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440 historiennes françaises dénoncent "la domination masculine" dans leur discipline
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
SEXISME - En devenant la troisième scientifique à être récompensée du prix Nobel de physique, Donna Strickland a soulevé le problème du manque de représentativité des femmes dans le secteur des sciences. Mais comme en témoigne une tribune, publiée dans Le Monde, ce jeudi 4 octobre, la communauté historienne semble, elle aussi, pâtir de cette situation.
C'est la raison pour laquelle 440 chercheuses françaises de cette discipline ont signé le texte en question, à l'approche des Rendez-vous de l'histoire de Blois, une manifestation annuelle organisée entre le 10 et 14 octobre pour donner de la visibilité à la production et à la recherche historiques. Malgré quelques avancées, elles dénoncent une "domination masculine" lors de cet événement.
"Dans les sciences humaines, les femmes représentent près de la moitié du corps des maîtres de conférences mais ne sont plus que 29 % dans le rang professoral et 25,5 % au sein des directions de recherche au CNRS", explique le collectif. Outre les différences de salaire, ce dernier alerte aussi sur la mainmise des hommes dans les directions de publication, de revues ou de collections.
Moins médiatisées, les femmes ont aussi, d'après le collectif de signataires, moins le temps de publier. En cause, un temps de répartition inégal des tâches domestiques au sein des ménages. Un argument qu'elles imputent, de façon plus générale, à la société actuelle. "Même si nous connaissons des collègues masculins à la pointe de la parité domestique, notre société fait encore largement porter la responsabilité du soin de la cellule familiale – des enfants, mais aussi des parents âgés – aux femmes", estime les historiennes.
Un plan d'action élaboré
Fortes de ce constat, les 440 historiennes proposent ainsi un plan d'action pour venir à bout de cette réalité. Elles demandent à leurs collègues masculins et aux instituions de tutelle de s'engager à défendre la représentation égalitaire des femmes dans les comités de recrutement, mais aussi à modifier les critères d'évaluation. Au lieu de juger de la quantité des productions, elles demandent à être évaluées sur la qualité de leurs travaux de recherche.
Qui plus est, les scientifiques réclament une prise en compte des contraintes spécifiques liées aux carrières féminines, en poussant les Universités à leur octroyer des congés pour qu'elles puissent se consacrer entièrement à la rédaction de leurs travaux à certains moments clés de leur carrière, comme lors d'une résidence académique
Ce plan stratégique, qui vise aussi à lutter contre l'absence de visibilité des historiennes et à encourager les jeunes femmes qui entrent dans cette carrière, appelle le secteur à plus de solidarité. "Nous voulons que l'histoire devienne davantage l'affaire de toutes et de tous, et que les nouvelles générations puissent partager et échanger, [...], au-delà de la différence des sexes, un récit du passé plus dense car nourri d'expériences plus riches", conclut la tribune.