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Décès de Hans Modrow, dernier chef de gouvernement "communiste" de la RDA

histoire RDA

Lien publiée le 18 février 2023

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Hans Modrow, dernier chef communiste de RDA | L'Humanité (humanite.fr)

Mort à 95 ans, il est entré dans l’histoire au lendemain de la chute du mur, comme premier ministre éphémère, porteur d’espoir d’une société civile en ébullition.

Le président du Conseil des ministres après son élection, le 13 novembre 1989.  © Witt SIPA

Hans Modrow, le dernier dirigeant de l’ex-RDA, membre du Parti socialiste unifié (SED) qui a dirigé jusqu’au début 1990 l’Allemagne orientale, est décédé le 11 février à Berlin à l’âge de 95 ans. Son sang-froid et son esprit de responsabilité ont fait de lui l’un des personnages majeurs de la période très tendue qui a suivi la chute du mur de Berlin, début novembre 1989.

Au sein d’une direction du parti-État dont les principales figures avaient fui, tourné casaque ou étaient largement discréditées, il est apparu comme le seul homme de confiance possible, voire la seule personnalité porteuse d’espoir aux yeux de ces millions de manifestants qui avaient pris possession de la rue depuis des mois, hurlant « Nous sommes un peuple » à l’adresse d’un pouvoir qui prétendait agir en leur nom mais ne tenait jamais compte de leurs avis, ni de l’expression de leurs besoins.

Dans sa ville de Dresde, Modrow avait su engager un dialogue avec les militants des associations et des mouvements civils, qui se battaient pour des changements démocratiques radicaux, comme le Nouveau Forum ou Démocratie maintenant.

Le militant communiste qu’il fut toute sa vie avait bien repéré les terribles contradictions entre les besoins, floués, d’intervention des citoyens et ceux d’un pays qui se coupait les ailes de son développement, nourrissant une stagnation devenue irrémédiable chez lui, comme dans les autres États dits du bloc socialiste. Ce sont l’ouverture à l’égard de la société civile en ébullition et les réformes qu’il avait commencé à promouvoir à Dresde qui ont valu à Modrow d’apparaître à l’instant T, en décembre 1989, comme le seul recours jouable pour une nouvelle RDA.

Un climat de confiance avec les populations désireuses de changement avait pu d’autant mieux s’établir que, de leur côté, tous les chefs de file du mouvement citoyen réclamaient alors une transformation profonde de la RDA et surtout pas son éradication. Car tous demeuraient profondément attachés à certains des principes constitutionnels du pays, comme la lutte pour la paix, l’épanouissement de tous par l’éducation et la formation, ou encore l’égalité, en particulier des femmes grâce à l’existence d’un réseau de crèches et d’infrastructures très développées.

Hans Modrow put ainsi devenir le premier ministre d’une RDA de l’après-chute du mur, brièvement convaincue qu’elle pourrait se transformer sans jeter le socialisme avec l’eau du bain de sa révolution. Mais son surpuissant voisin, avec à sa tête le chancelier Helmut Kohl, n’entendait surtout pas laisser libre cours à une pareille transformation. Le rouleau compresseur du Deutsche Mark, devenu monnaie unique allemande, et des lois du marché concomitantes ont vite ébranlé l’édifice fragile d’une nouvelle RDA. Dans les rues le slogan « Nous sommes le peuple » est devenu « Nous sommes un peuple » et, aux élections de mars 1990, le SED/PDS, n’obtenait plus que 16 % des voix.

La droite chrétienne-démocrate triomphait (44 %) et… envoyait Lothar de Maizière au poste de premier ministre. Lequel devait se contenter d’accompagner la RDA vers la pseudo-réunification du 3 octobre 1990. En fait une annexion pure et simple de l’Est par l’Ouest ou une « Kohlonisation », comme le diront longtemps avec autant d’humour que d’amertume nombre de citoyens de l’ex-RDA.

Hans Modrow fut ainsi le dirigeant éphémère d’une transition démocratique et non violente, l’incarnation d’un formidable espoir de changement mort-né. Devenu président d’honneur de Die Linke, il n’en a pas moins gardé son quant-à-soi et sa liberté critique communiste. Ce qui lui valut des rapports parfois compliqués avec les dirigeants de son parti.

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L'ancien premier ministre communiste de l'Allemagne de l'Est s'est éteint à l'âge de 95 ans.

Hans Modrow, premier ministre communiste réformateur est-allemand après la chute du Mur de Berlin, est décédé samedi à l'âge de 95 ans, a annoncé le parti Die Linke. Né le 27 janvier 1928 à Jasenitz en Poméranie (dans l'actuelle Pologne), Hans Modrow est décédé dans la nuit du vendredi 10 février au samedi 11, a indiqué à l'AFP un porte-parole du parti allemand de gauche radicale, Die Linke.

Sans jamais rompre avec l'idéologie communiste, Hans Modrow restera dans l'histoire de l'ex-RDA comme une figure réformatrice, inspirée du dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev. Incorporé au Volksturm, des milices civiles chargées de défendre le IIIe Reich à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Hans Modrow avait été envoyé à la fin du conflit en captivité en URSS jusqu'en 1949.

«Gorbatchev allemand»

Il adhère alors à l'idéologie communiste et revient après sa libération en RDA où il grimpe peu à peu les échelons de l'appareil politique est-allemand. Membre à partir des années 60 du comité central du Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED), la principale formation autorisée en RDA, il y devient dans les années 80 une figure réformatrice. Il est même surnommé dans les années 80 le «Gorbatchev allemand» en raison de sa proximité avec le dirigeant soviétique qui prône alors la Perestroïka. Hans Modrow arrive à la tête d'un gouvernement de transition est-allemand le 13 novembre 1989, quatre jours après la chute du Mur de Berlin.

Ministre-président de la République démocratique allemande, il s'efforce de gérer à ce poste les premiers pas vers l'unification allemande d'une RDA en pleine décomposition. Hans Modrow tente notamment d'ouvrir un dialogue avec l'opposition démocratique pour préserver la RDA. En février 1990, il fait ainsi entrer au gouvernement des représentants de nouveaux groupes d'opposition en tant que ministres sans portefeuille.

Après les élections du 18 mars 1990, le premier scrutin libre organisé en RDA, il cède sa place à Lothar de Maizière, membre du parti chrétien-démocrate (CDU) de la RDA. Hans Modrow a été condamné en 1994 à une peine de dix mois de prison avec sursis pour faux témoignage devant une commission d'enquête sur les abus de pouvoir dans l'ex-RDA. Il a été entre 1999 et 2004 député européen du Parti du socialisme démocratique (PDS), la formation qui a succédé au SED.