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Violence lycéenne dans le 93

Lien publiée le 10 novembre 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Un lycée fermé après l’incendie de sa façade vitrée à Saint-Ouen. Un autre désaffecté pour l’après-midi après que les flammes s’y sont plus largement introduites, à Saint-Denis. Et un troisième resté clos pour cause de traumatisme… A ce bilan déjà lourd pour l’éducation nationale, s’ajoutent les plaies de la ville. La multiplication des vols à l’arraché, parfois avec violences, et les restes de quelques vitrines qui ont volé en éclats, montraient lundi 10 novembre en début d’après-midi combien la matinée avait été chaude dans ce petit secteur de la Seine-Saint-Denis. Même le supermarché de Saint-DenisBasilique a payé son tribu, avec un rideau de fer partiellement enfoncé. La station de métro a été fermée une heure durant et le tramway s’est arrêté.

C’est au petit matin que tout a commencé. Quatre lycées de Saint-Denis et deux de sa voisine Saint-Ouen ont vu arriver des amoncellements de poubelles. Des SMS avaient circulé la veille entre lycéens, prévenant que les lycées seraient bloqués en mémoire de Rémi Fraisse, le jeune manifestant mort à Sivens (Tarn), et plus largement contre « les violences policières ». Pourtant, très vite, le blocus « bon esprit » a laissé place à « des jets d’essence et de projectiles, puis à l’incendie des conteneurs », comme le raconte Bruno Bobkiewicz, le proviseur de Paul-Eluard, présent depuis 7 heures à l’entrée de son établissement.

Casseurs ou lycéens

« Les deux points de départ semblent avoir été les lycées Paul-Eluard et Bartholdi », selon l’inspection académique. Une fois les flammes passées de l’autre côté de la grille du lycée Suger, les jeunes semblent s’être déplacés pourrejouer la pièce devant Bartholdi, le lycée professionnel du secteur. Dans le même temps, deux lycées de Saint-Ouen (Blanqui et Cachin) et un autre de Saint-Denis (l’ENNA) connaissaient les mêmes agressions par le feu. « Ça aurait dû être un blocus calme, mais des casseurs se sont mêlés à nous »,regrette une lycéenne de Paul-Eluard.

Sur l’identité des incendiaires les avis divergent. Bruno Bobkiewicz, qui connaît bien les élèves, n’y a pas vu « ses lycéens », quand les forces de police sont un peu moins sûres que tous les meneurs soient extérieurs au monde de l’école.« Les enquêtes diront qui a mis le feu. En tous cas, c’est parti d’un mouvement de lycéens », estime-t-on de source policière. Iannis Roder, qui enseigne l’histoire-géographie dans un collège de Saint-Denis, a interrogé ses anciens élèves, aujourd’hui à Suger ou à Paul-Eluard, et s’est entendu répondre que« les débordements n’étaient pas le fait de casseurs mais bien de lycéens ».

Peu à peu, le groupe est parti de Paul-Eluard pour rejoindre le centre-ville et ycommettre des exactions. C’est sur ce chemin que quelques voitures ont été dégradées. « Il y a eu pour nous un effet de surprise, reconnaît un responsable des forces de l’ordre du département. Nous avons été pris de court par la proportion que ça a pris ce matin et le fait que ça a ainsi dégénéré. » Jeudi 6 et vendredi 7 novembre, quelques mouvements sporadiques avaient eu lieu, sans escalade de la violence. Là, il a fallu deux cents policiers, selon l’AFP, pourramener le calme, et même le renfort d’un hélicoptère ! Ce responsable reconnaît en même temps à mots couverts que ses équipes n’ont pas été « tout à fait aussi proactives que d’ordinaire » pour éviter tout ce qui aurait pu êtreperçu comme une provocation. « Les jeunes l’ont peut-être senti et ont puprofiter de la situation », dit-il.

« Assurer la sécurité des lycéens »

Bruno Bobkiewicz, lui, avait flairé l’embrasement. A 7 heures lundi matin, manteau sur les épaules et oreillettes du portable en place, il était en faction devant son établissement. Des blocus plus modérés, mais déjà des feux de poubelle, avaient été organisés en fin de semaine dernière, dans son lycée comme à Suger. Ce qui a permis au rectorat d’être en mesure d’envoyer à 9 heures lundi matin trois équipes mobiles de sécurité de cinq personnes. L’une d’elle était présente en début d’après-midi à l’entrée des cours, maintenus à Paul-Eluard.

« Notre premier souci est d’assurer la sécurité des lycéens. Je les ai donc gardés dans l’établissement ce matin. Ils m’y semblaient plus en sécurité que dehors », souligne le proviseur. Ordre a même été donné par la sous-préfecture, vu le tour pris par les événements dans le centre-ville, que les élèves du collège de Geyter soient repris par leurs parents le midi et restent à la maison. Sinon, le collège devait les garder.

Depuis une semaine, le mouvement lycéen se cherche. Les manifestations de la fin de la semaine dernière n’ont pas fait le plein. La Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), qui ne se reconnaît pas dans les appels contre les violences policières lancés par l’extrême gauche, veut imposer le thème des expulsions de jeunes lycéens. L’association lycéenne prépare un temps fort pour jeudi à Paris. A quelques stations de métro de Saint-Denis.