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Bilan du dernier Conseil Politique National (CPN) du NPA (14-15 mai) : reculer encore, renoncer encore ?
La crise de notre parti s’amplifie. Elle survient au moment où la situation sociale devrait pourtant donner à notre organisation la possibilité de se renforcer en attirant des travailleuses, des travailleurs et des jeunes qui ne veulent pas payer la crise du capitalisme et qui souffrent de cette crise au quotidien. De nombreuses luttes, certes dispersées et isolées, démontrent que le conflit de classes s’aiguise ; la tâche prioritaire de notre parti serait de contribuer au mieux de ses forces à leur auto-organisation et à leur coordination. Les processus révolutionnaires en cours dans le monde arabe démontrent l’urgence de défendre la perspective d’une rupture révolutionnaire avec le capitalisme ; toutes les formes de contre-révolution qui entendent les canaliser et les étouffer, par la voie électorale, la répression ou l’intervention impérialiste, exigent la solidarité active d’un parti combatif et déterminé, menant résolument campagne contre « notre » propre impérialisme.
Or, de quoi a-t-il été question au cours des deux jours qu’a durés ce CPN ? D’élections ! Là où il aurait fallu donner la priorité à une analyse serrée de la situation et de la stratégie qu’elle requiert, en termes d’intervention dans la lutte de classes, les membres du CPN se sont consacrés, dans un climat de grande tension et de déchirement, aux élections d’un point de vue électoraliste, c’est-à-dire indépendamment de la question du programme que nous voulons défendre.
Comme à l’habitude, la préparation de ce CPN n’a pas répondu aux conditions élémentaires de démocratie dans le parti. L’ordre du jour et les textes soumis à la discussion ont été envoyés à la dernière minute, privant par là même les militantes et les militants, dans toute l’organisation, de faire leurs ces discussions.
Les positions avant le CPN
Les « refondateurs » du NPA pour un programme « Front de Gauche-compatible » la poursuite des discussions indéfiniment avec les réformistes
La position 3 et une partie de la position 1 (autour de Pierre-François Grond) ont proposé de poursuivre les discussions avec le Front de Gauche et de déclarer dès ce CPN un candidat du NPA, qu’il serait prévu de retirer au cas où les négociations avec le Front de Gauche aboutiraient. Or, les axes défendus (culte de l’unité en soi, refus de caractérisation du FdG, programme allégé, aucune limite aux concessions possibles pour obtenir un accord) préparaient un ralliement au FdG, sur le modèle des candidatures « unitaires » aux régionales. Cependant, derrière ces propositions pour les campagnes présidentielle et législative, il y a un projet de une « refondation » du NPA, visant à adapter notre projet politique – anticapitaliste – pour le rendre compatible avec celui du Front de gauche – antilibéral. Cependant, ce projet, ouvertement défendu au CE précédent, a été mis en retrait par ses partisans lors du CPN pour ne pas effrayer les hésitants.
Les partisans d’un candidat NPA sur un programme anticapitaliste, du Front de Gauche
La P2 et la gauche de la P1 (autour d’Yvan Lemaitre) ont présenté un texte qui visait à donner les bases politiques d’une candidature NPA clairement délimitée de celle du Front de gauche. Les élus P4/Tendance CLAIRE avaient choisi de partir de ce texte pour présenter des amendements, en nombre délibérément limité pour permettre d’ouvrir la discussion en vue de l’améliorer sur des points essentiels : logique transitoire reliant nos mots d’ordre à la question du gouvernement des travailleurs, critique des directions syndicales collaboratrices, prise de position pour une candidature unitaire anticapitaliste clairement délimitée du Front de gauche, avec la conviction que le vrai débat n’est pas « candidature NPA » versus « candidature unitaire », mais alliance avec les vrais anticapitalistes (à commencer par LO) versus alliance avec les réformistes antilibéraux (gestionnaires du système capitaliste).
