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Rouge-bruns : de la confusion à la réaction
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/11/15/rouge-bruns-de-la-confusion-a-la-reaction/
Plus de gens de gauche, de révolutionnaire refuseront l’amalgame et isoleront les faux anti-impérialistes, plus nous mettrons à la fois en cause la politique impérialiste française derrière les Etats-Unis et les fascistes qui prétendent les combattre, plus les conditions d’une véritable lutte des classes existeront… Plus nous dénoncerons ceux qui parlent du « sionisme » pour transformer la juste condamnation de la politique israélienne en antisémitisme qui blanchit tous les autres impérialismes. Comme le disait déjà Politzer à propos du nazisme, pendant que l’on attaque le banquier juif on laisse en paix le capitalisme et l’impérialisme belliciste. Pas le moindre compromis avec ces gens là. (note de Danielle Bleitrach)
Chacun peut observer le flottement qui traverse les partis bourgeois. Ils ne peuvent dissimuler leur soumission au grand capital français ni à l’hégémonie US. Leurs ambitions et leurs querelles entravent leurs actions, et le gouvernement joue le funambule entre les exigences du MEDEF, le mécontentement populaire, les calculs électoraux et ses propres dissensions.
Nous ne sommes pas loin d’une situation où les classes dirigeantes ne peuvent plus diriger comme avant .
Mais dans toute société divisée en classes, les idées dominantes restent celles de la classe dominante, et les idées dominées celles des classes dominées. Les premières s’imposent naturellement à tous ceux qui refusent le rôle dirigeant révolutionnaire de la classe ouvrière.
Certaines classes, comme les artisans, paysans, professions libérales qui vivent encore dans des rapports de production issus des sociétés antérieures sont en conflit avec le mode de production capitaliste, mais leurs statuts comme leurs conceptions du monde n’ont pas d’avenir et ils se tiennent la plupart du temps du côté du manche.
C’est ainsi que les PME écrasées sous la botte du grand capital réclament la baisse des salaires et le dégrèvement de leurs cotisations sociales.
Sans la direction d’un parti marxiste-léniniste, ces couches déclassées et désorientées se raccrochent à tous les gourous modernes, nouveaux Raspoutine, prophètes à la Paco Rabanne et jouant de l’équivoque, qui se proclamaient hier « nouvelle résistance », aujourd’hui « résistants à l’Empire », « Rebelles » ou « résistance authentique » , marchent « vers la révolution » et arborent tous les symboles hostiles à la république bourgeoise, de la faucille et du marteau jusqu’à la fleur de lys.
L’idéologie qui inspire ces charlatans est directement héritée du national-socialisme et se teinte aussi d’antisémitisme, volens nolens , dans une nébuleuse où se fond leur diversité d’opinion car ils sont tous attelés à la même charrue.
Leur fascination collective pour Orwell le déclassé mérite un petit détour : arrière petit-fils d’esclavagiste de la couronne britannique, fils d’un administrateur de la guerre de l’opium, et lui-même sergent dans la police coloniale, George Orwell expie ses origines de classe dans la dèche et la révolution sans jamais adhérer à l’idéologie du prolétariat. Pavé de bonnes intentions, il se retrouve toujours dans le camp d’en face à l’insu de son plein gré, participe aux « troubles de mai » pendant la guerre d’Espagne ; hostile à l’antifascisme du Front Populaire et pacifiste envers Hitler lors du pacte germano soviétique, il dénonce l’URSS mais également Lénine dans « la ferme aux animaux ». Farouche antistalinien et Vice-président du « Freedom Defense Committee », il finit sa carrière en pleine chasse aux sorcières en livrant les noms des communistes, des sympathisants de l’URSS et des progressistes au Foreign Office.
Ce courant de pensée néo fasciste veut s’attirer la sympathie des bourgeois souverainistes, des ouvriers sans parti et désyndicalisés, des jeunes instruits révoltés par le système, des cadres déclassés, des chômeurs, des jeunes désœuvrés des quartiers populaires, des paysans ruinés, des professions libérales condamnées à la disparition ou au salariat, des artisans ou des petits patrons écrasés par les grandes entreprises et les banques.
Ils piochent alors dans les aspirations des uns et des autres, et imitent leurs langages pour les abuser. Mais leurs objectifs sont tout autres.
Continuité historique
Dès sa naissance dans les années 20, le national-socialisme s’est glissé comme un coucou dans le discours révolutionnaire parce que la classe ouvrière tournait ses espoirs vers la Russie de Lénine.
On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Pour la bourgeoisie, pas d’autre moyen alors pour abuser le prolétariat que de déguiser en rouges ses propres propagandistes, criant plus fort que tout le monde leur détestation de la finance cosmopolite, des banquiers cosmopolites, de la ploutocratie cosmopolite …et enjuivée .
