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GI Abdallah, révolutionnaire libanais depuis 30 ans en prison en France

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Lien publiée le 22 octobre 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

 PARIS, 22 oct 2014 (AFP) - Le 24 octobre 1984, un Libanais entrait dans un commissariat lyonnais, demandant à être protégé des tueurs du Mossad qu'il pensait sur ses traces. Vendredi cela fera trente ans que Georges Ibrahim Abdallah, condamné à perpétuité, est en prison en France.

      Ce Chrétien de 63 ans, originaire de Koubayat dans le nord du Liban, avait fondé en 1980, d'abord avec quatre frères et cinq cousins, les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupuscule marxiste pro-syrien et anti-israélien qui a revendiqué cinq attentats, dont quatre mortels, en 1981-82 en France. 

      Lors de son procès, à Lyon en 1986, il est jugé coupable de complicité dans l'assassinat de deux diplomates, l'Américain Charles Ray, à Paris, et l'Israélien, Yacov Barsimentov, à Boulogne-Billancourt: l'arme des deux crimes, un pistolet 7.65, lui appartenait. 

      "Je suis un combattant, pas un criminel", a plaidé devant ses juges cet ancien instituteur, fils d'un sous-officier de l'armée libanaise, de rite grec-orthodoxe. "L'itinéraire que j'ai suivi a été commandé par les atteintes aux droits de l'Homme perpétrées contre la Palestine". 

      Sa "libération immédiate" a été l'une des revendications du Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient (CSPPA), qui a revendiqué des attentats ayant fait, en 1985-86, treize morts et 250 blessés en France. 

      Devenu au fil des ans l'un des plus vieux prisonniers en France, actuellement détenu à Lannemezan (Hautes-Pyrénées), il est resté fidèle à ses idéaux de jeunesse, n'a jamais renié ses convictions ni émis le moindre regret. 

      "Georges Ibrahim Abdallah est le plus vieux prisonnier politique d'Europe", assure à l'AFP son avocat, Me Jean-Louis Chalanset. "Il estime qu'il faisait partie de la révolution libanaise, qu'il était en lutte contre Israël et les Etats-Unis, et pour cela il n'est pas question pour lui d'émettre de regret". 

      

      - Refus de trahir sa cause -

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      "En prison, il a toujours refusé de travailler", ajoute son défenseur. "Il lit beaucoup, se tient au courant de la situation politique au Liban et dans la région. J'ai rarement vu quelqu'un qui ait accompli une peine aussi longue et qui soit aussi bien intellectuellement". 

      Éligible depuis plusieurs années à une libération conditionnelle, il a vu ses huit demandes rejetées par la Cour de cassation. Une neuvième a été introduite, la décision du tribunal d'application des peines est attendue le 5 novembre. 

      "Les Américains sont partie civile, s'opposent et s'opposeront toujours à sa libération", assure Me Chalanset. "Pourtant il y a un précédent: en Allemagne, une ancienne de la Fraction armée rouge condamnée pour avoir tué un diplomate américain a été libérée, espérons que la France fera pareil". 

      Au fil des ans, le sort de Georges Ibrahim Abdallah a ému et mobilisé de nombreux militants, proches de l'extrême gauche, qui accusent les gouvernements français successifs d'acharnement, manifestent et réclament sa libération. 

      L'une des figures de son comité de soutien est Alain Pojolat, membre de la direction du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). "Georges Ibrahim Abdallah est un militant de la cause palestinienne, de la libération du Liban, et la France, en particulier les forces politiques de gauche, l'ont abandonné. On peut comparer sa détention à celle de Nelson Mandela", dit-il à l'AFP.

      Selon lui, "les diplomates qui ont été tués n'étaient pas des civils, ce pour quoi il a été accusé de complicité est très différent d'un attentat à bombe qui fait des victimes civiles. Georges Ibrahim Abdallah est un combattant communiste, révolutionnaire libanais, qui a toujours refusé de se trahir et de trahir sa cause". 

      Au Liban, le sort du chef des FARL est devenu "une cause nationale", a assuré Me Chalanset. En visite officielle à Paris en février 2012 le premier ministre libanais, Najib Mikati, avait demandé au gouvernement français la libération de ce compatriote qu'il avait qualifié de "prisonnier politique". Depuis, les autorités de Beyrouth se sont engagées, précise l'avocat, à le prendre en charge et à le ramener au Liban s'il était libéré. 

      Samedi, au lendemain du trentième anniversaire de l'arrestation d'Abdel Kader Saadi (son nom de guerre), son comité de soutien appelle à un "rassemblement national" sous les fenêtres de sa prison à Lannemesan.