Les défenseurs d’un candidat NPA sur le programme des « refondateurs »
Enfin, le centre de la P1 (autour de Sandra Demarcq, Christine Poupin) partageait le fond politique de la motion P3/droite de la P1, mais voulait cesser les discussions avec le Front de gauche et décider que la candidature NPA irait quoiqu’il arrive jusqu’au bout : trois jours avant le CPN, ses représentantes écrivaient que « le début de la motion proposée par Pierre-François ne pose pas de problème », mais qu’il fallait « réécrire les 4 derniers paragraphes (...) pour tirer le bilan de la démarche de rassemblement des anticapitalistes, décider que le NPA présente unE candidatE ».
Pour nous, il était urgent de dégager une majorité pour l’arrêt des négociations avec le Front de gauche et l’organisation d’une conférence nationale du parti en juin pour que l’ensemble des militantes et des militants puissent se saisir et discuter de ces questions. Mais il était surtout nécessaire de clarifier nos positions politiques, desquelles découlent notre politique d’alliances.
Pendant le CPN : une majorité sur la base de la confusion
Une majorité pour une candidature NPA, mais sans base programmatique claire
Au CPN lui-même, la P2, la gauche et le centre de la P1 ont voulu lier l’arrêt des discussions avec le FdG, la conférence en juin et une candidature NPA avec l’acceptation de l’orientation politique proposée par le centre de la P1. Leur motion commune ne reprend même pas les principes fondateurs du NPA : rien sur la perspective de la grève générale, l’auto-organisation, le gouvernement des travailleurs. Pire, elle suggère que les partis du FdG seraient « anticapitalistes ». Enfin, elle ne justifie pas politiquement l’arrêt des discussions, donnant ainsi une impression de « sectarisme ». Comment justifier la rupture des discussions avec le Front de gauche sans avancer des raisons de fond ? Comment justifier qu’on proclame d’abord la candidature du NPA et qu’on renvoie à plus tard la question du programme politique ? Cette posture purement « identitaire » sans base politique ne peut qu’approfondir la crise dans laquelle est plongé le parti.
Les élus P4 ont proposé un front unique contre la droite, mais la P2, la gauche et le centre de la P1 ont refusé
Pour assurer une majorité contre le texte de la droite du parti (à un moment où elle restait encore incertaine) et pour que cette majorité soit la plus large possible, les élus P4 ont proposé de dissocier la fin du texte commun P1/P2, en y rappelant l’arrêt des discussions avec le Front de gauche, afin que cela devienne une motion préalable que la P4 aurait voté. Mais les responsables de la P1 et de la P2 ont refusé cette demande de dissociation/motion séparée, empêchant qu’il y ait une motion commune pour battre la droite du parti. En fait, comme le texte de Pierre-François Grond avait été soumis au vote le premier et battu de 20 voix, l’alliance P1/P2, n’ayant pas besoin des voix de la P4 pour être majoritaire, a décidé d’empêcher une motion commune afin de ne pas se « mouiller » avec les vilains petits canards de la P4 ! Pour protester contre cette manœuvre et sachant que le texte de la droite était déjà battu, nous avons décidé de voté contre le texte P1/P2 pour exprimer notre refus d’un accord politique confus, qui est une capitulation de la P2 face à la ligne creuse du centre de la P1 (1).
La P2 renonce à défendre son programme anticapitaliste
Les responsables de la P2 estiment que le CPN a permis d’avancer en général et de les faire progresser en particulier. Il est certain que la « gauche » du NPA pèse désormais d’un poids important. Mais à quel prix ? La P2 a renoncé à mettre en avant l’essentiel de ses positions pour passer cet accord qui évite certes la catastrophe d’une discussion sans fin avec le Front de gauche, mais prive l’organisation de perspectives politiques solides. Par là même, la situation est loin d’être débloquée. Elle ne fait au contraire que se nouer davantage dans une logique de compromis fragiles, forcément éphémères, de tensions et de suspicions réciproques, sans cesse menacés de voler en éclats au moindre désaccord. C’est pourquoi les divergences ont été artificiellement enfouies comme de la poussière sous un tapis. C’est une grave perte pour la discussion politique de fond et le débat démocratique : la direction de la P2 et la gauche de la P1 n’ont à proposer au vote des militantes et des militants qu’un texte privé de l’essentiel de leur propre orientation. Nous les appelons à revoir leur position et à proposer à l’ensemble du parti une contribution dotée d’un véritable contenu politique, en vue de la conférence nationale de juin.
