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Sur la journée de mobilisation du 5 février à Dijon, entre espoir brisé et frustration.

Par Major Tom (11 février 2019)
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7H30 début de la journée. Le point de rendez-vous avait été fixé la veille devant le lycée Hyppollite Fontaine afin de le bloquer car une belle mobilisation des jeunes est toujours un bon moyen d’animer et de massifier une manifestation et parce qu’il ne faut surtout pas laisser les générations futures en dehors des mouvements politiques et sociaux ; ils font partie de celles et ceux à qu’il faut s’adresser aujourd’hui, car ils subissent de plein fouet la politique de Macron et car c’est eux qui mèneront les luttes de demain si nous ne gagnons pas aujourd’hui. Bien sur il ne faut pas perde de vue que pour massifier le mouvement c’est au prolétaires qu’il faut s’adresser en dénonçant les conditions misérables d’existence, de travail ou d’accès à la formation que le système maintient mais en tant que jeunes nous avons fait le choix pragmatique nous adresser à ceux qui nous entoure directement, c’est à dire les autres jeunes.

Tous les camarades arrivent donc à l’heure. Le groupe se sépare alors en deux, d’un côté ceux qui tractent pour rameuter du monde et commencer à faire corps devant les grilles et de l’autre ceux qui, aidés par des élèves déjà au courant, se mettent à amasser du mobiliers urbain en tout genre pour barricader l’accès à l’entrée. Rapidement des dizaines de poubelles et de panneaux s’entassent mais un petit accès est maintenu par toute l’équipe pédagogique du lycée ce qui permet à la grande majorité des élèves de rentrer bien sagement, même après avoir reçus le tract qui les invitait à sortir de leur torpeur de « bon petits » bien disciplinés.Les mots ont leur force mais aussi leurs limites. Néanmoins nous avons conscience qu’un simple tracte ne peut avoir d’effet magique, il nous faudra revenir encore et encore et tracter à nouveau, dans l’espoir de toujours convaincre plus de gens. La construction ne se fait pas en une fois, c’est un fait. Mais rappelons que en décembre de belles manifestations lycéennes avaient eu lieu à Dijon or celles ci avaient été très violemment, comme partout en France, réprimées : gazages, matraquages, flash ball et arrestations avaient été de la partie. Il est clair que les esprits ont été marqués par cette violence et que cela a put avoir un effet dissuasif sur certain aujourd’hui, il faudra donc à l’avenir informer sur les violences policière et sur la nécessité de lutter contres elles afin d’encourager les plus hésitants à ne pas baisser les bras au contraire.

Une centaine d’étudiant reste tout de même avec nous, des petits groupes se créent et commencent à discuter entre eux tandis que de belles banderoles et pancartes fleurissent sur la barricade ; chacun peut ainsi lire en lettres rouges «  prolétaire du monde entier, unissez-vous, contre le capital, grève générale ! »

9H, il fait froid, il faut s’occuper, un feu dans 2 poubelles est lancé. Ça prend vite et bien, si bien qu’à 9h15 deux voitures de flics arrivent, se posent autour nous et appellent les pompiers. Ceux ci débarquent aussitôt et prennent soins d’éteindre les flammes mais aussi de bien tremper toutes les autres poubelles à coté afin d’éviter tout nouveau départ d’incendie « criminel ». (notons que les poubelles enflammées avaient été mises a l’écart par les lycéens pour éviter tout risque de propagation.)

Les cœurs se refroidissent alors et petit à petit le blocus s’étiole au fil des sonneries qui retentissent pour regagner les salles de cours. Il ne reste plus que nous, transis de froid nous repartons, remplacés par le bruit des ouvriers municipaux qui s’affairent pour tout nettoyer et ainsi faire place nette, comme si rien ne s’était passé.

10H, résultat des courses France3 a fait de belles photos de cette scène de « saccage » et nous, nous espérons que les tracts en auront motivé certains à venir au rdv syndical de l’aprem ou à la prochaine manif, samedi.