L’Union sacrée
En désignant un ennemi de l’étranger, leur finalité est d’associer les exploiteurs et les exploités dans l’Union Sacrée : « réconciliation nationale de la Gauche du Travail et de la Droite des Valeurs» contre la « finance mondialisée », « Bruxelles » , ou une nébuleuse « oligarchie », ou « le capitalisme financier mondialiste, dont l’Europe est le cheval de Troie », bouillie conceptuelle qui prend définitivement le pas sur la réalité des monopoles du CAC 40 et de l’impérialisme français.
L’Union sacrée
La confusion qui ressort de ces concepts ambigus et de ce marxisme abâtardi n’est nullement fortuite mais volontaire, comme l’amalgame entre sionisme et antisémitisme, entre un « Empire » de nulle part et les intérêts unis et concurrents des impérialismes américain et français.
Tandis que toutes les contradictions au sein du peuple sont exacerbées, entre actifs et retraités, travailleurs et chômeurs, français et immigrés, public et privé, salariés des donneurs d’ordre et des sous traitants, contrats pérennes et précaires, etc. en dernier ressort, c’est le capitalisme monopoliste et notamment l’impérialisme français qui sortent absous et blanchis au nom de la défense de la nation.
Les caméléons
Depuis que Marine Le Pen a pris la tête du FN, la presse bourgeoise s’emploie à monter en épingle les disputes familiales et applaudit le nouveau langage civilisé de son parti et les bonnes manières de son éminence grise Florian Philippot (frère du directeur des études politiques de l’IFOP ). Rappelons que ce souverainiste, « horrifié par les privatisations » de Balladur et grand admirateur de De Gaulle, un temps chevènementiste et participant au meeting de Mélenchon en 2005, soutenait les grévistes du rail en juin 2014.
Pour remettre une couche de flou artistique, Chouard questionné sur sa sympathie pour Soral prétendait qu’il aurait tiré à gauche le FN :
«…le FN était ultra libéral à une époque et maintenant il est anti libéral. Je vous ferai remarquer que c’est l’influence de Soral qui était communiste pendant 7 ans, beaucoup plus longtemps qu’au FN,…et c’est son passage au FN qui a tiré le FN à gauche. L’influence de Soral au Front National c’est de l’avoir tiré à gauche. Excusez-moi mais de tirer un parti à gauche, vraiment à gauche avec défense contre le libre-échange, défense contre la monnaie privatisée, et donc demande d’une monnaie publique, protection des services publics, excusez-moi mais amener un parti quel qu’il soit à avoir des positions de gauche, je trouve pas ça dramatique. » [à 5’45’’ de l’enregistrement]
Désaccords de façade
En réalité le désaveu du père par sa fille est de pure forme car le FN n’a jamais changé ni de fonds de commerce ni de stratégie.
Le 28 octobre 2010, Jean-Marie Le Pen déclarait aux étudiants du Centre de formation des journalistes à Paris, dans le cadre des « Rendez vous du CFJ ».
« Dans national-socialisme, il y a socialisme. Il y avait un contenu socialiste considérable qui a transformé la société allemande beaucoup plus qu’aucune autre force politique ne l’avait fait » .
Ce « socialisme » n’abuse que ceux qui veulent bien l’être car sous son double visage Janus est unique.
Abel Mestre signait dans le Monde du 7 novembre : « Quand Marine Le Pen braconne à gauche » , signalant par exemple : « La réappropriation de thèmes forgés dans la gauche alternative est donc au cœur de la stratégie du parti lepéniste. » mais aussi : « Le FN plonge ses racines dans l’extrême droite française et ce parti a toujours combattu les « rouges ».
Tout récemment, interrogé sur la rénovation de l’appartement de Le Paon à Télématin, Philippot justement saisissait l’occasion pour promouvoir un « syndicat indépendant » .
Ce syndicat patronal, que les plus anciens d’entre nous ont connu vers 1968 sous le sigle CFT alias CSL, le sociologue Robert Linhart le décrit ainsi dans son livre ‘L’établi’ :
« Pourtant, la peur c’est encore plus que cela (…). Sans doute est-ce en partie parce que tout le monde sait que l’encadrement officiel de Citroën n’est que la fraction émergée du système de flicage de la boîte. Nous avons parmi nous des mouchards de toutes nationalités, et surtout le syndicat maison, la C.F.T., ramassis de briseurs de grèves et de truqueurs d’élections. Ce syndicat jaune est l’enfant chéri de la direction : y adhérer facilite la promotion des cadres et, souvent, l’agent de secteur contraint des immigrés à prendre leur carte, en les menaçant de licenciement, ou d’être expulsés des foyers Citroën. »
Voilà qui éclaire la véritable continuité familiale du FN et dissipe le double langage du national-socialisme, pseudo résistant contre l’Empire pour collecter des adhésions populaires, mais fondamentalement anti communiste, anti ouvrier et mercenaire du grand capital.
