[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

Mort de l’écrivaine de polars P.D. James

Lien publiée le 28 novembre 2014

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) La romancière britannique, Phyllis Dorothy James, dite P.D. James, s’est éteinte le 27 novembre 2014 à son domicile londonien, à l’âge de 94 ans. Digne héritière des pionnières que furent Agatha Christie et Margery Allingham, elle est l’auteure de vingt romans policiers qui lui ont acquis le surnom de « la reine du crime ». Son dernier ouvrage, paru en France en 2012, La mort s’invite à Pemberley (Fayard), forme la suite policière d’Orgueil et préjugés, le chef-d’œuvre de son modèle de toujours, Jane Austen. P.D. James parachevait ainsi sa carrière longue de cinquante ans par un hommage à celle qui, aux côtés de Dorothy L. Sayers, Graham Greene ou Evelyn Waugh, a forgé sa vocation d’écrivain.

Humain, donc complexe

Née le 3 août 1920 à Oxford, Phyllis Dorothy James suivit des études brillantes à Cambridge qu’elle interrompit à 16 ans, son père, traditionaliste, estimant qu’une fille n’avait nul besoin de pousser plus avant sa scolarité. Cinq ans plus tard, elle épousait Connor Bantry White, médecin dans la Royal Army. Revenu traumatisé des Indes, celui-ci ne cessa de séjourner en hôpital psychiatrique, avant dedécéder en 1964. Pour subvenir aux besoins de sa famille, notamment ses deux filles, nées en 1942 et 1944, la jeune femme entra dans la fonction publique et se lança, en parallèle, dans l’écriture.

Son premier roman, en 1962, A visage couvert, fut immédiatement accepté par le grand éditeur Faber & Faber. Depuis, le succès critique et public de P.D. James ne s’est jamais démenti, chacun de ses polars s’écoulant en Grande-Bretagne à plus de 300 000 exemplaires. Le plus célèbre, Un certain goût de la mort, obtint une multitude de récompenses dont, en France, le Grand Prix de littérature policière 1988. Aux débutants, la romancière conseillait : « Lisez les meilleurs auteurs anglais et essayez d’apprendre ce que c’est d’être humain. » Humain, donc complexe, torturé, pas un stéréotype qui manquerait d’oxygène dans la vraie vie.

Pacte de lecture fair-play

Ses idées de départ surgissaient toujours d’un lieu (tribunal, école, église, musée). Un roman de PD James est reconnaissable à mille autres. Il possède, en effet, une série de traits distinctifs : structure classique en quatre points (« Mystère central, presque toujours un meurtre ; petit cercle de suspects ; détective, amateur ou professionnel, mais incarnation symbolique d’une justice ; cheminement vers la solution »), construction minutieuse, mûrie et imaginée dans les moindres détails avant l’écriture elle-même, intrigue sans temps morts ni longueurs et intimité rare avec ses personnages, favorisée par un style étudié. « Un romancier, déclarait-elle au Monde en 2009, c’est quelqu’un qui se couche à la même heure que ses personnages et qui mourra le même jour qu’eux. Quelqu’un qui connaît toutes leurs lubies et qui peut même leur dire où ils ont fourré leurs clés de voiture… »

Elle ne jugeait pas les désordres de l’âme humaine mais appliquait une règle de fair-play à son pacte de lecture : donner à découvrir les mêmes indices qu’au détective menant l’enquête. Le sien l’accompagna pendant toute sa carrière. Inspecteur puis commandant à Scotland Yard, Adam Dalgliesh est un veuf marqué par la perte de son fils et de son épouse morte en couches, à la fois poète et policier, sensible et cérébral, provocateur et patient. Il commence à fixerintensément le visage du mort, comme s’il promettait le serment de lui rendrejustice en démasquant son assassin.

La Baronne de Holland Park

Depuis son anoblissement par la reine en 1990, P.D. James portait le titre de baronne de Holland Park, siégeant à la Chambre des lords sur les bancs du Parti conservateur. Elle appartenait aussi à la commission liturgique de l’Eglise anglicane, institution qu’elle étrilla dans Meurtres en soutane (Fayard, 2001), peuplé de prélats pervers et de prêtres pédophiles.

Ses Mémoires ont pris la forme d’un journal intime rédigé entre le 3 août 1997, date de son 77e anniversaire, et le 3 août 1998. Une défense, disait-elle, contre tous les biographes qui se piqueraient d’écrire le récit de sa vie. Le titreIl serait temps d’être sérieuse, est une boutade tant P.D. James a relevé le défi de conciliervélocité du thriller et qualité d’écriture et s’est efforcée toute sa vie d’imposer le polar comme un genre majeur.


Les dates

3 août 1920 
Naissance à Oxford.

1962 
A visage couvert, premier roman.

1988 
Un certain goût de la mort, Grand Prix de littérature policière en France.

27 novembre 2014 
Mort à Londres.