Entre temps nous avons eu vent d’une action à la fac, nous y allons. Loin de trouver un blocage massif du campus nous débarquons dans le hall principal et tombons sur les 10 anars bien connus de tous qui tentent tant bien que mal de tenir leur stand face aux vigiles de l’université qui arrachent les deux banderoles qu’ils avaient accrochées. Les camarades avaient installé un stand et y proposaient des lectures de leur propre production d’une grande qualité notamment sur l’état lamentable du système éducatif français qui fait tout pour d’avantage former des travailleurs, c’est-à-dire des esprits conformés et récompensés par un « passeport à l’emploi » plus que des esprits libres, ouverts et critiques, capables de penser par eux même et non en terme de rentabilité.

Nous restons jusqu’à midi, nous tractons, discutons, tentons de faire passer le message pour la manif de l’aprem, nous marquons une présence ; en soit c’est déjà ça, mais 90 % des gens sont bien plus préoccupés par leur sandwich de 11h que par de la lecture politique il faut le préciser et l’admettre. Il faudra donc revenir et ne pas baiser les bras car le chemin sera long mais il est indéniable qu’à chaque visites nous toucherons des gens et à force nous massifierons.

14h30, nous arrivons avec les copains place Wilson, on revêt le gilet, on sort les drapeaux rouges car bien sûr le jaune ne saurait remplacer la plus belle des couleurs.

Les gens convergent, petit à petit, en gilet jaune, rouge, rose ou vert, toutes et tous s’unissent sur la place, mues par la même idée : l’union fait la force, ensemble nous gagnerons et porterons nos revendications communes à leur réalisation.

15H, le cortège se met en route, la sono de la CGT en tête. Le soleil est là, le train train syndicale s’impose : loin des cadences soutenues des manif GJ, on se met au rythme de la banderole, tous à l’unisson, opération escargot.

Le cortège est dense et assez massif, d’aucuns dirons 2000, moi je table d’avantage sur plus de 3000 ce qui est une belle réussite, c’est indéniable. De plus, pas mal de jeunes étaient finalement venus, entre fac et lycée peut être une bonne 300taine. Ces derniers, un peu blasés par la lenteur des aînés, décident de prendre la tête du cortège et la CGT se retrouve alors à marcher derrière un drapeau CNT et une banderole qui scande fièrement « la répression n’a pas de limites, ni de frontières : tous unis dans le monde entier ».

15h30 arrivé place de la République, ça fait 20min qu’on marche, la CGT veut continuer jusqu’à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), siège du patronat, des GJ veulent quant à eux déjà scissionner. Pour le moment nous, nous prônons l’union et faisons des pieds et des mains pour ne pas diviser le cortège. Nous y parvenons, nous repartons, tous ensemble.

15H50, nous arrivons devant la CCI, c’est déjà la fin de la manif. 50 min de marche et c’est terminé, merci merci. Trois discours sont lus, l’un part la responsable Cgt qui appelle à l’union entre GJ et syndicats et qui dresse un tableau de la situation de merde dans laquelle nous sommes tant sur le plans économique que politique ; un autre par le délégué de Solidaires qui pointe à juste titre que le mouvement GJ est super et a bien cerné les soucis politiques du pays mais qu’il ne fallait pas oublier d’orienter la lutte contre le grand patronat qui reste l’ennemi premier du peuple car le gouvernement au fond ne fait que bosser pour lui, on le sait bien ; et un troisième fait par quelques GJ qui lui aussi appelait à la lutte coordonnés des syndicats et des gilets qui, au fond, se battent pour les mêmes choses. Des applaudissements pour chacun.

L’idée de poursuivre le dialogue à la Bourse du Travail émerge alors dans le cortège qui de se fait se remet en route bon an mal an. On y croit, ça y est, enfin une AG massive à Dijon, dans une vraie salle, youpi !

Que nenni ! 16H15 c’est en fait le début d’une belle suite de merdes en tout genre.

Déjà, la distance entre la CCI et la Bourse du Travail, lieu de l’AG éventuelle, est bien trop grande. De ce fait la majorité du cortège s’étiole sur le chemin. Deuxièmement, en route nous passons devant la pref, là bien sûr les plus chauds veulent y aller. Pourquoi pas, après tout il y a moins de flics que d’habitude (lors des Actes du samedi), c’est peut être l’occasion de la prendre enfin mais c’est faire le choix de ruiner toute les chances de l’ag… le cortège se divise à nouveau : ceux qui partent tout à fait, ceux qui vont à la pref et ceux qui vont à la Bourse du Travail, nous faisons partie de ce groupe (la pref était défendue tout de même par trois fourgons et personne dans le groupe qui voulait y aller n’était équipé pour un affrontement.)

