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Carnage du Rana Plaza (Bangladesh) : le capital ensanglanté

Par Caster Gemenya (10 juin 2013)
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Le 24 avril 2013, à Dacca, Bangladesh, plus de 1 200 ouvrières et ouvriers sont morts dans l'effondrement de l'immeuble qui abritait l'atelier de confection de vêtements à très bas coût. Il s'agit ni plus ni moins de meurtres : refus d'évacuer malgré les premières alarmes, mépris des règles de sécurité élémentaires, portes fermées ; tous les faits accablent le patronat local. Mais la responsabilité est aussi celle grands groupes capitalistes occidentaux, français notamment, qui ne connaissent pas de limite dans leur exigence de profit. Car au de-là de l'effondrement qui a causé le carnage du Rana Plaza, le contexte social flirte avec l'esclavagisme, sur fond d'extrême pauvreté, de bidonville et de persécution syndicale. Et, à présent, les porte-parole des groupes occidentaux, pour leur défense, osent avec un cynisme incroyable arguer l'ignorance des conditions sociales de leurs fournisseurs… alors même que dans le même temps ils pratiquent le chantage permanent à la délocalisation (1).

Ce drame révèle une nouvelle fois le caractère criminel du système capitaliste. La production du textile repose depuis plus de deux siècles sur une main d’œuvre traitée en moins que rien. Cela fait écho à une scène du roman de Jack London le Talon de Fer, aux États-Unis, au début du XXe siècle... Une jeune bourgeoise s'éveille politiquement en découvrant les crimes de l'exploitation des ouvriers des usines textiles. Après avoir vu la situation d’un ouvrier au bras broyé au travail, et spolié dans sa demande d'indemnisation, elle exprime son écœurement :

« Je ne pourrais plus jamais prendre plaisir à mettre une jolie robe (…) »

Ce à quoi le héros révolutionnaire répond :

« Vous n'en prendrez pas davantage à mettre une robe en toile de sac. Il y a des filatures de jute, vous savez, et il s'y passe exactement la même chose. C'est partout pareil. Notre civilisation tant vantée est fondée dans le sang, imbibée de sang, et ni vous ni moi ni personne ne pouvons échapper à la tâche écarlate » (2)

Bien des décennies plus tard, le capitalisme a continué à changer le visage du monde, mais n’a toujours pas visage humain. On ne voit plus pareilles scènes aux États-Unis, mais toujours à Madagascar, en Inde, ou au Bangladesh. Et ce ne sont pas des « archaïsmes » voués à disparaître grâce au « développement », c’est le rôle qu’attribuent les puissances impérialistes à ces pays. Alors quand l’Union européenne blâme le gouvernement local, il s’agit d’une méprisable hypocrisie !

De fait, nous, travailleurs de ces pays dominants, portons tous des vêtements fabriqués par des quasi-esclaves comme ceux de Dacca. C’est une contradiction amère que le « bon marché » d’ici soit la sueur, le sang et les larmes de là-bas.

Face à cela, les réactions sont diverses. Certains – les plus aisé-e-s – tentent de se blanchir avec des achats labellisés « éthiques », la plupart restent piégés dans une oscillation entre mauvaise conscience et sentiment d’impuissance.

Mais il n’y a pas de fatalité. Dans un monde où la capacité de produire n’a jamais été aussi forte – et mal utilisée – la misère est un crime. Nous devons faire converger les luttes contre les exploiteurs des deux hémisphères, qui sont souvent les mêmes. Travailleurs-ses de tous les pays unissons-nous !


1) Cf. notamment le témoignage contre H&M dans l'article Au Bangladesh, les meurtriers du prêt-à-porter, Monde Diplomatique n°711, p.9

2) Le Talon de Fer, de Jack London, p. 88, collection 10/18. Cet efficace roman de vulgarisation marxiste fut salué en son temps par Léon Trotsky, qui l’a préfacé.

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