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Le Pape bénit l’UE à Strasbourg, avec le soutien enflammé de Podemos

international

Lien publiée le 30 novembre 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/article-le-pape-benit-l-ue-a-strasbourg-podemos-chante-ses-louanges-les-communistes-et-progressistes-es-125104499.html

Le Pape bénit l'UE à Strasbourg : Podemos chante ses louanges, les communistes (et progressistes) espagnols quittent l’hémicycle

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

Quand le Pape vient à Strasbourg bénir l'Europe du Capital, comment réagit-on quand on est communiste, ou même progressiste ? En Espagne, les populistes de Podemos et les communistes, progressistes réunis dans IU ne sont pas du tout d'accord , cela s'est vu.

Ce mardi, le Pape François 1er est venu apporter un supplément d'âme à cette Europe sans âme. Une Europe bâtie « sur la sacralité de l'humain », la centralité absolue de l' « humain » (son credo) une Europe redécouvrant sa « bonne âme », capable de redevenir « protagoniste ».

« L'humain d'abord dans l'UE » pour le Pape : charité, famille, mariage

Son « humain d'abord », c'est la charité instituée, les bons sentiments face à l'immigration, la critique de la technique, la lutte contre l'avortement, l'apologie de la famille, la défense des faibles. Il y aurait de quoi discuter sur chacun des points

Son discours a été applaudi à gauche, à droite, au centre. A l'extrême-gauche, un parti a été très bruyant dans son soutien au discours du Pape, applaudissant à tout rompre à plusieurs moments, twittant avec frénésie des messages d'admiration. Ce parti, c'est Podemos.

La nouvelle coqueluche espagnole du PGE, de la gauche s'imaginant radicale, jusqu'à un Mélenchon en France, Podemos et son leader Pablo Iglesias, ont chanté les louanges de « Jorge Bergoglio » comme il l'appelle.

Un pape « courageux » dénonçant la finance, utile pour les « gens d'en bas » !

pablo-papa-01Un pape « courageux »« utile pour les gens d'en bas », intéressant « quand il dénonce le scandale de la finance qui confisque la démocratie », voilà ce que Pablo Iglesias a mis en avant dans sa conférence de presse le lendemain, sorte de déclaration d'amour au Pape.

« On peut être en désaccord sur certains points, mais il faut louer le courage de Jorge Bergoglio, capable de dire certaines choses pour lesquelles, nous, on nous taxe de populistes ».

Iglesias va plus loin, il propose un rendez-vous : « Que j'aimerais rencontrer le Pape, au Vatican ou chez moi à Vallecas, où ce serait possible. Nous tomberions d'accord sur beaucoup de choses. Ce serait en tout cas un honneur pour moi »

« Le discours économique du Pape, c'est celui de Podemos » !

Dans son propre camp, le caudillo de Podemos a fait des émules. Le député européen de Podemos, Pablo Echenique, surenchérit : « Le discours économique du Pape, c'est le discours de Podemos : un dix sur dix pour moi ».

D'autres comme la députée européenne Teresa Rodriguez a grincé des dents « sur ce Pape qui appelle assassines les femmes qui avortent », a-t-elle communiqué sur Twitter.

Dans cette attitude, on retrouve toute la vacuité de Podemos.

Personnalisation extrême de dirigeants (du chef) qui décident sans comptes à rendre à la base, vide idéologique comblé par un discours « humaniste », plein de « bons sentiments » dignes du Pape, divisions internes énormes sur les principes et mépris pour des valeurs fondatrices comme la laïcité.

Les communistes, IU, quittent l'hémicycle en protestation

Ce n'est pas du tout l'attitude adoptée par les députés élus sur les listes d'Izquierda Unida (IU) – cette coalition de gauche traversée par d'intenses contradictions, mais néanmoins menée par le Parti communiste d'Espagne – ceux-ci ont condamné la présence du Pape dans le Parlement.

Les six députés élus sur les listes Izquierda Unida ont abandonné l’hémicycle, dès que le Pape a commencé son discours. Leur reproche fondamental est la présence de la religion, affaire privée, dans la sphère publique, la parole donnée au représentant suprême d'une religion.

C'est ce qu'ils ont signifié dans une lettre adressée au président du Parlement européen, le social-démocrate Martin Schulz.

« Le Parlement européen n'est pas le lieu pour des sermons religieux. La religion appartient au cadre privé, elle doit y rester. Les institutions, écoles, espaces publics ne sont pas des lieux pour la foi et les croyances religieuses », a expliquée la députée communiste Marina Albiol

Marina Albiol a rappelé le cas espagnol, l'ampleur de l'ingérence négative de l'Eglise dans les affaires publiques : poids dans l'éducation, subventions publiques et privilèges fiscaux pour l'Eglise ou encore conservatisme moral hypocrite.

Selon la députée communiste : « il reste tout un travail pour avoir une Europe laïque, une Europe où la religion reste dans la sphère privée, et les espaces publics ne seraient occupés que par les citoyens et leurs besoins, non par les promesses et la charité des religions ».

Il y aurait beaucoup de choses à dire, à critiquer sur ces déclarations : l'absence de critique de la duplicité du Pape venu bénir une Europe à l'agonie, le déficit d'une analyse de classe sérieuse, une critique même des fondements de cette Union européenne, le repli sur des positions de laïcité, de tolérance, qui ne suffisent pas pour une organisation révolutionnaire.

Toutefois, entre l'attitude dithyrambique de Podemos envers le Souverain pontife, et la décision courageuse de n'apporter aucune légitimité au père jésuite, choisi par les communistes et Izquierda Unida, il n'y a aucune comparaison.

Le jésuite Bergoglio a liquidé les progressistes en Amérique latine :

ceci n'est pas un humaniste !

Le populisme informe, le possibilisme sans rivages, l'humanisme bien pensant, l'indignation moralisante de Podemos se révèlent dans le péril qu'ils constituent pour la gauche d'alternative, pour le mouvement communiste. Celle d'un enterrement idéologique, d'une impasse politique.

Dans sa perversité, le jésuitisme de Bergoglio réussit bien mieux à exprimer cette indignation larmoyante, humaniste (« l'humain d'abord » répète-t-il) qui canalise vers la bénédiction envers un système imparfait, pécheur, comme toute institution humaine, mais sujet à la rédemption.

On connaît Jorge Bergoglio, son rôle de collaboration bienveillante avec la dictature de Videla, son rôle – de « bon Père » face au « mauvais Père » Ratzinger – dans la liquidation de la progressiste Théologie de Libération en Amérique latine.

Voir en lui un humaniste sincère, c'est se bercer de gravissimes illusions, surtout pour des individus se prétendant d'une gauche alternative.

Que Tsipras, Iglesias comme Bertinotti se convertissent, qu'ils portent la chasuble (car c'est plus l'institution que la religion qui les fascine!), qu'ils laissent les communistes et les progressistes suivent leur propre voie.

Loin du Pape mais près des travailleurs chrétiens ou non, croyants ou non, qui luttent à leurs côtés dans les entreprises, les quartiers, les lieux d'étude.

Que ceux qui prennent Podemos comme modèle en France – dans le sillage d'un PGE qui utilise Podemos pour pousser les communistes à une ultime dilution, IU à rejoindre une force qui va intégrer le système – nous répondent : quel crédit accorder à une organisation prête à apporter sa voix innocente au chœur du cynique, de l'hypocrite Pape argentin ?