La route est longue, arrivés à destination on est plus que 20, le moral en prend un sacré coup : constater qu’on a marché 50 min comme des idiots derrière la banderole cgt, qu’on a refait tout le chemin inverse dans l’espoir de construire quelque chose et qu’en fin de compte on est à peine pour remplir une salle nous démoralise un peu. Mais bon, on reste déterminés et on s’approche de l’entrée. Mais là, nos peines ne font en réalité que commencer.

Le SO de la cgt, des redskin somme toute très sympa, nous disent clairement « vous rentrez pas ». La secrétaire sort et demande ce qui se passe ; celle qui avait fait le discours tout à l’heure appelant à l’union nous dit à présent que, oui, l’union est possible mais pas aujourd’hui car c’était pas prévu comme ça. Vous comprenez il y a un agenda et l’AG est en fait prévue samedi matin à 10h30, alors, allez du balais. Elle nous pousse avec son SO et nous ferme clairement la porte au nez. Des GJ s’emballent, les insultes pleuvent et c’est bien normal, quelle honte de refuser un dialogue social de la sorte : la maison du peuple appartient au peuple, pas au syndicat. Même des militant CGT disent entre eux que c’est du grand n’importe quoi, depuis quand le mouvement social dépend d’un agenda ?! Il n’y a bien que les partenaires sociaux pour penser comme ça.

Nous sommes dépités, énervés. Heureusement le reste des GJ qui avaient voulu aller à la pref est en fait revenus vers nous, nous sommes alors je dirais 200. On bloque la rue, et on se met à gueuler « ouvrez les portes ». La pression est telle que la secrétaire ressort, prend le micro et se justifie ; elle y met un peu de pathos et arrive à plutôt bien s’en sortir. En effet elle affirme que ce n’est pas un manque de volonté de leur part mais qu’elle ne peut pas retenir les employés de la permanence qui ont eu, eux aussi, une longue journée et que ces derniers doivent pouvoir retrouver leur famille qui les attendent. Personne n’est contre cette idée mais tout le monde dit «  ok mais pourquoi vous vous ne restez pas avec nous , pas besoin de toute une équipe pour organiser un débat. » elle répond alors qu’elle sera la samedi et parvient à tasser les choses.

Les gens se calment et le responsable de Solidaires invite ceux qui le veulent à se décaler de trente mètres en direction de leurs locaux à la Maison des Syndicats pour quand même la tenir cette foutue AG. Pas mal de gens se sont entre temps éclipsés, car bon il faut bien le dire, poiroter sans savoir ce qu’on fait dans le froid, c’est jamais très sympa. Quelque personnes suivent donc le gars de Solidaires et je dirais 60 d’entre eux rentrent dans les locaux. Rappelons qu’il y a moins d‘une heure le cortège était constitué de 3000 personnes au moins.

Merci la direction de CGT a clairement bien tout fait pour que rien ne se passe aujourd’hui : certes l’union des syndicat et des GJ est nécessaire mais à Dijon, clairement, dans l’esprit de beaucoup de personnes à la fin de cette journée la division était au contraire à l’ordre du jour. Tout le taf fait dans le sens de la coordination a été réduit à néant en une aprem, du moins pour une partie de celles et ceux qui étaient présents donc en soi peut-être pas trop de monde, bref.

C’est maintenant que ça devient intéressant et qu’on rentre dans le dur.