Tout en recrutant dans les catégories les plus populaires, il reflète les intérêts des franges les plus réactionnaires de la société – identiques à celles qui gouvernent aujourd’hui – mais dans les conditions où le mouvement des masses ne permet plus d’exercer la dictature du grand capital dans un état de droit apparent.
« Le fascisme, ce n’est pas une forme du pouvoir d’Etat qui, prétendument, « se place au-dessus des deux classes, du prolétariat et de la bourgeoisie », ainsi que l’affirmait, par exemple, Otto Bauer. Ce n’est pas « la petite bourgeoisie en révolte qui s’est emparée de la machine d’État », comme le déclarait le socialiste anglais Brailsford. Non. Le fascisme, ce n’est pas un pouvoir au-dessus des classes, ni le pouvoir de la petite bourgeoisie ou des éléments déclassés du prolétariat sur le capital financier. Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. Le fascisme en politique extérieure, c’est le chauvinisme sous sa forme la plus grossière, cultivant une haine bestiale contre les autres peuples. » [Giorgi Dimitrov – rapport au 7e congrès de l’IC]
L’histoire a infligé aux peuples une douloureuse leçon payée de millions de victimes, de sacrifices indicibles et de terribles souffrances, sur la véritable nature de classe du fascisme.
Les actionnaires majoritaires des monopoles capitalistes savent parfaitement le parti qu’ils peuvent tirer des ces idéologues, conduisant les enfants du peuple à la mort comme le joueur de flûte d’Hamelin.
Un obstacle sérieux à la reconstitution du parti communiste
Le brouillard idéologique répandu par les idéologues national-socialistes doit nécessairement être dissipé et nous avons besoin d’analyser à la fois les contradictions et l’identité entre eux et les démocrates bourgeois.
Dimitrov [id] disait également : « on ne saurait se faire de l’arrivée du fascisme au pouvoir l’idée simpliste et unie qu’un comité quelconque du capital financier déciderait d’instaurer à telle date la dictature fasciste. En réalité, le fascisme arrive ordinairement au pouvoir dans une lutte réciproque, parfois aiguë avec les vieux partis bourgeois ou une portion déterminée d’entre eux, dans une lutte qui se mène à l’intérieur du camp fasciste et qui en arrive parfois à des collisions armées, comme nous l’avons vu en Allemagne, en Autriche et dans d’autres pays. Tout cela sans affaiblir l’importance du fait, qu’avant l’instauration de la dictature fasciste, les gouvernements bourgeois passent ordinairement par une série d’étapes préparatoires et prennent une série de mesures réactionnaires contribuant à l’avènement direct du fascisme. »
Nous ne parviendrons pas à édifier un nouveau parti communiste si nous entretenons quelques doutes sur ce sujet, et les masses ont elles-aussi besoin de savoir quels intérêts de classe recouvrent les discours et faire la part du feu. L’idéologie révolutionnaire qui préfigure la société future ne tombe pas du ciel, elle se forge justement dans la lutte contre les idées rétrogrades.
Or le libéralisme décomplexé façon bling bling tout comme le réformisme austéritaire font vomir le peuple. Quant aux chimères de Mélenchon, des « frondeurs » et de quelques autres révisionnistes, rêvant d’une « autre politique » , d’une « politique de la demande » , d’une « relance par la consommation » , bref d’un New Deal keynésien revisité à la sauce CNR, elles font un bide. Sur le terrain des idées et dans les masses, le combat est ailleurs.
Certains camarades conçoivent avec raison que les représentants actuels des monopoles sont capables par eux-mêmes d’accentuer la fascisation, que seule la timidité des grèves et des mouvements de masse les retient d’imposer une dictature ouverte, et que le pouvoir de répression entre leurs mains les rend infiniment plus dangereux que les idéologues néofascistes aujourd’hui.
Il n’en reste pas moins que ces derniers sont immédiatement un obstacle à la reconstitution de notre parti communiste. Non seulement ils ne visent pas le renversement du capitalisme mais tout particulièrement la destruction de l’avant-garde révolutionnaire du prolétariat. Néo fascistes ou rouge-bruns, ce ne sont pas des « résistants à l’Empire » mais des agents recruteurs du fascisme.
Nous ne pouvons en aucun cas les considérer comme des amis ou des alliés contre un ennemi commun. Appelons les communistes, les anti-impérialistes et progressistes à les rejeter sans aucune ambigüité, en portant en avant le socialisme et la révolution prolétarienne contre l’Etat bourgeois.
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