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    Elections générales au Royaume-Uni - Theresa May perd sa majorité absolue : elle doit dégager !

    Par Gaston Lefranc (11 juin 2017)
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    La plupart des sondages prédisaient une large victoire des conservateurs, malgré une forte remontée des travaillistes ces dernières semaines. Mais le résultat des élections vient infliger une défaite surprise à Theresa May, première ministre anglaise. Quand elle a convoqué des élections anticipées il y a moins deux mois, les sondages donnaient plus de 20 points d’avance aux conservateurs, et un raz-de-marée au parlement. May était si sure d’élargir sa courte majorité absolue (330 sièges sur 650) qu’elle s’était engagée à partir si elle perdait le moindre siège.

    Comme nous l’expliquions il y a quelques jours (http://tendanceclaire.org/article.php?id=1213), la publication du manifeste du parti travailliste a changé la donne : en promettant de rompre avec le social-libéralisme de Blair, de redistribuer les richesses, de nationaliser quelques entreprises, de développer les services publics, et d’en finir avec les guerres extérieures « agressives », Corbyn a suscité de l’espoir, et même un véritable engouement, notamment chez les jeunes. Tous les éditocrates prédisaient (ou plutôt espéraient) une défaite cuisante pour le Labour, car Corbyn était censé effrayer le bon peuple par son programme « crypto-marxiste ». Mais la propagande haineuse des principaux médias de la bourgeoisie n’a pas réussi à tuer dans l’œuf la dynamique autour de Corbyn. La participation est la plus importante depuis 2001 : les jeunes notamment se sont massivement déplacés pour voter Labour. Alors que la droite du parti travailliste a saboté la campagne, le Labour  obtient 40%, son meilleur score depuis 2001 : Corbyn fait donc mieux que Blair en 2005 (35,2%), Brown en 2010 (29%), et Miliband en 2015 (30,5%). Il parvient à faire perdre à May sa majorité absolue. Les conservateurs profitent de la déconvenue des nationalistes écossais pour limiter la casse, en gagnant 12 sièges en Ecosse.

    Le UKIP (parti anti-Union européenne) s’effondre. Mais cela n’exprime pas un soudain regain d’amour pour l’Union européenne. En effet, les libéraux démocrates, parti pro-UE, réalise un piètre score (7,4%), bien loin de ses scores de 2010 (23%) et 2005 (22%). La question du Brexit n’a pas été centrale lors de ces élections. Heureusement pour Corbyn d’ailleurs, car sa position contre le Brexit avait heurté de front l’électorat le plus populaire du Labour. Outre les questions de sécurité (la campagne a été marquée par deux attaques terroristes), ce sont les questions sociales qui ont été centrale, polarisant l’électorat entre les deux grands partis

    Theresa May n’a pas eu la décence de respecter son engagement, c’est-à-dire de démissionner. Il faut dire que la bourgeoisie n’a pas de solution de rechange idéale. Les milieux d’affaire ont accueilli le résultat des élections avec fébrilité. La livre sterling s’est dépréciée de 2% par rapport au dollar à l’annonce des résultats. Avec l’aide des 10 députés du DUP (parti unioniste d’Irlande du Nord, qui représente une droite dure, raciste, homophobe et anti-avortement), May a annoncé son intention de former une coalition tout juste majoritaire au parlement (328 députés sur 650). May est donc prête à s’allier à la droite extrême pour tenter de se maintenir au pouvoir à tout prix. May est donc considérablement fragilisée, et des cadres de son parti ont exigé sa démission ; à défaut, ils ont obtenu le départ de ses deux directeurs de cabinet. Le quotidien populaire pro-conservateur « The Sun » a titré : « Elle est cuite », estimant que May ne pourra tenir au plus que quelques mois.

    Corbyn a appelé à la démission de May. C’est très juste. Sur fond de crise politique, c’est désormais le moment de développer une vaste mobilisation populaire pour la démission de May, et pour l’arrêt de toutes les attaques anti-sociales. Samedi 10 juin, des centaines de personnes se sont réunies à Londres devant le parlement à l’appel de fronts rassemblant la gauche du Labour et l’extrême gauche (Stand Up To Racism (SUTR), People's Assembly, the Stop the War Coalition). D’autres rassemblements ont eu lieu, notamment à Brighton, Cardiff, Birmingham, Bristol and Portsmouth.

    Ces attaques ne pourront cesser que si la classe travailleuse dégage les capitalistes, qu’ils soient conservateurs ou non. Les communistes révolutionnaires doivent donc continuer à défendre cette perspective dans le mouvement, qui nécessitera d’aller plus loin dans la rupture que ce que veut Corbyn.

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