Parmi les 60 personnes qui restaient, il avaient de tout c’est à dire une vraie représentation de ce qu’est le mouvement GJ : il y avait des jeunes, des vieux, des hommes et des femmes, des travailleurs, des retraités et des sans emplois, des gens de gauche et des gens de droite, on était tous ensemble dans l’idée de dialoguer, de construire. Sauf qu’un petit malin, clairement un élément extérieur isolé et mal intentionné, a eu la bonne idée de briser une vitre et de se barrer fissa ensuite. Et nous, du coup, à peine nous sommes nous assis pour commencer à discuter que nous sommes interrompus par une femme qui entre et hurle : « en bas il y a les flics, on est tous coincés ils commencent à vouloir rentrer ».En effet madame n’avait pas menti : deux camions de CRS étaient en bas. Ainsi 20 robocops, armes à la main, visières rabattues, étaient prêt à charger et envahir les locaux pour se défouler à l’intérieur car clairement n’ayant eu aucun heurt dans l’aprem, ils ne devaient pas avoir eu leur dose de violence quotidienne…

Vent de panique général, certains cherchent à fuir par les toits, d’autres se cachent un peu partout. Nous nous restons lucides et nous disons : attendez, on ne fait rien de mal, on n’est pas rentrés ici par effraction, on a été invités par un responsable Solidaires qui est d’ailleurs à coté de nous là… Donc, les flics ne peuvent strictement rien faire. Et en soit c’est vrai, ils n’avaient rien le droit de faire, mais ils ne l’entendaient dans les faits pas vraiment comme ça.

30min, c’est le temps qu’il a fallut au responsable de Solidaires pour faire partir ces messieurs après que ceux ci aient bien pris le temps de faire inspecter les locaux par 3 des leurs, armes à la main toujours et que les autres aient bien pris le temps de faire peur à tout le monde si bien que tout le monde s’est barré petit à petit et que le responsable de Solidaire s’est, et c’est normal, bien refroidi. Il n’y a donc finalement pas eu d’AG.

Le responsable de Solidaire est resté très pro et a gardé la ligne : « vous n’avez pas à rentrer, on est ici dans nos locaux, ces gens sont nos invitée et c’est comme ça point à la ligne. » Heureusement que c’est quelqu’un qui a de l’aplomb car c’est certain que si les flics avaient eu affaire à quelqu’un avec un peu moins d’assurance les choses auraient dérapé...

Beau bilan, très constructif... au moins ça nous aura éclairé sur l’état de la dérive policière et liberticide de la macronie car c’est un fait, une telle situation était inédite : jamais des flic n’avaient tenté de rentrer comme ça dans la maison des syndicats.

Mais la vraie question est pourquoi étaient ils là ? Et bien tout simplement parce que la direction de la CFDT locale, le « premier syndicat » de France, les avaient appelés pour venir faire le ménage, car vous comprenez il devait y avoir trop de bruit dans leur chapelle syndicale.

Résultat des course on s’en va, on passe par la Place Wilson, là des copains GJ très motivés tiennent une soupe depuis maintenant quelques semaines pour réchauffer les coeurs après la manif du samedi. Dévoués et toujours motivés, ils avaient installé leurs marmites aujourd’hui aussi. Il y a un peu moins de cent personnes, on prend un verre et on s’en va, ça fait 12h qu’on est dehors, il fait froid.

Bilan global : beaucoup de motivation, beau cortège, toujours de l’entrain et des gens bien chauds, mais rien à attendre des directions syndicales clairement, et l’état des libertés est de plus en plus critique : les flics sont bel et bien les maîtres en villes, montrer patte blanche face à eux est devenu obligatoire pour ne pas risquer gros, très gros. Alors on lâche rien, toutes et tous ensembles, au-delà des foutues divisions institutionnelles, luttons contre le gouvernement suppôt du grand patronat :pour la révolution prolétarienne ! Vive la lutte, vive les Gilets, jaunes, rouges ou noirs et continuons la grève ! Non pas au nom d’une étiquette mais au nom d’une idée, celle de mettre à mal le système économique libéral capitaliste !

P.S : le lendemain de la journée du 5 le journal locale Le Bien Public a fait un article concernant le « saccage » de la maison des syndicats par des GJ en affirmant que la porte avait été vandalisée, que cet acte était une agression, une expédition punitive contre la CFDT etc etc. Il est clair que tout ceci n’est pas vrai du tout. Le journaliste aurait dû vérifier ses sources. Mais peut-être voulait-il avec ces calomnies essayer de monter la population et les syndicats contre les GJ ! Nous ne laisserons pas faire !

Crédit photo : Infos Dijon

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