exclusion. Du reste, des partisan-e-s de la direction ont pris ici ou là les devants en empêchant la réadhésion de camarades de la Tendance CLAIRE, sollicitée pourtant dans les délais impartis (avant le 1er octobre)...
De leur côté, les fractions minoritaires A&R et L’Étincelle se sont unies (avec en outre le soutien du courant Démocratie révolutionnaire) et prétendent vouloir gagner la majorité pour donner au NPA une orientation plus radicale. Mais étant donné les rapports de forces internes, figés par le faible nombre d’adhésions nouvelles, nous ne croyons plus à cette possibilité. Tout au long de l’histoire du NPA, surtout en 2016-2018, ces mêmes courants ont laissé passer les occasions en refusant à chaque fois le combat pour gagner la majorité, que nous leur proposions car cela aurait permis d’ouvrir la discussion pour une refondation révolutionnaire du NPA. Ils ont d’ailleurs déjà eu recours eux aussi (surtout A&R) à des mesures d’isolement et même d’expulsion contre la Tendance CLAIRE, entravant les possibilités d’alliance [1]. Mais surtout, nous ne partageons pas leur orientation essentiellement parasyndicale : ces fractions prônent certes l’intervention dans la classe ouvrière, « les luttes » et leur « convergence », mais combinent le renoncement à mettre en avant le programme du communisme révolutionnaire et le refus du combat pour le front uni des organisations. Et elles sont a fortiori en désaccord total avec notre proposition de participer à la FI/UP et d’y constituer un courant communiste révolutionnaire. Tant que leur horizon restera borné au NPA, il ne leur sera à notre avis pas possible d’avancer réellement.
Quant à la direction de la soi-disant ARC, qui prétend vouloir imiter le combat que la Tendance CLAIRE a mené pendant des années pour la refondation révolutionnaire du NPA, elle ne le fait qu’en montrant sa patte si blanche à la direction : elle refuse de s’opposer à son orientation (elle n’a par exemple pas voté contre sa résolution au CPN de septembre) et elle va jusqu’au cautionner le projet de resserrer les rangs du parti en prônant elle aussi la subordination des fractions à un « centralisme démocratique » qui n’a pourtant jamais existé au NPA, faute d’homogénéité politique. Au nom de la recherche typiquement centriste d’un prétendu « équilibre » des responsabilités, elle jure certes vouloir refuser les mesures d’exclusion qui se profilent (on aurait aimé qu’elle eût de tels scrupules quand il s’est agi d’exclure bureaucratiquement de ses propres rangs la plupart des camarades issu-e-s de la Tendance CLAIRE), mais n’a en réalité rien d’autre à proposer que des concessions à la direction sortante, en espérant qu’en retour celle-ci mette de l’eau dans son vin dans son rapport aux fractions... Envisagée concrètement, la refondation révolutionnaire que l’actuelle ARC met en avant n’a plus le sens d’une opposition politique à la direction sortante dans la perspective de construire une majorité alternative, mais d’un appel impuissant à sa bonne volonté.
En un mot, nous avons mieux à faire que de participer à ce congrès autocentré et crépusculaire. Tant que le projet même du « parti large » n’aura pas été abandonné au profit de celui d’une véritable organisation communiste révolutionnaire, le NPA ne sera rien d’autre qu’un tout petit parti centriste et, entre deux présidentielles, il ne pourra que vivoter en se déchirant.
Pour notre part, nous préférons consacrer notre énergie à porter le projet et le programme d’un véritable regroupement communiste révolutionnaire, non seulement dans le NPA (s’il ne se suicide pas politiquement lors de ce congrès), mais aussi, bien plus largement, auprès des militant-e-s qui, porté-e-s par l’enthousiasme de la campagne Mélenchon, construisent la FI/UP. Et nous proposons que celle-ci lance enfin le processus constituant d’un nouveau parti, pluraliste et démocratique, où les communistes révolutionnaires pourront défendre leurs idées à égalité avec les autres courants, tant pour l’orientation des luttes actuelles que pour le projet politique plus général qu’il s’agit de porter à une échelle de masse.
Notes
[1] De l’expulsion des représentant-e-s TC du premier regroupement des gauches du NPA en juin 2010 jusqu’à l’expulsion de camarades TC de l’AG francilienne de la « Section française de la Quatrième International » (ex-Secrétariat Unifié) qui devait élire les délégué-e-s pour le congrès de cette organisation en 2018, etc.