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Allemagne: Die Linke s’en prend aux conducteurs de train en grève
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.wsws.org/fr/articles/2014/nov2014/alle-n10.shtml
Le parti La Gauche (Die Linke) a rejoint une offensive menée par l’ensemble des partis et des médias contre les conducteurs de train en grève en Allemagne. Jeudi, le président de Die Linke, Bernd Riexinger s’est déclaré contre la grève. Il a déclaré au journal Rheinische Post, « Les revendications salariales des conducteurs de train sont correctes mais la grève est mauvaise parce qu’elle divise les travailleurs. »
Tom Strohschneider, le rédacteur en chef du journal de Die Linke, Neues Deutschland, a également attaqué les conducteurs de train. Dans un commentaire, il a commencé par critiquer les propos hostiles aux syndicat des conducteurs de train GDL et à son président Claus Weselsky, pour ensuite mêler sa voix au chœur des attaques contre la grève : « C’est vrai : le GDL n’est pas une espèce politique en voie de disparition. Il est tout à fait possible de critiquer sa stratégie et son président. Après tout, il est question de choses qui ne concernent pas seulement les conducteurs de train. »
Les déclarations faites par le président du parti et son quotidien montrent clairement quelle est la position de Die Linke dans ce conflit en train de s’intensifier: non pas du côté des travailleurs mais bien en solidarité avec le gouvernement allemand.
En déclarant que la grève est mauvaise parce qu’elle divise le personnel, Die Linke ressasse le principal argument avancé par la Confédération des syndicats allemands (DGB), le gouvernement allemand et les médias, qui attaquent les conducteurs de train grévistes depuis des semaines. L’accusation de division du personnel signifie soutenir le principe obligeant tous les travailleurs à accepter un contrat unique et que le gouvernement tente actuellement de transformer en loi.
Le principe du contrat unique est directement dirigé contre les intérêts des travailleurs. Il concentre le pouvoir entre les mains du DGB et des syndicats qui lui sont affiliés et qui collaborent étroitement avec la direction des entreprises et avec le gouvernement. Des années durant, le DGB a été la principale agence dont disposait le patronat pour empêcher les grèves et pour saborder efficacement tout conflit de travail. La revendication en faveur d’une convention collective et d’une loi correspondante accorderait au DGB des pouvoirs dictatoriaux dans chaque usine et sur chaque lieu de travail.
Ce processus est déjà bien avancé dans les chemins de fer. Le syndicat allemand du rail EVG, qui est né de la fusion des syndicats Transnet et du principal syndicat de cheminots Gewerkschaft der Eisenbahner Deutschlands (GdED), a collaboré avec la direction de la Deutsche Bahn (la compagnie ferroviaire allemande, DB) pour imposer des attaques massives aux cheminots. Le total des effectifs a été fortement réduit, passant de 350.000 en 2002 à 190.000 en 2012. Le résultat en fut une augmentation massive des heures supplémentaires et des conditions de travail insupportables. L’année dernière, le personnel de la DB a fait près 8 millions d’heures supplémentaires.
Le fait que le GDL qui s’est libéré en 2002 du carcan de la convention collective officielle de la DB ait osé organiser une grève dont l’impact va bien au-delà du symbolique a déclenché de la part de la direction de la DB, de l’EVG, du gouvernement et actuellement de Die Linke, une vague d’hostilité à l’encontre des conducteurs de train. L’objectif d’une nouvelle loi visant à imposer le principe d’une convention collective pour tous les travailleurs est de créer les conditions où toute grève échappant au contrôle du DGB peut être déclarée illégale.
En d’autres termes, Die Linke est opposé au droit fondamental des travailleurs de se défendre contre les réductions de salaires, les suppressions d’emplois et l’augmentation de la charge de travail.
L’hostilité à peine voilée de Die Linke à l’égard des conducteurs de train en grève n’a rien de surprenant. La direction du parti entretient des liens étroits avec l’appareil bureaucratique du DGB. Le dirigeant de Die Linke, Riexinger, fut pendant des décennies fonctionnaire du syndicat Verdi, qui est affilié au DGB. Après le récent soutien qu’il a apporté à la politique de guerre du gouvernement allemand, le parti appuie maintenant les attaques lancées par ce dernier contre le droit de grève.