Un troisième texte en vue de la conférence nationale de juin : pour une campagne anticapitaliste et révolutionnaire en direction des travailleurs et de la jeunesse
Les élus de la Tendance CLAIRE ont soumis au vote du CPN le texte Cabral/Lemaitre abandonné par ses auteurs, avec des amendements préparés avant le CPN dans l’espoir qu’il serait possible d’avoir des discussion de fond avec la gauche du parti pour avancer dans la clarification programmatique et stratégique sans tomber dans le sectarisme. Les autres élus de la P4, d’abord en désaccord avec cette démarche d’amendements du texte P2/Gauche de la P1, ont finalement voté pour la version amendée par la Tendance CLAIRE, sous réserve qu’elle soit revue ensuite pour la conférence nationale. Un camarade de la P2 a également voté pour cette version au CPN. Après avoir été rediscuté à la suite du CPN et reçu de nouveaux amendements, la version définitive du texte (cf. PJ) est désormais soumise au vote de la Conférence nationale et portée en commun par l’ensemble de la P4, mais aussi désormais par plusieurs camarades de la P2. Nous appelons toutes et tous les camarades attachés à la construction du NPA et à la clarification de sa ligne dans le sens révolutionnaire à voter et faire voter pour ce troisième texte !
Pour sortir de la crise, il faut un NPA révolutionnaire et fier de l’être
Nous estimons nécessaire de renforcer le parti en revoyant son programme et sa stratégie, en levant les ambiguïtés de départ — ambiguïtés qui ont mené une dirigeante de la droite du parti à déclarer en plein CPN que le projet du NPA était d’être « anticapitaliste » mais pas nécessairement « révolutionnaire ». C’est cette confusion et la velléité politique d’une direction sans boussole qui ont conduit à la profonde crise que traverse parti depuis plus d’un an, en l’empêchant d’avoir une orientation claire. Aujourd’hui, pour être à la hauteur de la situation sociale, au cœur de la crise du capitalisme, pour contrer la montée du Front national qui pose quant à lui la question du pouvoir et se prétend radicalement « anti-système », il est indispensable d’expliquer clairement aux travailleurs et aux jeunes ce que nous voulons : renverser le capitalisme pour le remplacer par une société communiste, sans classe et sans État, et mettre en avant un véritable programme de transition partant des revendications et des luttes immédiates, mais axé sur l’objectif du gouvernement des travailleurs auto-organisés.
Ce n’est pas là être « sectaires », « archaïques » ou « préhistoriques » comme on nous le dit parfois dans les rangs mêmes du NPA. C’est au contraire être éminemment contemporains de l’état de crise du capitalisme, actuels quant à la nécessité d’en finir avec lui, adaptés à la vague historique sans précédent de processus révolutionnaires dans les pays arabes. La mobilisation massive de la jeunesse espagnole dans les rues et sur les places semble montrer que cette vague peut franchir la Méditerranée et donner une impulsion nouvelle aux luttes des travailleurs d’Europe contre les plans d’austérités, les licenciements, le chômage, la vie chère… Il ne s’agit pas de réactiver le mythe du « Grand Soir », mais de contribuer à reconstruire patiemment les conditions subjectives nécessaires au renversement révolutionnaire du capitalisme : habitudes d’auto-organisation et de démocratie ouvrière, programme de transition partant des revendications immédiates pour les relier à la question du pouvoir par un gouvernement des travailleurs. C’est en nous démarquant fermement des organisations réformistes, en assumant pleinement notre programme révolutionnaire, en répondant au plus juste à la question de toutes celles et de tous ceux qui nous demandent « comment faire ? », en faisant un effort systématique d’implantation en profondeur du parti dans les boîtes, les quartiers populaires et la jeunesse, que nous pourrons convaincre les travailleurs, les travailleuses et les jeunes révoltés par ce système de nous rejoindre.
1) Nous regrettons que le camarade Jean-François Cabral (P2), dans son bilan du CPN où il critique le vote de la P4 contre la motion P1/P2 ait omis de donner ces précisions à ses lecteurs, afin qu’ils puissent se faire leur propre opinion en ayant l’ensemble des éléments.
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